Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - 18 mois de prison avec sursis pour avoir trop aimé l'argent

TRIBUNAL DE CHALON - 18 mois de prison avec sursis pour avoir trop aimé l'argent

Marie-Edith, une sexagénaire, originaire de Chagny, s'est retrouvée devant le tribunal correctionnel de Chalon pour quatre infractions.

Poursuivie pour deux délits d'abus de confiance et un délit de contrefaçon ou de falsification de chèques. Les trois commis entre juin 2007 et juin 2009, alors qu'elle dirigeait une résidence pour personnes âgées autonomes dans la Région Parisienne. Elle était également prévenue d'un délit d'abus frauduleux de l'ignorance ou de la faiblesse d'une personne vulnérable accompli en 2010 en Saône-et-Loire.

Tout a commencé en juin 2009, lorsque, à la suite d'une enquête ouverte après la plainte d'une parente d'une résidente, on s'est aperçu que la sexagénaire avait encaissé sur son compte deux chèques, respectivement d'un montant de 6 500 € et de 1 500 €, pourtant rédigés à l'ordre de la société gestionnaire de l'établissement. L'enquête allait rapidement montrer que ce n'était pas la première fois qu'elle agissait ainsi et que la prévenue avait également viré sur son compte deux autres chèques d'un montant de 1 850 € et de 2 600 €. Elle avait aussi gardé pour elle plusieurs chèques et du numéraire, remis par des résidents, le préjudice total dépassant les 20 000 €. Parmi la douzaine de victimes figurait Catherine Allégret-Livi, la fille adoptive d'Yves Montand. « J'avais besoin d'argent. J'ai dérapé. » a expliqué à la barre Marie-Edith, avant de préciser « Je n'ai acheté que du plaisir. » Et la mise en cause d'affirmer « Pour moi, je n'ai pas pris de l'argent aux résidents. Si j'ai lésé quelqu'un, c'est mon employeur ».

Second épisode : Chagny, où la sexagénaire est revenue, après son licenciement en Région Parisienne. En 2010, sa mère, qui vit dans une maison de retraite et qui a des ressources, a commencé à accumuler les impayés, concernant les dépenses courantes, pour un montant de plus de 30 000 €. Durant cette période plusieurs chèques au nom de la vielle dame, alors âgée de 84 ans, et pour une somme globale approchant les 20 000 €, ont été encaissés sur le compte de sa fille. « Mon frère est mort en 2005 et ma mère ne voulait pas que son argent aille aux filles de celui-ci, qui ne venaient jamais la voir » a tenté de justifier Marie-Edith. Et d'ajouter « J'ai manqué de vigilance et je ne me suis rendu compte de rien ». « J'ai vraiment un problème avec l'argent. J'ai été suivie par un psychiatre et par un psychologue » a répété la prévenue, à propos de laquelle on apprend qu'elle a bénéficié d'un non-lieu il y a quelques années dans une affaire similaire à celle de la Région Parisienne.

« Madame a un problème avec l'honnêteté et pas seulement avec l'argent » a estimé Me Didier Pascaud, du barreau de Dijon, intervenant pour l'association gérant la résidence pour personnes âgées autonomes. La plus ancienne société de bienfaisance non confessionnelle de France « et qui a été stigmatisée de façon importante par les agissements de la prévenue ». Conseil d'un couple de résidents, Me Alice Girardot a souligné « Madame a profité de la faiblesse de deux personnes vulnérables. Lui, a la maladie d'Alzheimer. Elle, a plus de 80 ans ». Plaidant au nom de l'UDAF de Saône-et-Loire, qui s'est constitué partie civile pour  la mère de la sexagénaire, Me Laurence Grenier-Guignard a pour sa part dénoncé « la manière malhonnête de présenter les choses » et le cynisme de la mise en cause et a souligné que la vieille dame, qui souffre aujourd'hui de la maladie d'Alzheimer, n'était pas du tout d'accord que sa retraite aille à sa fille et aux enfants de celle-ci.

« La prévenue a abusé de la naïveté de sa mère, qui ne croyait pas qu'elle était capable de tels agissements » a confirmé le procureur Christophe Rode, avant de signaler que « ses relations avec les autres sont tout à fait dévoyés, faussés ». Auparavant le représentant du ministère public avait fait observer « On constate que les délits ont été commis sur plusieurs années. Madame n'a jamais voulu prendre conscience de ces abus de confiance, ce qui démontre une volonté tenace de commettre ces infractions. Elle n'a eu de cesse d'imaginer comment elle allait pouvoir détourner tout cet argent ». Faisant également remarquer qu'elle cherchait à convaincre le Tribunal de sa bonne foi.

Défenseur de Marie-Edith, Me Jean-Louis Croccel a mis en avant « l'honnêteté » de sa cliente, laquelle en garde à vue a tout de suite tout raconté. Après avoir estimé que le dossier avait été « bidouillé » avec l'ajout de l'affaire de Chagny à celle de la Région Parisienne, l'avocat de la défense a demandé au Tribunal de ne faire cas que des faits professionnels. « Jugez Madame avec seulement ce qu'elle vous dit spontanément à la barre. Elle n'a pas le profil d'une délinquante. Ne caricaturez pas sa personnalité » a encore ajouté Me Croccel.
Suivant précisément les réquisitions du parquet, le Tribunal a condamné Marie-Edith à 18 mois de prison avec sursis, assorti d'une mise à l'épreuve de 2 ans, avec obligation d'indemniser les victimes. Elle devra en effet payer 300 € de préjudice moral et 300 € au titre des frais de justice à Catherine Allégret-Livi, 300 € de préjudice moral et 600 € au titre des frais de justice au couple de résidents, 27 489,46 € de dommages-intérêts, 1 000 € de préjudice moral et 600 € de frais de justice à son ancien employeur et enfin 16 000 € tous préjudices confondus et 1 000 € au titre des frais de justice à sa mère, représentée par l'UDAF de Saône-et-Loire.
 

Gabriel-Henri THEULOT