Chalon sur Saône

Pour les lundis de la Bobine, "Jeune" de Christian Zerbib a fait sensation

Pour les lundis de la Bobine, "Jeune" de Christian Zerbib a fait sensation

En présence de son réalisateur (Christian Zerbib) et de certains de ses acteurs, l’Axel, en partenariat avec La Bobine, avait programmé ce lundi 26 mai une soirée consacrée au film Jeune. Un film à propos duquel le maire de Chalon-sur-Saône (Gilles Platret), le préfet de Saône-et-Loire (Fabien Sudry) et le Directeur académique des services de l’Education nationale (François-Marie Perrin), dans la salle, n’ont pas tari d’éloges.

Devant une salle remplie, l’Axel projetait hier Jeune, de Christian Zerbib, réalisateur bien connu des services d’Info-Chalon depuis Nos ancêtres les Gauloises, dans lequel il donnait la parole à dix femmes françaises venues d’ailleurs, pour raconter leur histoire d’amour avec la France. 

Cette fois-ci, ce n’est plus le même public qu’il fait parler. Ce sont des jeunes, hommes et femmes, qui ont tous en commun d’être « déscolarisés », c'est-à-dire, pour faire simple, d’avoir cessé de fréquenter l’école. Bien souvent parce que, ainsi que le dit une enseignante dans le film, « l’école, telle qu’elle est, ne convient pas à tout le monde », étant entendu que « certains peuvent avoir un rythme différents ». Une initiative qu’il faut sans doute saluer et qui a en tout cas le mérite de mettre des visages sur une statistique : celle que l’on croise régulièrement, à savoir qu’il y aurait dans notre pays 150 000 « décrocheurs ». 

En effet, vu à travers le prisme de ce film, le décrochage scolaire n’a plus du tout le même sens. On comprend en tout cas mieux pourquoi, ainsi que le dit Jessie, l’un des touchants protagonistes, qu’être complètement déscolarisé, c’est être « seul ». On comprend aussi mieux la (lourde) responsabilité de ces enseignants qui, « au lieu de nous aider, nous enfoncent », surtout quand ils prophétisent, au lieu de l’accompagner, qu’une élève très dyslexique finira sur le trottoir, ou à « laver le cul des vieux ». On comprend mieux surtout, en quelques mots, à quel point l’institution scolaire peut favoriser le décrochage.

Ceci posé, faire comprendre tout ceci était-il le but du réalisateur ? Lorsque la présidente de La Bobine (Chantal Thevenot) lui demande pourquoi il s’est intéressé à ces jeunes, on devine que oui. « Décrocheur » lui aussi dans sa jeunesse, Christian Zerbib n’a semble-t-il pas oublié qu’il lui avait fallu passer le bac en candidat libre pour faire l’école de cinéma, et réaliser des films. Bref, qu’il lui avait fallu se raccrocher aux branches, et que c’est encore plus difficile aujourd’hui que cela ne l’était hier.

Quoi qu’il en soit, il faut certainement voir Jeune dès la première occasion. Surtout lorsque l’on a soi-même… décroché. En effet, et même si la « thérapie par le film » n’a pas réussi à tous les protagonistes de ce petit bijou, cette collection d’autoportraits de décrocheurs délivre une série de messages méritant méditation. En clair, que « toute expérience digne de ce nom ne se fait jamais qu’à ses propres dépens », comme l’aurait dit le comte de Rochester. Que « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ». Mais aussi qu’à pas même vingt ans on ne peut pas être un raté puisqu’on n’a pas encore fini de vivre. 

Et autant le dire sans détour, rien que pour cette leçon de vie, Info-Chalon a bien fait de se déplacer jusqu’à l’Axel ce lundi 26 mai.

 

S.P.A.B.

Photos S.B