Côte chalonnnaise

Cabaret très prenant, atmosphère à l’avenant, la Compagnie Rasposo n’a pas loupé le coche

Cabaret très prenant, atmosphère à l’avenant, la Compagnie Rasposo n’a pas loupé le coche

Trois Jours durant –vendredi, samedi, dimanche- Moroges, et plus particulièrement son hameau de Cercot, a vu sa population grandement augmenter, ce par la grâce de l’attractive Compagnie Rasposo. Cette poussée spontanée a été enclenchée par le 10ème Cabaret de ladite Cie, soucieuse d’énergétiser tout ce petit monde en lui faisant couper les ponts avec les mièvres composantes de sa pitance journalière.

Les forces intérieures ont plaisamment montré la voie à suivre

Lorsque l’on accepte de s’en remettre au savoir-faire finement ciselé de l’entité Rasposo, c’est que l’on a envie de sentir le vent tourner en toute connaissance de cause, se laisser aimanter par un ordonnancement à l’intérieur duquel coexistent des îlots entièrement acquis à la sauvegarde de l’âme d’enfant et à la propension à s’émerveiller, le cas échéant, d’un rien. Adossés au cirque contemporain et à la théâtralité ad hoc, les artistes ont eu toute latitude pour faire jaillir leur science. De la précision extrême à la force physique en passant par la poésie, l’humour, la franche rigolade, les cajoleries, le suspense haletant…l’ensemble des paramètres qui siéent à ce type de rapprochement avec un public aux premières loges auront rempli leur contrat. Régionaux de l’étape puisque partie intégrante des Rasposo, Marie Molliens (fil de fériste, main à main, directrice artistique), seule à dompter rageusement son fil et avec son complice Konan Larivière, parfois (main à main, danse) ont, aussi bien sur le plancher des vaches que dans les airs, donné le bon tempo pour que, dans un climat fusionnel, le meilleur soit le juge de paix. Le fond musical quant à lui incombait aux expérimentés musiciens que sont le contrebassiste Benoît Keller et le batteur Christian Millanvois, chargés de faire battre le pouls de l’assistance avec l’aisance dont ils sont coutumiers, la plupart du temps façon jazz. Françoise Pierret, elle, chanteuse à la voix expressive et voyageuse à souhait, guitariste de surcroît, ne devait céder aucun pouce de terrain à ses partenaires. Mieux encore : un véritable enchantement pour les oreilles en goguette.

 

Des guests qui avaient du talent à revendre

Dans cette débauche d’efforts et d’effets spéciaux à taille humaine, des invités triés sur le volet, en capacité de brandir la carte de la complémentarité, ont également entrepris de désarçonner les regards appuyés des membres du public. A chacun ensuite d’être ébahi devant la parfaite maîtrise aérienne de la funambule Tatiana Mosio Bongonga crédibilisant son show avec une apparente facilité déconcertante. Le peloton comprenait aussi Justine Bernachon, tirant la quintessence de ses moyens au trapèze et au filet, tandis que Nelson Caillard s’employait de par sa qualité d’équilibriste, à défier les lois de la pesanteur sans sourciller. Dans des registres moins casse-cou, mais tout autant dignes de considération, Robin Auneau faisant tourner en bourrique son hula hoop, Frédéric Blin et ses écarts clownesques, ainsi que le magicien Vincent Mignot perpétuellement enclin à faire prendre des vessies pour des lanternes, amenaient sur un plateau une gerbe de produits multivitaminés. Bilan des courses : un phénomène lumineux au cumul qui restera dans les annales. La tête dans les étoiles, les pieds vissés au sol…

                                                                                                                     Michel Poiriault