Elan Chalon

Eddie Viator... Parrain d'honneur du Pôle de Formation des Officiels de l'Elan Chalon

Eddie Viator... Parrain d'honneur du Pôle de Formation des Officiels de l'Elan Chalon

Interview.

On vous connaît pour être un arbitre professionnel de renom qui enchaine les compétitions internationales. Vous êtes une figure emblématique du basket français de part votre parcours atypique et couronné de succès. Toutefois, vous êtes aussi un homme engagé dans la formation des jeunes officiels. Vous avez accepté de devenir le parrain d’honneur du pôle de formation des officiels de l’Élan Chalon. Ainsi la première question que nous vous poserons est : pourquoi avoir accepté notre requête ? (Quelles ont été vos motivations ?)

Je vais commencer par compléter, j’enchaîne les compétitions Internationales et aussi et surtout sur le plan National. Chacune de mes saisons tourne de 70 à 75 rencontres toutes compétitions confondues. Rythme important et soutenu.

Je suis devenu Professionnel en 2005 et mes missions sont divisées en 2 parties bien distinctes. Je suis missionné par la Fédération pour arbitrer et pour faire de la formation. Je ne suis pas essentiellement arbitre. J’ai la chance d’exercer une profession passionnante avec de nombreuses variantes et mon rôle de formateur me procure autant de satisfaction que sur le terrain avec un sifflet. Quand j’ai été contacté par Jérémy DUBOIS, arbitre CF2, qui est d’ailleurs passé de la Zone Centre vers la Zone Nord (les zones Nord et Est étant sous ma responsabilité) et que son projet m’a été expliqué, je n’ai pas hésité.

Je fais de la formation d’arbitres depuis de nombreuses années. Je me satisfais des résultats en voyant les gens que je forme évoluer (2 en Pro A, 1 en HN3 et un grand nombre en CF).

J’ai beaucoup appris personnellement avec l’arbitrage. Je suis dans le basket depuis l’âge de 9 ans et j’ai toujours été baigné dans ce sport même à la maison puisque mon frère d’un an plus âgé a la même longévité que moi et mon père était un basketteur reconnu à son époque, d’abord aux Antilles (Guadeloupe) puis en France avec la Police de Paris (ASPP) qui évoluait en NM2. L’équivalent de la Pro B d’aujourd’hui.

J’ai toujours eu le goût du partage et aujourd’hui, plus que par le passé, je ressens cette envie de donner aux autres et de les associer à mon parcours.

Selon vous, que doit être la formation des officiels aujourd’hui ?

Elle doit être liée au terrain. Les arbitres doivent apprendre au contact de la balle orange, des joueurs, des coachs et de leurs collègues.

Selon vous, quelles sont les pistes de travail à développer pour une meilleure formation des officiels ?

L’arbitre développera ses connaissances, sa compréhension, sa compétence, en vivant les choses. Pas en les écoutant simplement.

Le jeune officiel doit être un véritable acteur.

Multiplier les apparitions sur le terrain et observer des vidéos de matchs.

Selon vous, le projet canalisé par l’Elan Chalon est-il une bonne initiative ? Doit-on poursuivre dans cette voie ?

Absolument. La présence de joueurs et d’arbitres lors de Camp est ce que la Fédération a mis en place depuis 8 ans notamment avec les Camps de sablé/Sarthe et Cholet. Une formation commune bénéfique du fait que les arbitres qui manquent parfois de technique de jeu, puissent apprendre des choses qui les aideront à comprendre et appréhender certaines situations.

Quels conseils pouvez vous donner à nos jeunes stagiaires arbitres ?

D’observer le jeu, de partager entre collègues, de continuer à jouer et/ou entraîner.

La meilleure école se trouve sur le terrain au contact du jeu.

Quelles sont les valeurs essentielles d’un arbitre ?

Il pourrait y en avoir plusieurs mais je choisirais l’humilité et l’honnêteté.

Comment s’est passé votre rencontre avec le ballon orange ?

Petits, mon frère et moi souhaitions jouer au football. Mon père, basketteur dans l’âme, nous a offert le ballon que nous demandions. Sauf qu’à défaut de l’utiliser avec les pieds pour le mettre dans le but, il fallait le mettre dans un panier. Bien qu’un peu mécontent nous l’avons accepté et très rapidement nous avons aimé ce sport.

Etiez-vous destiné à vous diriger vers le sifflet ?

Pas du tout ! J’étais joueur et seul ça m’intéressait. Le sifflé est venu à l’âge de 15 ans quand j’ai rendu service à mon club (AAS SARCELLES BB) où il manquait d’arbitres.

Quel a été votre quotidien pour arriver à ce niveau tant convoité, le Haut Niveau ? Un arbitre, à l’instar d’un joueur, doit s’entrainer quotidiennement ?

Mon quotidien s’est fait par le jeu. Je jouais au basket 7/7 jours et j’ai appris énormément de chose en étant joueur. Devenu arbitre, j’ai transféré le temps passé à jouer à celui d’observer les arbitres. Je me suis enrichi des arbitres de tous les niveaux.

Vous êtes l’exemple pour beaucoup de jeunes arbitres, cependant aviez-vous un exemple qui a guidé votre parcours d’arbitre ?

J’en ai eu plusieurs. Ca a été crescendo. Tout d’abord celui qui m’a initié les bases de l’arbitrage dans mon club et qui était alors arbitre Régional (Gilles MAZOUNGOU), puis tout au long de mon parcours j’ai admiré tous les arbitres qui étaient à des niveaux supérieurs du mien. En regardant la télé, j’entendais souvent parler de M. MAININI donc je suis devenu admiratif. Il n’y avait pas autant de rencontre accessible visuellement comme maintenant et les seuls matches de PRO A que j’arrivais à voir c’était lui. Quelques années après, je voyais un arbitre qui avait un tout autre style et qui semblait aussi dominer la chose : Pascal DORIZON.

Vous aller représenter la France et le corps arbitral français en Espagne en août prochain lors des Championnats du Monde, quel a été votre réaction à l’annonce de cette nouvelle ?

Le plaisir est intense lorsque l’on est désigné sur une compétition majeure. Je ne m’y attendais pas car avec la crise que l’arbitrage Français a vécu dernièrement, je ne pensais absolument pas être sollicité. Et là, pour le coup, 2 Français.

C’est le 3ème Mondial auquel je vais participer (Japon 2006, Turquie 2010) mais cela reste une très grande fierté de représenté, sa Fédération, l’arbitrage Français.

Quels est l’un des moments les plus inoubliable ? A contrario, le moment le plus difficile dans votre carrière ?

 + : Une rencontre NBA Tour 2006 Barcelone – Philadelphie Sixers. J’étais avec 2 arbitres NBA (JOE FORTE, 61 ans à l’époque, n°45, a arrêté en janvier 2010 et DAVID JONES, 51 ans à l’époque, n°36, toujours en activité).

18 000 fans, Philadelphie a mené une grande partie de la rencontre mais Barcelone l’emporte dans une ambiance indescriptible.

- : La rencontre d’Euroligue opposant le Partizan Belgrade au Maccabi Tel Aviv également en 2006. Une rencontre tendue où tout le monde était sur les nerfs. La salle du Partizan est une salle de 5000 places très bruyante et très hostile. Une partie des supporters sont torses nus, debout, dos au terrain, en accolade avec le voisin d’à côté et chante et saute pendant tout le match. L’ambiance existe vraiment. Mais d’un autre côté, les autres dans toute la salle prennent un malin plaisir à jeter sur l’adversaire ou sur les arbitres tout se qu’ils ont sous la main. Pièces de monnaie, briquet, rouge à lèvre, téléphone portable…On trouve de tout !

En quittant le terrain à la mi-temps, la sécurité escorte les arbitres et nous raccompagne vers le vestiaire. Cela parait être une éternité avant d’atteindre le tunnel en quittant le terrain !!! Avant d’arriver sous le tunnel, un des vigils s’écarte au dernier moment et je reçois sur la cuisse une brique de lait. Je n’en revenais pas. Heureusement que ce n’était pas un pot de confiture de prune (je préfère la fraise !!). La deuxième mi-temps s’est faite dans la douleur car notre trio pourtant composé d’expérimentés sauf moi, ne paraissait pas tranquille et la rencontre n’a pas été maitrisée. Le Partizan a perdu et nous avons réussi a quitté le terrain sans recevoir des pièces au visage. Je suis sorti de là complètement vidé, épuisé.