Chalon sur Saône

Marcia Barcellos, la chorégraphe de Atvakhabar Rhapsodies se livre à info-chalon.com

Marcia Barcellos, la chorégraphe de Atvakhabar Rhapsodies se livre à info-chalon.com

On a apprécié l’éclairage en contre-jour, qui donne plus de profondeur et de luminosité aux noirs. Mais à la fin du spectacle, on reste avec une question sur le sens de ce spectacle, à travers ce foisonnement de références, d’images, en multiples petits tableaux. On dit que cela met en scène l’imaginaire et du futurisme. La presse est divisée sur le spectacle…

Quelle idée vous a inspirée pour faire ce spectacle ? Comment est-il né ?

Au festival d’Athènes, la compagnie avait présenté une scénographie avec images, Yorgos avait aimé cela et avait commandé quelque chose pour le ballet de Lyon. On a eu envie de nous inspirer de Méliès, un film muet, en noir et blanc. Les costumes sont noirs. Il nous a donné carte blanche pour faire quelque chose dans l’esprit de cette scénographie. Et pour nous, c’est une chance de travailler dans de bonnes conditions avec un ballet de grande qualité.

Et pour les danseurs, n’est-ce pas difficile de s’intégrer là-dedans ?

La majeure partie de ce travail est d’incarner des personnages mais il fallait que ce soit des danseurs de grande qualité gestuelle, ce sont des silhouettes, le corps doit exprimer à lui seul toute l’expression du personnage et les costumes sont volumineux, il faut aussi manipuler le décor, les colonnes dansent, les danseurs manipulent tout cela.

Tout cela est très exigeant finalement pour les danseurs...

On met en jeu toute la machinerie du théâtre, on prolonge cet espace par la vidéo. C’est un gros travail rigoureux.

Les danseurs font plus du mime que de la danse, il y a un léger regret à ce sujet…

Il s’agit de donner à voir ce qui n’est pas là, ils évoluent dans un espace qu’on leur propose. Ils font des mouvements précis par rapport aux sons et à la musique et parfois avec des accessoires qui impliquent une qualité de mouvement. Il y a un travail sur le langage. Par exemple les relations amoureuses, il y a des images sonores avec des voix, les danseurs doivent incarner cela de façon précise pour que l’on comprenne la situation. Ce qu’on attend des danseurs, c’est la précision des gestes, des mouvements rapides et la qualité des mouvements, il est impossible d’obtenir cela de la part de comédiens !

Quelle est la clé du spectacle ? Quelle est votre idée ou le message que vous voulez faire passer ?

On est parti de films de Méliès, qui utilisait le théâtre pour faire des films, ici c’est le contraire c’est utiliser le film pour faire la danse, avec une thématique qui s’inspire de Prokop.  C’est l’idée que ce qui est perdu peut être récupéré, une idée avec une technologie mise en œuvre en référence à Métropolis. C’est un voyage, une arrivée dans une contrée où il y a trois espaces différents. Un premier espace, très végétal, une forêt, un coin de légende merveilleux. Un 2e, le monde du dessous avec des grottes, plus mystique. Le 3e, à partir de l’image du monstre, un univers urbain avec une sorte de fête à la fin. C’est la convergence de références diverses.

C’est fait avec l’idée aussi que, aujourd’hui, on ne peut plus faire de nouvelles créations, tout a été exploré, toute œuvre nouvelle est dépassée. Les images qui nous viennent ne sont pas là par hasard, elles sont récréées dans le spectacle.

Il y a des prouesses techniques, par exemple les yeux lumineux des personnages…

Les petits yeux, on a fait toute une recherche pour cela. On a trouvé cela dans le principe des films d’animation : dès qu’un personnage cligne des yeux, il est vivant, c’est la base de l’animation. Carl a trouvé le modèle dans le jeu Limbo, le blanc des yeux qui clignent. A partir de là, le décorateur et le couturier ont fait des recherches pour savoir comment mettre cela en place. Il fallait refaire toute la morphologie de la tête avec un système d’allumage au sommet de la tête mais caché sous un voile noir, avec tout un costume noir.

Quel est le temps de préparation d’un tel spectacle ?

Un an pour toute la technique et un mois avec les danseurs. Tout cela a été créé en plusieurs étapes. On avait fait une première scénographie de 10 minutes, une commande pour le Ballet de Monte Carlo. Puis une autre de 20 minutes à Athènes. Yorgos a vu cela et nous a fait une commande de spectacle qui puisse durer une soirée pour le Ballet de Lyon.

Comment êtes-vous venue à la danse ? Quelle a été votre formation ?

J’ai étudié la danse classique au brésil puis je suis venue à 18 ans à Paris. J’ai suivi une école à Angers, une école d’art chorégraphique. A 30 ans, j’ai créé la compagnie Système Castafiore, avec Carl.

La prochaine création ?

On a envie de créer des mondes et de transporter le public dans la fantasmagorie et l’imaginaire. Le prochain spectacle sera joué à Chaillot. On a 3 pièces qui tournent. Celle-ci est très lourde techniquement. Le Ballet de Lyon ne l’a pas joué depuis novembre 2013, c’est pour cela qu’on est sur place pour voir que tout soit bien respecté.

La prochaine création parlera du manuscrit d’Augsburg. Ce manuscrit parle de miracles, mais ces miracles sont parfois de simples phénomènes astrologiques, des choses magiques mais d’autres moins, ce qui démonte la mécanique des miracles. Cela traite de l’apparition et de la disparition. Il y a des corpus de mots, on fera appel à un philosophe pour compiler les différentes choses. Un acteur dira le texte. Il y aura une chanteuse baroque qui ne chantera pas dans le répertoire baroque mais quelque chose de détourné. Il s’agit de créer une ambiance, sa voix donnera l’âme, plus d’âme et d’émotions. Il y aura des personnages insolites, avec une dimension spectaculaire.

 

Propos recueillis par S.B.