Côte chalonnnaise

Des générateurs anti-grêle déployés sur la Côte Chalonnaise

Des générateurs anti-grêle déployés sur la Côte Chalonnaise

Après de nombreux dégâts ces dernières années en Bourgogne, l’Arelfa Bourgogne a déployé un réseau de générateurs anti-grêle pour protéger dès juillet, les vignes des Côtes du Couchois, chalonnaise et de Beaune. Pour les spécialistes, les orages ne sont pas plus nombreux mais plus violents, en raison du réchauffement climatique notamment.

L'Association nationale d'études et de lutte contre les fléaux atmosphériques, l'Anelfa, a mis au point un dispositif collectif de protection contre la grêle. Aujourd’hui, à Saint-Martin-sous-Montaigu, à côté de Mercurey, Philippe Garrey s’est porté volontaire pour recevoir un des trente-trois générateurs anti-grêle installés en Bourgogne ces jours-ci. Ce viticulteur bio s’est « dès le début intéressé à ce système de générateurs car c’est un beau projet d’intérêts collectifs ». Installé dans une quinzaine d’autres départements, le dispositif permet en effet de constater une diminution de l'intensité de la grêle de l'ordre de 50 %. Sans nuisance sonore ni impact environnemental, ce dispositif nécessite toutefois que tous les générateurs soient allumés en même temps pour être pleinement efficace et protéger la zone. « C’est le premier réseau social où chacun se protège les uns les autres. C’est Facegrêle ou Twittgrêle », rigolent les techniciens de l’Anelfa. Le dispositif devrait être opérationnel fin juin – début juillet.

Bénéfique pour tous

Au delà de la bonne humeur ambiante, ces dernières années, les viticulteurs de Bourgogne ont été violemment touchés par la grêle, notamment sur la Côte chalonnaise et la Côte de Beaune, occasionnant d’importantes pertes de récoltes pas toujours assurées. Rully et Givry en 2011 s’en souviennent encore. Certaines communes ont été grêlées six fois en douze ans soit une année sur deux. L’an dernier, pendant 25 longues minutes, 1.350 ha en Côte de Beaune subissaient de sérieux dégâts. En Bourgogne, 33 générateurs seront donc installés pour protéger la Côte chalonnaise, Côte du Couchois et de la Côte de Beaune, dans un premier temps, soit près de 9.000 ha.

Dans la pratique, les viticulteurs bénévoles recevront des alertes téléphoniques en cascade les prévenant à l’avance (4 heures) d’une probabilité d’orage de grêle. Ici, aux côtés de Philippe Garrey, trois autres bénévoles se tiennent prêts pour déclencher le dispositif en cas d’indisponibilité. Le principe de protection retenu est l'ensemencement d'iodure d'argent et de cuivre, « aspirés » par les nuages par l'intermédiaire de générateurs disposés selon un maillage resserré, tout les 100 km2 (10x10). Ces derniers sont disposés sur la zone de formation des orages, arrivant généralement par l’Ouest. La cotisation pour tous les viticulteurs du secteur s’élève à 10 €/ha. La CAVB qui gère, espère encore trouver d’autres financeurs, puisque cette protection bénéficie à tous.

Des orages plus violents

De plus, des plaques de polystyrènes – des grêlimètres – permettra d’étudier les évolutions du climat orageux dans la région, avec la date, heure, durée, taille des grêlons, nombre au m2, masse… Pour Norbert Sébastien, de l’Anelfa, avec 25 années derrière lui de statistiques sur le sujet (en Pyrénées Atlantiques), « il n’y a pas plus d’orage qu’avant mais des orages plus violents. 1°C en plus et c’est + 40% de grêlons. Et, plus les grêlons sont gros, plus il y a de vent. C’est l’effet venturi », explique-t-il. Christine Monamy, technicienne du BIVB, rappelle que l’Interprofession de Bourgogne constate elle, « une élévation moyenne des températures de +1,8°C en l’espace de trente ans ». Autant dire, que ce dispositif devrait sauver bon nombre de raisins dans les années à venir, et donc autant de bons vins…

Quel impact sur les raisins ?

Dès 1972, le découvreur de l’iodure d’argent, le physicien B. Vonnegut, s’est inquiété des effets possibles de cette substance sur la santé humaine. Dans les années qui suivirent, plusieurs études spécifiques ont été réalisées sur l’impact des substances glaçogènes artificielles dispersées dans l’atmosphère. Toutes ces études ont démontré l’innocuité des ensemencements en iodure d’argent sur l’environnement. En 2014 va être généralisée une solution 50 % d’iodure d’argent + 50 % d’iodure de cuivre, mélange testé et moins onéreux.

Par campagne annuelle de 20 alertes et en sachant qu’une alerte dure en moyenne 10 heures pour 10.000 ha, cela revient à 1 gramme d’iodure d’argent par 10 ha et 1 gramme d’iodure de cuivre par 10 ha. « Les quantités retrouvées sur les raisins sont infinitésimales, ne posant pas de problème pour la certification bio », conclut l’Anelfa.

Cédric Michelin