Chalon sur Saône

"Nous ne sommes pas des terroristes" scandent les cheminots à Chalon sur Sâone

"Nous ne sommes pas des terroristes" scandent les cheminots à Chalon sur Sâone

Après leurs assemblées générales respectives, les cheminots de la CGT et de Sud Rail ont pris le chemin de la Sous-Préfecture où les attendait Francis Cloris, Sous-Préfet de l'arrondissement de Chalon sur Saône.

Alors que le gouvernement socialiste a choisi la fermeté face aux revendications sociales des cheminots, le mouvement risque bel et bien de prendre une tournure à laquelle les décideurs politiques ne s'attendaient pas. Passé le cap fatidique du baccalauréat, les cheminots entendent bien peser dans les discussions autour de la réforme ferroviaire. Une réforme pour laquelle ils se prononcent clairement pour, "mais pas de cette manière" alertent les syndicalistes. "Nous devons être intégrés pleinement aux discussions et surtout mettre sur la table la question d'une réforme pour en faire quoi pour l'usager. Il n'est pas question que le service public se trouve systématiquement amoindri. C'est l'usager qui doit ressortir plus fort de la réforme ferroviaire et pas des intérêts financiers".  Le sujet a même pris une tournure inhabituelle avec l'appel de certains usagers à faire la grève du billet, à l'image de Maxime Thiebaut, secrétaire départemental de Debout la République en Saône et Loire.

Mardi, c'est Christophe Sirugue qui aura piloté une partie des débats à l'assemblée nationale sur la réforme ferroviaire, alors que cela fait plus de deux ans que le sujet est sur la table. La réforme vise à se pencher sur la datte de 44 milliards d'euros du secteur ferroviaire en France et surtout l'ouverture totale à la concurrence, ou encore un retour en arrière avec la re-fusion de la SNCF et du Réseau Ferré de France..  tout un programme !

Le sujet pour les cheminots est de jouer la carte de la communication auprès des usagers qui ne comprennent pas la teneur des enjeux. Depuis le début du mouvement, les cheminots sont face à des usagers en colère qui fustigent les conditions de travail des cheminots français. Des conditions qui regardées de près sont bien loin de l'image d'Epinal que certains peuvent se faire... mais le sujet n'est pas là. Avec l'ouverture à la concurrence, c'est bien le service public qui est menacé, scandent les cheminots, reprochant au gouvernement le qualificatif de terroriste affublé au mouvement social.

Bien plus que la survie de leurs emplois, avec la volonté de supprimer à nouveau 2500 emplois l'année prochaine, les cheminots pointent les risques pour les usagers. Des gares abandonnées par les agents, des services plus assurés par exemple le samedi en gare de Chalon sur Saône, ou avec en mémoire le fameux déraillement de juillet 2013 du Paris-Limoges, au cours duquel de graves dysfonctionnement avaient été pointés. "C'est simple, sur certaines lignes en Bourgogne, il est recommandé aux contrôleurs de ne plus contrôler afin d'éviter les risques !".

Ce mardi, une délégation de huit cheminots a été reçu par le Sous-Préfet de Chalon sur Saône, dans l'idée "qu'il fasse remonter nos inquiétudes". Un rendez-vous purement formel qui n'aura sans doute pas apporté grand chose. En attendant, le mouvement se poursuit même si dans les rangs, les jours qui se suivent, pèsent lourdement dans les budgets familiaux des grévistes.

Laurent Guillaumé