Saône et Loire

Dialogue de sourds… autour du statut de l'animal

Dialogue de sourds… autour du statut de l'animal

Une délégation d’agriculteurs s’est rendue à Tournus pour rencontrer la députée Cécile Untermaïer, très en pointe dans le dossier du statut de l’animal, à la veille d’une proposition de loi. Résultat : un dialogue de sourds !

En effet, la députée de Saône-et-Loire, Cécile Untermaïer a récemment présenté avec Jean Glavany, ancien ministre de l’Agriculture, un amendement portant sur le statut de l’animal.

Cécile Untermaïer confisquait aussitôt la parole et elle ne la lâchera d’ailleurs que peu au cours de l’heure de la rencontre, car on ne peut parler décemment parler de dialogue ou d’échange…

La députée semblait se justifier, abordant la question comme un sujet annexe et peu majeur de la « modification de l’article 3 du Code civil d’un pan entier des contrats ». « L’amendement a été proposé par Jean Glavany… Je l’ai signé, il s’agissait bien pour moi de ne rien changer au statut de l’animal… » Et d’évoquer le Code rural qui fait état d’« être vivant sensible ».

Oui, mais est-ce la même chose qu’« être doué de sensibilité » ? Si la députée évoque son souci de « cohérence » pour la justice, alors pourquoi ne pas utiliser de part et d’autre des deux codes le même terme ? Pourquoi introduire ainsi des nuances, des subtilités sur lesquels seuls les juges et la jurisprudence pourront dès lors trancher ?

D’autant que le statut des femmes en Agriculture n’est lui toujours pas réglé, si l’on s’en tient aux débats actuels…

Les vrais enjeux…

« La dérive, on la craint ! », s’emportait Louis Accary, pour la filière avicole. « Nous entendons bien les lobbys qui montent, qui se félicitent déjà de cette "révolution" qu’augure le statut de l’animal… »

« Nous avons fait le choix d’élever des animaux, parce que nous les aimons. Quand on voit aujourd’hui les difficultés auxquels sont confrontés les éleveurs, je suis inquiet », poursuivait avec agacement Bernard Lacour, éleveur de Charolais. « L’économie rurale aujourd’hui, tout le monde s’en fout ! Le seul souci qu’on ait dans cette société, c’est de mettre le même statut aux animaux qu’aux hommes ». Il évoquait les réactions des Internautes sur Creusot-infos relatifs à une biche renversée par un véhicule… alors que quelques mois plus tôt, une de ses tantes, elle aussi victime du même accident, avait été traité dans les faits divers… « Par vos décisions, vous braquez une partie de la société », mettait-il en garde. Et de poursuivre, « à force de ne pas considérer l’économie et les forces intermédiaires qui les représentent, en cherchant sans cesse à diviser, vous êtes en train de bourrer les urnes de votes extrêmes… Les vrais enjeux pour l’élevage sont ailleurs : on perd des actifs, -25 % en dix ans, on perd des naissances de veaux, -16.500 en un an en Saône-et-Loire, on est en train d’assassiner l’économie de nos territoires à l’heure où la sécurité alimentaire devrait être la priorité de l’Union européenne. Mais, Madame Untermaïer, la société Bigard, elle est sur le territoire dont vous êtes la députée. Vous verrez ce qui se passera quand l’entreprise finira dans les mains d’un fond d’investissement qatari ou chinois… Alors si vous voulez encourager les gens à travailler, affichez une ligne claire qui soutienne l’économie ! »

Nicolas Durand

L'Exploitant Agricole de Saône et Loire