Saône et Loire

A 12 ans, il porte plainte contre sa mère et son beau-père

A 12 ans, il porte plainte contre sa mère et son beau-père

Gaëtan a 12 ans et a porté plainte contre sa mère et son beau-père pour violence. L’enfant qui vit désormais chez ses grands-parents a demandé à ce que la prison soit évitée mais que des soins contre l’alcoolisme de sa mère soient imposés. ACTUALISE

Il était à l'audience, assis sur le banc devant son avocate. Si, avant l'examen de son affaire, il a échangé quelques mots avec sa mère et son beau-père, il a tenu à écrire sa déclaration avant d'être sollicité par le juge. Dans cette affaire peu banale qui reflète un quotidien familial délètère que traversent encore trop d'enfants, le plaignant de douze ans ne s'est pas démonté. Les faits reprochés - violence sans incapacité sur mineur de moins de quinze ans par un ascendant ou personne ayant autorité - à la mère et au compagnon de sa mère se sont déroulés à Bourbon-Lancy en mars 2013. Deux soirs de suite, Gaëtan essuie des « corrections », l'une de son beau-père, l'autre de sa mère. Son beau-père le fait chuter et lui donne des coups. Si le gamin est malheureusement habitué aux violences de sa mère quand celle-ci est saoûle, son beau-père jusque-là a toujours été correct. Cette situation n'est pas inconnue du reste de la famille. La grand-mère témoigne par écrit que « la mère de Gaëtan est une bonne mère quand elle n'a pas bu mais dès qu'elle boit, elle traite son fils comme un chien. »

La situation familiale est fragile. Le père de Gaëtan est incarcéré et avait déjà un problème de dépendance à l’alcool. « Gaëtan décrit un cadre de vie peu agréable chez sa mère, avec des repas tardifs, vers 22 h et souvent le matin, il se prépare tout seul pour l’école » note la présidente Edith Catala. Les parents le qualifieront d’enfant très difficile, fourniront des bulletins scolaires où il est présenté comme un élément perturbateur de la classe et mettront ses bleus sur ses bagarres fréquentes dans la cour du collège. « Il nous parlait méchamment et disait qu’il voulait partir de la maison » dit le beau-père. « Mon fils a menti pour aller chez ses grands-parents » dit la mère.

« Maman était déchirée, dit Gaëtan à la barre

-          Tu fais bien la différence entre les soirs avec alcool et sans ? interroge la juge.

-          Oui. Je ne veux pas de peine de prison, je veux que ma mère suive des soins par rapport à l’alcool. »

-           

« C’est terrible pour Gaëtan d’entendre sa mère et son beau-père dire qu’il ment, précise Me Béatrice Saggio, l’avocate du gamin. Il y a des violences dans le couple, de langage, envers Gaëtan de temps à autre. Depuis qu’il vit chez ses grands-parents, il est apaisé. » Pour le ministère public, un peu surpris de « l’attitude peu constructive » des parents, mais « admirative de voir un petit garçon venir à l’audience et dire : oui j’ai subi des violences de votre part », c’est une accumulation de faits qui pousse Gaëtan à agir ainsi. Bénédicte Masson requiert trois mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve et une obligation de soins envers les parents. « Je veux obliger Madame à regarder ses difficultés en face »

Me  Anne-Laure Vieudrin, l’avocate de la mère et du beau-père, dresse pour sa part, un portrait peu flatteur de l’enfant, souligne le rôle important des grands-parents, dénonce une emprise de ceux-ci sur le garçon et fournit un témoignage qui nie l’alcoolisme de la mère… « Depuis qu’il est né, sa mère a toujours bénéficié d’un accompagnement social, des violences récurrentes n’auraient pas pu échapper à l’assistante sociale ».

Le jugement a été mis en délibéré et sera rendu le 2 juillet.

 Florence Genestier

ACTUALISE - Deux mois de sursis et obligation de soins pour la maman

Gaëtan, un collégien de 12 ans, en avait marre des corrections de sa mère, plutôt violentes, qu’elle lui assénait quand elle était ivre. Poursuivis pour violence envers un mineur, le couple de Bourbon-Lancy a été reconnu coupable de violence envers le jeune garçon. Le beau-père a été condamné  à 30 jours amende à 10 euros et la maman de Gaëtan à  2 mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve, assortis d’une obligation de soins pour sortir de l’alcoolisme. Le jeune garçon, qui depuis une correction de trop l’an dernier, vit chez ses grands-parents paternels recevra au total 1300 euros. A la barre, il avait surtout insisté pour que sa mère soigne définitivement sa dépendance à l’alcool pour retrouver la sérénité.

 F. G.