Chalon sur Saône

Franc succès pour la journée des luthiers au conservatoire du Grand Chalon

Franc succès pour la journée des luthiers au conservatoire du Grand Chalon

La journée des luthiers a attiré du monde au Conservatoire. Elèves et professeurs passaient entre deux cours pour voir le film et rencontrer les deux luthiers invités.

Le film, projeté sur grand écran, montrait tout le travail de fabrication d’un violon, de la planche de bois jusqu’à l’instrument. Il a été réalisé par Thomas Billoux, luthier, et monté par Christophe Carminati, vidéaste.

Sur la scène de l’Auditorium, on pouvait regarder les différentes pièces servant à la fabrication d’un violon, et les outils. Les violonistes en herbe étaient passionnées, les professeurs admiratifs, et les échanges étaient animés entre les deux luthiers qui montraient comment tout cela s’assemblait et à quoi sert tel outil, où se met telle pièce. Toucher le bois reste un plaisir et une fascination indéniable, surtout de voir la forme achevée, vernie, lumineuse du violon. On pouvait aussi regarder des photos de quelques étapes de restauration, un travail de qualité, qui étaient exposées en arrière-plan.

Bruno Dreux est luthier à Orléans où il crée violon, alto, violoncelle et contrebasse. L’amour de son métier transparait dans ses gestes et il parle du choix des matières et de sa façon de procéder.

Thomas Billoux est luthier depuis 30 ans. Dans son atelier situé rue Denon, Il fabrique les violons et il en restaure également. Dernièrement, un client lui a apporté un violon ayant appartenu à Arthur Grumiaux ! Un violon chargé d’histoire et de musiques, dont il a pris soin avec émotion.

Théo Mereau, l’apprenti, les accompagnait. Il joue du violon depuis l’enfance et voulait fabriquer son propre instrument. Il a frappé à la porte du luthier et a attrapé le virus du métier et il compte bien s’installer malgré la crise : "c’est la passion du métier, même si on sait qu’on ne gagnera pas sa vie".

Qu’est-ce que l’art de la lutherie ? C’est un art ! Un travail d’artisan longuement, patiemment élaboré avec de beaux matériaux, durant des mois, pour que, au final, il rende les sonorités les plus subtiles. Tiré d’un arbre, un violon est vivant. Cela demande une connaissance particulière, une formation de maître à élève, pour savoir comment bouge un bois et comment en tirer un instrument fabuleux. Bruno Dreux et Thomas Billoux sont diplômés de l’école nationale de lutherie de Mirecourt.

En fin d’après-midi une conférence tout public était donnée par les deux luthiers sur la lutherie, les instruments, le métier, autant l’apprentissage que les joies, insistant sur les difficultés que rencontre la profession en ce moment.

Ce n’est pas même une question de concurrence entre les quelque 500 luthiers tous instruments qui existent en France, c’est la ruée d’étrangers qui s’installent en auto-entrepreneurs et qui cassent les prix. C’est surtout internet qui fait croire aux gens qu’il suffit d’acheter un violon à 150€ made in China à assembler soi-même pour avoir un instrument digne d’être joué. En général, on arrive chez le luthier avec les pièces détachées car on n’y est pas parvenu, ou le son ne donne rien, etc. Il y a aussi la crise combinée à un certain état d’esprit du profit et du non-investissement qui rend les choses caduques.

Comment lutter contre ces phénomènes qui met en danger une profession millénaire ? L’alerte est donnée, tout le monde en parlait au 55e Congrès du Groupement des luthiers et archetiers d’art de France (GLAAF), à Rennes le week-end dernier.

 

S.B.