Chalon sur Saône

TRIBUNAL DE CHALON - 10 mois de prison à « Momo » pour ne pas avoir accepté que la caissière lui retire ses bières

TRIBUNAL DE CHALON - 10 mois de prison à « Momo » pour ne pas avoir accepté que la caissière lui retire ses bières

A 55 ans, Mohamed vit une belle histoire d’amour. Cela dure depuis très longtemps et il ne veut surtout pas rompre... Il l’a répété encore une fois aux magistrats du tribunal correctionnel de Chalon, qui le jugeait lundi en comparution immédiate.

Sa compagne ou plutôt son compagnon, c’est l’alcool... Il n’a jamais fait de cure de désintoxication. Et à cause de ce compagnon fidèle il lui arrive souvent de faire des bêtises, comme cet après-midi du 19 juin 2014.
Ce jour-là, Mohamed s’est rendu au magasin Lidl du Creusot, dans l’idée d’acheter deux bières et une salade. Le magasin Lidl du Creusot, il y vient au moins une à deux fois par jour, ce qui lui a valu au fil du temps le surnom de « Momo », donné par les hôtesses de caisse et les autres membres du personnel. Au moment de payer, Mohamed s’est rendu compte qu’il n’avait pas assez d’argent et l’a signalé à l’hôtesse de caisse. Aussitôt cette dernière a retiré les deux bières et a laissé la salade. Ce qui a eu pour effet immédiat de mettre « Momo » dans une colère folle. Celui-ci a donné à la caissière un coup de pied au niveau de la hanche, puis un second. Expulsé manu militari du magasin, il est revenu à l’intérieur et a commencé à uriner. Et, comme si cela ne suffisait pas, « Momo » est ressorti, a baissé son slip et a exhibé son sexe à travers la vitrine. Non content, il est allé chercher des poubelles et a entrepris de les lancer contre la vitrine. Requis par la direction du magasin, des fonctionnaires du commissariat de police du Creusot ont eu toutes les peines du monde à l’interpeller. Dans « le panier à salade » Mohamed s’est mis à les insulter et a tenté de leur cracher dessus.
Le prévenu était donc poursuivi pour violence par une personne en état d’ivresse manifeste sans incapacité, pour exhibition sexuelle, pour outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique et enfin pour refus de se soumettre aux opérations de relevés signalétiques intégrés dans un fichier de police. Autrement dit pour  ne pas avoir voulu que les policiers lui prennent ses empreintes digitales. « C’était pas la peine, ils les ont déjà » a-t-il confié.
Dans ses réquisitions, le procureur Christophe Rode a souligné que Mohamed venait très régulièrement devant le Tribunal - depuis 1987 il a fait l’objet d’onze condamnations - et que, même si on pouvait se laisser attendrir par « le caractère pittoresque de l’individu », force était de constater que les faits étaient affligeants.
Défenseur de « Momo », Me Damien Varlet a rappelé que « tout le monde le connaît, le Tribunal, la Police, Lidl » et a tenté d’expliquer que l’origine de ce pétage de plomb était tout simplement le fait que son client n’ait pas pu choisir entre les bières et la salade. L’avocat de la défense a également fait observer qu’il était plutôt favorable à une peine mixte, qui permettrait au prévenu de rencontrer un psychiatre, qu’à une peine ferme, comme celle d’1 an de prison réclamée par le ministère public, et qui ne fera nullement avancer sa situation.
Me Varlet n’a pas du tout été entendu par le Tribunal, qui a condamné Mohamed à 10 mois de prison et a confirmé le mandat de dépôt en date du 20 juin 2014. « Momo » devra en outre payer à chacun des trois policiers qu’il a outragés 300 € au titre du préjudice moral et 500 € au titre de l’article 475-1 du Code de procédure pénale.
 

Gabriel-Henri THEULOT