Givry

Romengo &Juan de Lerida ont d’emblée mis le public sens dessus dessous aux Musicaves

Romengo &Juan de Lerida ont d’emblée mis le public sens dessus dessous aux Musicaves

Il n’est jamais aisé de relancer avec justesse le mécanisme d’un festival qui, hormis cinq jours consacrés annuellement à sa vie publique, vit sa vie de manière souterraine le reste du temps. Aux Musicaves le Domaine Besson –complet pour l’occasion- a mercredi soir à Givry largué aux oubliettes sa sclérose de l’entre-deux-éditions. Grâce à la musique de Romengo et de son invité de marque Juan de Lerida, la fête a battu son plein. Cela laisse bien augurer de la suite.

Un spectacle tonique en diable

Les neuf artistes sur scène n’avaient qu’une idée en tête : magnifier flamenco et musique tsigane en en livrant généreusement la valeur intrinsèque. C’est à un mariage de raison et d’amour qu’il a été donné d’entendre, et au vu des réactions de l’assistance le point d’impact aura touché de plein fouet une zone sensible. Menés de doigts de maître par l’impérial et stoïque Juan de Lerida à la guitare ensorceleuse tout autant que dévoreuse d’espace, les Romengo ont joué sur le registre de la musique trépidante, rythmée, avivant les sens au point de communiquer une irrépressible envie d’entrer en communion avec eux, que ce soit à l’aide de la voix ou du geste. Parfois langoureuse, tourmentée, leur musique décélérait alors pour des sentiments à l’opposé de ceux véhiculés lors des accès de furia, sortes de mélopées en disant long sur l’état d’esprit de l’instant. Ces flots ininterrompus de tempos oscillant entre tradition et modernisme ont sans nul doute renforcé l’intime conviction des écoutants : à savoir l’engrangement d’un certain nombre de particules culturelles ayant jailli d’ambassadeurs jamais à court d’arguments. A l’image également des cordes vocales de Monika Lakatos accouchant de singulières sonorités en plusieurs dimensions, ou de la prestation remarquée de la danseuse tout de rouge vêtue, voire de certains de ses comparses musiciens trop heureux de démontrer qu’ils en avaient aussi sous la semelle.

Un message en faveur des intermittents

Avant le concert une banderole (retirée ensuite) en arrière-plan de la scène annonçait la couleur sur fond noir: »Pas de culture sans droits sociaux ». Un réquisitoire s’adressant à l’actuelle problématique des intermittents du spectacle, et aux plus de neuf cents métiers concernés ! Si la voix off concluait par un « Soutenez-nous, soutenez la culture », le directeur artistique des Musicaves Philippe Perrousset, trop conscient des apports multiples de ces professionnels, ne manquait pas de lancer à la cantonade un vibrant « Merci à eux ».

                                                                          Michel Poiriault

Photos Maria-Corinne DELIRY