Givry

Aux Musicaves concentration maximale aux fins de transcendance

Aux Musicaves concentration maximale aux fins de transcendance

C’est dans un silence et une atmosphère quasi mystiques que Kayhan Kalhor (à la vièle iranienne), et Erdal Erzincan (au luth turc) ont accompli jeudi soir au Domaine givrotin Besson une sacrée performance toute de technicité. Seules au monde en apparence, les deux pointures dans leur genre ont dans le cadre des Musicaves apporté une touche très particulière, orientalisation oblige. Exécuter un tir groupé d’incessants appels aux aspirations profondes, ce sans sommation et d’un seul tenant, tel aura été l’exercice délicat réalisé grandeur nature par les deux complices. La litanie des sonorités savamment extirpées de leurs instruments respectifs a été une fuite en avant permanente vers des contrées à s’inventer plus que de coutume. Les complaintes, elles, issues des registres turc et persan auront abondé, conférant un je-ne-sais-quoi d’éminemment interrogateur, tant le climat ambiant frisait le surréalisme. Complice de ces joutes, de ces mano a mano rageurs afin de faire diversion, ou plus prosaïquement de cette complémentarité  jamais étouffée dans l’œuf, c’est selon, la langueur a formé en fin de compte une variable d’ajustement reniée qu’en très peu de circonstances. Mais l’intérêt résidait ailleurs : dans la capacité à absorber vaille que vaille les grands soubresauts et des moindres frémissements. Ainsi qu’à amortir, luxe suprême, cette somme d’efforts, histoire de s’abreuver de la quintessence offerte sur un plateau.

                                                                   Michel Poiriault