Bourgogne

La fusion de la Bourgogne et de la Franche-Comté anime les débats au Conseil Régional de Bourgogne

La fusion de la Bourgogne et de la Franche-Comté anime les débats au  Conseil Régional de Bourgogne

Réunis en session à Dijon ce lundi matin, les élus du Conseil régional ont, une nouvelle fois, largement discuté du rapprochement entre les deux régions…qui ne passent pas vraiment.

« Politique volontariste ». C’est le maître mot de François Patriat, président de la région Bourgogne au sujet de la fameuse « fusion » annoncée entre la Bourgogne et la Franche-Comté. Il l’a redit jeudi dernier en recevant Marylise Lebranchu à Dijon, en compagnie de Marie-Guite Dufay, son homologue (PS également) Franc Comtoise. Il l’a encore répété ce lundi matin, à l’occasion de la session du Conseil régional.
A l’heure actuelle, le dossier est entre les mains des parlementaires, dont François Patriat fait également partie en tant que sénateur PS de Côte-d’Or. Ce sera d’abord le texte sur la clarification des compétences, puis celui qui définira la nouvelle carte des régions de France.
Saluant jeudi dernier « un débat de bon niveau » malgré des doutes et oppositions, y compris dans son propre camp politique, mais aussi venus de la bouche de Marie-Guite Dufay, il en a profité pour adresser un petite « tacle » à François Sauvadet, président UDI du Conseil général de Côte-d’Or, qui avait parlé de cette réunion en la décrivant comme un « simulacre de démocratie » pour expliquer son absence (lire sa tribune), François Patriat a critiqué « ceux qui désertent le débat et qui viendront nous dire plus tard que la réforme n’est pas conduite ».

«La rapidité, ce n’est pas la précipitation»

Voilà pour le tableau dressé par le président socialiste de la Région. Evidemment, du côté de la droite, le son de cloche n’est pas le même. « La rapidité, ce n’est pas la précipitation » a déploré d’emblée Emmanuelle Coint (UMP) également conseillère générale du canton de Seurre en Côte-d’Or et proche de François Sauvadet. Elle déplore justement la disparition programmée, pour 2020, de l’échelon départemental, c’est-à-dire des conseils généraux.
Pour elle, la « proximité » oblige à conserver les assemblées départementales car, selon elle, « les vrais doublons sont entre l’Etat et les Régions ».
Elle s’en est également prise à « la définition du périmètre », puisqu’elle penche plus sur une région Grand Est, avec l’Alsace incluse dans le « package » par exemple.
D’autant qu’elle voit surtout dans ce débat provoqué par le président de la République un « écran de fumée pour cacher une économie française en berne ».
Ce qui n’est pas la vision de François Patriat qui, dans sa réponse a ironisé : « vous voulez une grande région qui va de Forbach à Mâcon avec une capitale à Strasbourg ? ». « La Bourgogne Franche-Comté est certes une des plus petites régions, mais elle a une cohérence historique, économique, spirituelle, etc. ».

«Opposition de théâtre»

Résolument contre aussi, le groupe FN et son président, le Saône-et-Loirien Christian Launay. Raillant la « politique volontariste » de François Patriat, l’élu frontiste a fustigé : « vous dites qu’il est important de préserver l’identité bourguignonne mais vous caricaturez ceux qui défendent l’identité nationale ». Avant de critiqué « le décalage entre le terrain et le monde imaginé par ses représentants, de droite et de gauche ». « Vous nous parlez de grandes intercommunalités (au minimum de 20000 habitants, ndlr), de grandes Régions qui parlent à l’Europe », or, pour lui, « pour préserver les services publics, nous croyons nous à la commune, au département et à la nation ! ».
Ajoutant, « et au regard des derniers résultats électoraux, les Français nous donnent raison ».
Avant d’ironiser sur « la querelle de périmètre entre vous et votre opposition de théâtre ». Et d’avancer, en guise de preuve : « au parlement européen, M. Juncker a été élu président de la commission européenne avec les voix des socialistes, et le candidat, M. Schultz, sera élu demain président du parlement avec les voix de l’UMP. Tout est dit ! ».

Verts et PC toujours pas très «chauds»

Pas totalement convaincus, voire un pas franchement, élus Verts et PC ont fait entendre leur son de cloche. Mais avec doigté, puisqu’ils sont membres de la majorité menée par les socialistes. Même s’il reconnaît que « nous avons la chance de vivre un moment important », Philippe Hervieu, au nom du groupe Europe Ecologie-Les Verts, à invité profiter de l’occasion pour « refonder notre démocratie territoriale ». Lui est d’accord sur un point, « les conseils généraux doivent disparaître », alors que le « couple » intercommunalité-commune doit reprendre ses compétences, en matière « de social et de politique de proximité ». Alors que son président est contre, l’écologiste pense que les futures régions doivent prendre la clause de compétence générale. Tout en se dotant d’une « autonomie fiscale ».
« Il n’y a pas d’avenir indéterminé sur les compétences et je vous rappelle que le débat parlementaire sur les compétences aura lieu avant celui sur la carte », a rappelé François Patriat en reprenant sa « casquette » de sénateur.
Farouchement opposés à la « fusion » en coulisses et notamment la « marche forcée » (lire notre article http://infos-dijon.com/?p=370408) imposée selon eux par François Hollande, les élus PC n’ont pas cherché, en tous cas pas ce lundi, l’opposition frontale avec François Patriat. Patrick Blain, conseiller régional communiste de l’Yonne a préféré passer par les chemins de traverse en parlant de « mettre du positif » dans le débat. Reprenant le souhait de la ministre qui veut des « régions qui parlent au monde », il a tout de même nuancé : « nous nous proposons le maintien d’un tissu démocratique dense, au niveau de la commune, du Département, et une participation citoyenne à tous les niveaux ».
« La réforme dérange toujours les équilibres » a voulu conclure le Premier vice-président (PS) de la région, Michel Neugnot qui a critiqué les « conservatismes ».
Décrivant une future région « en charge du soutien aux entreprises, à la formation à travers les collèges et les lycées, à l’emploi, aux transports urbains et aux infrastructures ». Notant les critiques, il a évoqué une phase de « respiration démocratique » avec la mise en place d’une commission, comprenant des élus régionaux de tous bords.
Le débat est donc loin d’être terminé…

Bruno LÉDION

 

 

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