Chalon sur Saône

"C'est quoi cette réforme territoriale ?"

"C'est quoi cette réforme territoriale ?"

Deux heures durant, le Conseil Général de Saône et Loire appelait les Saône et Loiriens à se pencher sur la réforme territoriale... pas forcément du goût en l'état. Avec un rapprochement vers la Franche-Comté, Rémi Chaintron plaide plutôt pour la région Rhône-Alpes. Explications...

Après un mot d'accueil de Françoise Verjux-Pelletier, conseiller général du canton de Chalon Nord, devant une salle des fêtes de Champforgeuil pleine, c'est un film de 3 minutes qui a été diffusé aux personnes présentes. Un film rappelant tous les enjeux de la réforme territoriale que l'on peut retrouver sur le site du Conseil Général de Saône et Loire. 

"Oui à la réforme mais avec une organisation des territoires"

"Nous sommes pour, nous ne sommes pas des conservateurs, les institutions doivent évoluer. Nous ne sommes pas accrochés à nos sièges. Mais est ce que demain le service que nous rendons sera rendu de la même manière ? On veut simplifier, rationaliser mais il faut être sur de prendre le bon chemin. La réforme territoriale ne va pas assez loin, il faut se réinterroger du sommet de l'Etat jusqu'à la commune.  Il faut prendre un peu de temps et s'attarder sur le sujet. On souhaite être force de propositions dans cette affaire en revenant vers vous et en ouvrant le débat". 

"Des réunions rapides certes mais qui s'inscrivent dans le calendrier fixé par le gouvernement" a précisé Rémi Chaintron. "C'est louable de réformer le pays. Oui à une réforme mais laissons la possibilité d'organiser la répartition des compétences en fonction des besoins des territoires et des habitants. On va éviter les doublons, les financements croisés. On demande à étudier la possibilité d'une région Bourgogne-Rhône Alpes, car la Saône et Loire a plus à faire avec Rhône-Alpes qu'avec nos amis de Besançon. On commence par des cartes et non par les besoins des territoires. On est attentif aux solidarités territoriales et que personne ne reste au bord de la route" a-t-il rajouté. 

S'appuyant sur un dossier type qu'est celui du déploiement de la fibre optique, le président du Conseil Général de Saône et Loire a rappelé l'attitude des grandes entreprises qui densifient leurs présences sur des zones urbaines rentables laissant les territoires ruraux abandonnés. Et c'est bien sur ces territoires que le Conseil Général intervient pour respecter les équilibres en terme d'équipement en investissant 60 millions d'euros, "dans la seule idée de maintenir le niveau de service. On ne peut laisser les communes rurales seules".

Pour une conférence territoriale

Rémi Chaintron a appelé à une vraie concertation autour de l'organisation d'une conférence territoriale, "autour des présidents de région, de départements, des agglomérations afin qu'on se mette d'accord sur les répartitions de compétence et qu'on ne se marche plus sur les pieds". Une initiative plutôt intéressante, évitant du même coup toute précipitation électoraliste. "Il faut s'interroger au plus haut niveau de l'Etat, avec les services déconcentrés de l'Etat, il faut supprimer ces services. Il y a 1000 agences de l'Etat dont on doute de leurs utilités. Il faut aussi que l'Etat regarde chez lui" a rétorqué le président du Conseil Général de Saône et Loire, visiblement agacé que l'Etat montre du doigt les collectivités locales alors que "la dette du Conseil Général pèse de 500 euros sur chacune de vos têtes et celle de l'Etat de 30 000 euros. Oui pour une réforme, mais la seule raison est celle de la préservation du niveau de service publique, à moins que les Français en veuillent mois, mais j'en doute. En supprimant l'ensemble des conseillers généraux, c'est 200 millions d'euros. C'est la somme que la France emprunte tous les jours sur les marchés. Les collectivités sont plutôt pas trop mal gérées.. c'est 500 euros de dettes sur chacune de vos têtes, l'Etat c'est 30 000 euros par habitant. Ne faisons pas une réforme qui serait coûteuse. Eloigner une décision serait couteux.

"Voilà notre état d'esprit".

Un petit tour rapide avant de céder la place aux questions de la salle. Et à vrai dire la première question très logique est apparue. Quand Rémi Chaintron plaide pour un rapprochement vers la région Rhône-Alpes, la Côte d'Or n'a que très peu d'intérêt, ainsi que l'Yonne et la Nièvre. Au final la question est posée si on veut aller au bout de la logique de la réforme territoriale, cassons les régions en tant que telles et opérons le grand chambardement. Une idée qui n'est pas celle de Rémi Chaintron qui souhaite préserver l'intégrité du bloc bourguignon, s'appuyant sur le fait que c'est la Saône et Loire qui assure l'essentiel de la richesse industrielle et agricole de la Bourgogne, "le CESER a fait des études auprès dees entreprises bourguignonnes, et une majorité plaide pour une fusion vers la région Rhône Alpes" a-t-il rétorqué face à la salle. Un positionnement qui n'aura pas échappé à Sébastien Alloin, Secrétaire Département du FN, présent dans la salle, s'appuyant sur l'attitude de François Patriat qui oeuvre pour la Franche-Comté "ya-t-il une scission en Bourgogne ?". Des propos bien évidemment contredits par Rémi Chaintron mais qui laisseront tout de même quelques doutes à voir l'argumentaire déployé pour la région Rhône-Alpes. A vrai dire, l'Yonne aurait tout intérêt à rejoindre l'Ile de France et la Nièvre la région Centre, car déjà tout s'organise dans ce sens. Effectivement si réforme il doit y avoir, allons au bout de la logique, et réfléchissons depuis le territoire plutôt qu'à l'échelle de la région proprement dite.

" C'est notre démarche" a précisé Evelyne Couillerot, "partons du citoyen. Les gens comment ils s'organisent ? Selon les sujets, on peut être innovant. Comment on le vit dans notre vie quotidienne ? Comment on organise votre vie économique ? On est là pour écouter, ouvrir un débat et ne pas faire peur. On est dans l'état d'esprit qu'il y a un service à rendre, faire émerger des propositions dans l'intérêt de tout le monde et des territoires. C'est la pertinence de l'échelon qu'il faut poser. Nous voulons des interrogations constructives". 

" On est là pour améliorer les choses et pas casser ce qui fonctionne. Il faut des avis de spécialistes qui travaillent sur les bassins de vie. L'INSEE va sortir une étude des bassins de vie. Les pôles d'attractions ont changé, beaucoup de Saône et Loiriens vont à Lyon. On est pas en désaccord avec Patriat. Nous on propose l'étude d'une autre option" a clarifié Rémi Chaintron, avant que le maire d'Oslon tempère quelque peu les propos des uns et des autres,  "ne leurrez pas les gens, ce sera au plus haut que les choses seront décidées. On sait pertinemment que nous ne péserons pas dans le débat. Ne soyons pas naïfs". Des propos aussitôt attendris par Pierre Martinerie, "vous avez votre part à jouer, je ne suis pas fataliste".

Françoise Verjux-Pelletier, conseillère générale de Chalon Nord s'est voulue plus pragmatique dans son approche " de quelles ressources dispose-t-on pour financer quoi sur quel territoire ? L'APA par exemple devrait être un impôt national.  Il faut revoir l'impôt local, le recalculer, trouver d'autres assiettes. Finalement, la question de la ressource doit prédéfinir la question du territoire".

Pour Nathalie Leblanc, conseillère générale de Chalon Ouest  "c'est une réforme qui n'est pas engagée du bon côté. La suppression des élus ? ça me gène car il faut faire attention à ce préalable. Faire des économie oui parce qu'il y a des doublons mais en revanche supprimer les élus, c'est enlever de la démocratie. C'est un non-sens anti-démocratique. Comment les élus pourront être présents sur ces grandes régions ? Monter les intercommunalités oui mais en Saône et Loire, aucune intercommunalité n'est capable d'absorber les compétences exercées par le Conseil Général. Il faut être vigilant sur l'équité territoriale. La suppression du département est prématurée…. "

Aujourd'hui il y a des questions mais pas de réponses mais "faisons attention à ne pas ralentir la machine économique. Ne nous occupons pas de savoir qui va récupérer les clés demain" a conclu Rémi Chaintron. 

Laurent Guillaumé