Cinéma

CINEMA A CHALON - Jimmy’s Hall : une photographie loachienne de l’Irlande en 1932

CINEMA A CHALON - Jimmy’s Hall : une photographie loachienne de l’Irlande en 1932

Si Ken Laoch ne surprend plus avec le thème du combat politico-social, exposé dans quasiment tous ses films, c’est à coup sûr un bonheur que de suivre une de ses leçons d’histoire mise en image. Son dernier « cours », Jimmy’s Hall [1], est actuellement projetté au cinéma Axel de Chalon-sur-Saône. Le sentiment d’Info-Chalon.

Après avoir annoncé que ce film serait son ultime, Ken Loach est revenu sur ses propos. A soixante dix-huit ans, le grand réalisateur britannique ne semble finalement pas encore prêt à prendre sa retraite

Ses thèmes de prédilection : mettre en avant la misère des peuples, les conflits politiques, sociaux, familiaux et les ravages des politiques publiques depuis l’ère Thatcher, c'est-à-dire depuis que le néolibéralisme sévit outre-Manche. Thèmes qu’il traite à chaque fois avec brio par cette manière qu’il a de toujours coller au plus près de la réalité et par l’empathie immédiate du spectateur avec ses personnages. Ceci qu’il s’agisse d’une période passée (Land and freedom, Le vent se lève) ou d’une période contemporaine (Just a kiss, It’s a free world, La part des anges).

Avec son dernier long métrage, Jimmy’s Hall, Ken Loach se pose pour la troisième fois en Irlande. En 1990, avec Secret défense, il livrait un film très politique à charge contre Margaret Thatcher. En 2006, il traitait de la guerre civile en Irlande dans les années 1920 avec Le vent se lève, pour lequel il quittera Cannes avec une valise lestée d’une Palme d’Or.

Pour Jimmy’s Hall, Ken Loach s’est inspiré de la vie de James Gralton, militant républicain, communiste, progressiste à forte tête, qui dû quitter l’Etat libre d’Irlande quand une faction de l’IRA (Irish Republican Army) accepta la partition de l’île, mettant fin à l’espoir de république. L’histoire commence quand cet enfant du pays revient, après dix ans d’exil aux Etats-Unis d’Amérique, à la ferme familiale, dans le Comté de Leitrim, au nord-ouest de l’Irlande, en 1932. Encouragé et aidé par de nombreux amis et voisins, James Gralton, dit Jimmy (joué par Barry Ward, acteur de théâtre irlandais), rouvrira le « Hall », salle d’échanges où l’on pratique diverses activités culturelles. On y joue notamment du jazz et de la folk irlandaise. Dans ce pays doté d’un nouveau gouvernement et appauvrit par la crise de 1929, l’Eglise Catholique est omniprésente. Le hall est très vite perçu comme une menace communiste et Jimmy se trouve de nouveau dans le viseur de ses opposants politiques.

Ken Loach rend ici un très bel hommage à un héros du passé dont le combat résonne fortement avec les conflits contemporains. Comme toutes les œuvres du réalisateur-militant, Jimmy’s Hall est à voir au plus vite.

 

M.B.

[1] 2014. Durée : 1h48

Bande-annonce :

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19545482&cfilm=221207.html