Chalon sur Saône

TRIBUNAL DE CHALON - Qui se cache derrière le voleur d'une vieille dame ?

Jusqu'à sa condamnation par le tribunal correctionnel de Chalon à 1 an de prison pour vol le casier judiciaire de Nedzat Dubovic était vierge, du moins en France.

Mais il semble bien que la personne, qui s'est présentée l'autre jour à la barre de ce tribunal sous cette identité, ait déjà été auparavant condamnée à deux reprises sur le territoire français, une fois à Lyon et une fois à Paris, avec pour nom Mehmeti et pour prénom Nedzat. C'est en tout cas ce que tendraient à démontrer ses empreintes digitales. Au gré de ses pérégrinations sur notre territoire, Nedzat utiliserait ainsi plusieurs identités, et notamment dès que la Justice s'intéresse à lui. « C'est de la faute de mon père, moi je ne sais pas... » s'est-il borné à dire, lorsque le président Thierry Deschanels l'a interrogé pour savoir si en définitive Nedzat Dubovic et Nedzat Mehmeti ne faisait pas qu'un. On n'en saura pas plus non plus sur son éventuel lien de parenté avec son complice Tobi Mehmeti.


En tout cas, Nedzat Dubovic - on l'appellera ainsi ! - et Tobi Mehmeti, tous deux d'origine kosovare, étaient poursuivis par la justice française pour avoir dérobé 500 € à une vieille dame, les faits s'étant déroulés le 18 juin dernier à Chalon. Ce jour-là, une octogénaire s'est présentée en milieu d'après-midi au commissariat de police de Chalon, afin de déposer plainte, en indiquant que le matin même elle avait retiré 500 € à un distributeur de billets de banque, qu'elle avait été repérée par deux individus qui l'avaient suivie, que l'un d'entre eux avait soudainement mis la main dans son sac et s'était emparé de l'argent et que malgré ses cris ils s'étaient enfuis en courant et n'avaient pas pu être rattrapés. Ils le seront finalement en fin d'après-midi par une patrouille de policiers, grâce aux descriptions données par la victime et deux témoins.

Lors d'une première audition Nedzat Dubovic a expliqué qu'il habitait actuellement chez sa mère à Mâcon, qu'il était monté à Chalon dans le but de se rendre au centre nautique et qu'il n'était pas l'auteur du vol. Interrogé à nouveau par les enquêteurs, il a fini par reconnaître les faits, révélant que c'est Tobi Mehmeti qui lui aurait suggéré de dépouiller la vieille dame de son argent. Dans le cadre d'une confrontation, les deux hommes ont indiqué qu'ils avaient besoin d'argent, mais qu'ils voulaient s'en procurer sans faire de mal à la victime, et qu'ils s'étaient partagés les 500 € par moitié. Nedzat Dubovic daignant préciser que le vol avait été spontané et que le butin devait servir à acheter à manger et à rentrer à Mâcon. Tobi Mehmeti, beaucoup moins prolixe, revenant même sur ses déclarations, pour dire uniquement qu'il n'avait rien à voir avec cette histoire et qu'il ne savait pas d'où provenait l'argent.

Au cours de ses réquisitions, le procureur Christophe Rode a estimé que les deux prévenus se moquaient ouvertement du Tribunal. « L'un dit qu'il ne parle pas français alors qu'il s'exprime très bien sans le truchement d'un interprète. L'autre affirme tout au long de l'instruction qu'il ne sait pas d'où vient l'argent, alors qu'il a au moins assisté au vol ». Et le représentant du ministère public de poursuivre « On est un peu désarmé, quand des jeunes gens, tels que Dubovic et Mehmeti, débarquent en France et profitent du système ». Auparavant le procureur Rode avait noté, non sans une pointe de dérision, « la grandeur d'âme » des deux mis en cause, lesquels avaient accepté que l'argent retrouvé sur eux soit restitué à la vieille dame.
« Je suis surpris par les réquisitions de Monsieur le Procureur, qui réclame 6 mois de prison ferme » a fait observer Me Damien Varlet, conseil de Tobi Mehmeti. « Mon client est simplement poursuivi pour recel de bien. Il a en France un casier judiciaire vierge. On est là sur un plan strictement pénal ».


« Il faut faire abstraction de leur statut » a souligné Me Benoît Diry, qui défendait Nedzat Dubovic, lequel tombait sous le coup d'une récidive pour avoir été déjà condamné en mars 2011 par le tribunal correctionnel de Paris pour des faits similaires. « On ne peut pas statuer sur la récidive. On a deux casiers judiciaires pour une même personne. Moi j'ai un problème de ce côté-là ».


En définitive le Tribunal a suivi les réquisitions du parquet, en condamnant Nedzat Dubovic à 1 an de prison, assorti d'un maintien en détention, mais il s'est montré plus clément pour Tobi Mehmeti, qui s'est vu infliger 4 mois de prison, également assortis d'un maintien en détention. Les deux prévenus devant également payer 200 € à leur victime au titre du préjudice moral.
 

Gabriel-Henri THEULOT