Saône et Loire

Agriculture et ruralité - Une première étape en Saône et Loire

Agriculture et ruralité - Une première étape en Saône et Loire

Les Communautés de communes auront un rôle important à l’avenir. Pour préparer l’avenir de nos territoires, la FDSEA et les Jeunes agriculteurs de Saône-et-Loire ont engagé avec elles un dialogue que tous veulent constructif. Retour.

Les "Com com" - le diminutif alloué aux Communautés de communes - auront un rôle de plus en plus important dans les mois à années à venir. Leur domaine de compétences est l’économie. C’est à ce titre que l’Agriculture - même si elle ne figure pas directement dans leur champ d’actions - entend engager le dialogue, dans un souci partagé du développement de l’économie, auquel l’agriculture se revendique clairement. C’est à ce titre que la FDSEA et les Jeunes agriculteurs de Saône-et-Loire avaient convié les "Com com" à Blanzy, le 25 juillet, pour, ensemble, se projeter avec efficacité dans l’avenir.

« Nous entendons dire comment on peut travailler de façon plus large au niveau des territoires », signalait Bernard Lacour, président de la FDSEA, se faisant le porte-parole du conseil d’administration. De fait, cette volonté d’ouverture est née lors des riches échanges de la journée de réflexion de Saint-Ythaire en septembre dernier, pour préparer la mandature à venir.

Et, s’adressant aux représentants des "Com com", « notre volonté commune est d’agir pour les territoires dont nous sommes, vous dans vos communes, nous par nos pairs exploitants agricoles, les élus. Agir pour les femmes et les hommes qui nous ont fait confiance ».

Le bon moment

De fait, les élections municipales ont conduit à la mise en place de nouvelles équipes au sein des communes et donc des communautés de communes. Du côté de la profession, de nouvelles équipes ont été mandatées tant au sein du réseau de la FDSEA qu’aux JA et les deux conseils d’administration ont clairement mis en avant leur souhait d’ouverture à destination des partenaires de la ruralité, de ses représentants politiques et de ses acteurs économiques.

De fait, il n’a échappé à personne qu’une nouvelle organisation et une nouvelle représentation des territoires est actuellement en débat sur le plan national. « Dans cette perspective, chacun de nos territoires est amené à se redessiner », rappelait le président de la FDSEA, mettant en exergue le fait que « le développement économique des territoires est une de vos prérogatives » et, à ce titre, rappelant que « l’agriculture et ses emplois sont non-délocalisables, car bien ancrés aux territoires ».

S’il se disait bien conscient que nos territoires ont des attraits en matière de loisirs notamment, Bernard Lacour rappelait que « pour mieux travailler ensemble, ou plus simplement pour travailler ensemble, encore faut-il que nous nous connaissions ». Et c’était là tout l’enjeu de cette première rencontre.

« C’est en effet le bon moment », notait avec pragmatisme Dominique Lotte, pour la communauté de communes du Pays de Gueugnon, rejoint dans son analyse par André Accary pour celle de Paray-le-Monial, rappelant tous deux la montée en puissance programmée des "Com com" dans les mois et années à venir.

Un poids lourd ignoré

Secrétaire général de la FDSEA, Luc Jeannin rappelait l’importance stratégique de l’agriculture en Saône-et-Loire, à l’aide de quelques chiffres clés (voir encadré ci-dessous), soulignant le caractère diffus de celle-ci sur chacun des territoires, ce qui en masque bien souvent, trop souvent, l’importance. Des chiffres qui n’hésitaient à préciser le montant total des indemnités compensatrices allouées dans le cadre de la Pac à notre département, soit 176,4 millions d’€, une somme qui irrigue l’économie de chaque commune.

« Nous vous présentons en toute transparence ces données pour qu’ensemble nous convenions de stratégies efficaces au bénéfice de nos territoires et des femmes et des hommes qui ont fait le choix d’y vivre ».

Une approche fructueuse

Plus encore, Luc Jeannin présentait la FDSEA et ses différents services dans les domaines juridiques et celui du droit rural en particulier, en matière d’emploi également, mais aussi dans le volet syndical et économique. A titre d’exemple, il était fait état de l’achat groupé de gasoil, lequel permet à l’agriculture départementale de réaliser d’ores et déjà quelques 400.000 € d’économies au regard des prix pratiqués en cas d’achat en direct.

« Notre ambition est d’accompagner les agriculteurs dans les évolutions de notre secteur d’activité », concluait sur le sujet Bernard Lacour, soulignant le volet Formation et Information, deux autres prérogatives chères au réseau syndical.

« Le monde agricole a la chance d’avoir su se structurer. C’est certes un avantage, mais parfois cela peut être un inconvénient en matière d’ouverture sur le reste de la ruralité », reconnaissait le président de la FDSEA, invitant les représentants des communautés de communes à réagir.

Un vaste et large tour d’horizon qui prouvait l’urgente nécessité d’un dialogue franc et loyal entre l’agriculture et les collectivités que sont les "Com com", au point qu’au regard de la baisse de la représentation du monde agricole au sein des conseils communautaires, certains élus demandaient à disposer d’un interlocuteur agricole, d’un « référent agricole ». Certains élus n’hésitaient pas déplorer « l’absence du monde agricole dans les instances auxquelles vous êtes pourtant invités », citant notamment les réunions publiques préparatoires à la mise en place ou la révision des PLU (Plans locaux d’urbanisme). Et de mettre le monde agricole en garde : « si vous ne tenez pas toute votre place, on vous oubliera ». La nature a en effet horreur du vide…

Rapidement, il était question de préservation du foncier agricole, le socle même de la production et donc de l’activité agricole. Il était aussi question de l’approvisionnement en produits locaux des cantines scolaires et autres restaurations collectives, et plus globalement de l’aménagement du territoire... Il était encore question de communication, notamment au travers des Fermes ouvertes organisées par la commission des Agricultrices, gage d’un dialogue apaisé en proximité, loin des idées reçues véhiculées par nombre de médias.

Lionel Borey, secrétaire général de la FDSEA, alertait les élus sur l’importance de ne laisser « aucune zone blanche à l’issue de la consultation en cours sur les fonds LEADER. Au cours de cette période de consultation, il se jouera le dispositif qui engagera les six ans à venir ».

Un climat serein

A chaque fois, les interventions des élus de communautés de communes montraient leur bonne connaissance des dossiers suivis, au cours des quelles chacun mesurait l’intérêt réciproque pour la profession comme pour les collectivités territoriales de travailler ensemble au devenir des territoires ruraux.

« Il est urgent que les territoires ruraux se réapproprient leur devenir et cessent d’abandonner cela à des cabinets d’études parisiens ou lyonnais qui nous imposent leurs orientations », notait avec force un élu d’une "Com com" on ne peut plus rurale, manifestement en phase avec l’intervention d’Evelyne Guyon (lire encadré ci-dessous).

« Pour chacun d’entre nous, il nous faut d’abord compter sur nos propres forces et l’avenir de nos territoires, c’est d’abord à nous d’en piloter la destinée », confirmait sans détour et avec force Christian Decerle, président de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, se félicitant du « vrai climat de travail et d’écoute » qui caractérisait la réunion de Blanzy. S’il rappelait l’importance des corps intermédiaires, il n’en déplorait pas moins que nombre d’élus s’en détournent pour céder à « une écoute plus attentive d’un milieu associatif, parfois plus discutable sur ses fondements » et qui « cherche à faire preuve d’autorité ». Et d’inviter chacun à « construire ensemble avec le moins de polémiques possibles le territoire que nous laisserons à nos enfants et petits-enfants ».

Tous en convenaient : bien vivre sur un territoire suppose avant tout de pouvoir y vivre et y rester, ce qui passe par l’économie et sa prise en compte. Le mot de fin revenant à Damien Lemière, secrétaire général des JA de Saône-et-Loire, qui rappelait l’importance majeure de l’installation et du renouvellement des générations en agriculture, gage de dynamisme, de création de valeur ajoutée, et de vie tout simplement au cœur des territoires.

A ce stade, le dialogue est engagé. Nul doute qu’il portera ses fruits dans l’intérêt des territoires ruraux. Ils en ont grandement besoin.

 

Une économie de poids

L’agriculture en Saône-et-Loire est un poids lourd ignoré, mal connu, du fait du caractère diffus de son implantation. Quelques chiffres clés qui en témoignent :

  •  7.700 exploitations pour 12.334 actifs en emplois directs ;
  •  66 % des surfaces de l’ensemble du territoire départemental ;
  •  981,7 millions d’€ de productions, auxquelles s’ajoutent 176,4 millions d’€ d’indemnités au titre de la Pac, soit 11 % du PIB (produit intérieur brut) de la Saône-et-Loire ;
  •  20 % de l’emploi départemental, en incluant les emplois indirects ;
  •  une implantation sur tous les territoires, au travers d’outils coopératifs ou privés, de production, de collecte, de transformation, de mise en marché…

 

Agacements…

Vice-présidente de la Fédération des chasseurs de Saône-et-Loire et membre du CESER à ce titre, Evelyne Guyon a présenté le SRADDT (Schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire), document élaboré sous l’égide du conseil régional de Bourgogne visant à fixer les orientations à horizon 2030 du développement du territoire régional. Dans celui-ci, il est question de "zones de plénitude", "de zones de méditation", où l’on devrait cultiver "la lenteur et la méditation". De quoi agacer cette militante d’une ruralité vivante qui en profitait pour rebondir aux propos d’un élu qui souhaitait que l’on n’oppose pas le monde rural au monde urbain : « OK, mais à la condition que le monde urbain n’impose pas ses visions au monde rural », lui rétorquait-elle. Assez logiquement, l’élu visé n’en restait pas là, déplorant cette intervention inscrite au programme de la rencontre…

Il n’en demeure pas moins que le dialogue suppose la franchise des analyses et leur partage, et aucunement la soumission à l’autre et à ses idées. Le tout dans une approche respectueuse de travail et d’écoute. Et c’était le cas.

 

Nicolas DURAND

L'Exploitant Agricole de Saône et Loire