Chalon sur Saône

Le collectif Chalon-Palestine ne désarme pas. Enfin, façon de parler…

Le collectif Chalon-Palestine ne désarme pas. Enfin, façon de parler…

Même en ces temps où pratiquement plus rien ne compte mis à part la vacuité, il est au moins une poche de résistance qui n’a que faire des us et coutumes du bel endormi qu’est le mois d’août. Mercredi soir les marches de l’Hôtel de ville de Chalon-sur-Saône bougies formant le mot paix, panneaux explicites, banderole, drapeau palestinien, oralités, musique, ont rappelé avec acuité que le collectif Chalon-Palestine rendra –au figuré- coup pour coup à distance dans le combat du pot de terre contre le pot de fer : les querelles israélo-palestiniennes.

« Nous avons choisi le camp de la justice »

Le postulat de cette veillée ne résidait pas dans l’unicité d’un regroupement pro-palestinien, mais l’esprit de solidarité via un militantisme des droits de l’homme au sens large –ici comme ailleurs au demeurant- a prévalu. Le collectif n’a pas vocation à diriger unilatéralement ses récriminations contre les Israéliens donc, enclin cependant à faire appliquer des sanctions à l’adresse de l’Etat d’Israël afin que les droits ne soient pas réduits à la portion congrue, nuance. Le ton était d’ailleurs donné dès le texte d’appel dudit collectif : »(…)Seule la pression internationale  permettra la sortie de cette spirale infernale et établira la paix dans la sécurité pour les deux peuples. Nous devons rester mobilisés pour exiger de nos gouvernants qu’ils mettent en place des sanctions (l’Union Européenne dispose d’un moyen simple : la suspension de l’accord d’association qui accorde des avantages économiques à cet Etat, accord conditionné par le respect des droits humains) contre l’Etat d’Israël jusqu’à son acceptation du droit international qu’il bafoue en toute impunité depuis 67 ans : levée du blocus de Gaza, arrêt de la colonisation, destruction du mur, reconnaissance d’un Etat palestinien. Construire deux Etats et permettre aux deux peuples de vivre sereinement dans des territoires reconnus la communauté internationale  est la seule façon d’assurer la sécurité de tous. Pas de paix durable sans justice sociale et sans respect de l’identité et de la souveraineté des peuples. » (…)

Près de 2000 morts palestiniens…

Par la suite la vie quotidienne des Palestiniens, la lecture d’un poète philosophe palestinien, les témoignages de jeunes israéliens refusant de porter les armes, un poème « Enfance massacrée », des extraits du Palestinien Mahmoud Darwich résumant la position de son peuple, une lettre de  Marouane Barghouti appelé « le Mandela palestinien »…ont enfoncé le clou de l’affliction. Un rapport de l’O.N.U. sur l’opération « Bordure protectrice », dénué de partialité, datant du mardi 12 août concentre des données peu reluisantes : 1962 victimes palestiniennes, avec parmi elles 1419 civils, dont 459 enfants et 238 femmes, 335.000 personnes réfugiées, plus de 330 écoles et 16.700 habitations détruites. Du côté israélien ce sont 64 soldats qui ont perdu la vie, plus trois civils. Ainsi que nous le confiait une personne compatissante, « c’est un hommage aux morts, et au-delà aux populations civiles au formidable courage qui résistent à l’oppresseur (sans oublier les médecins pris pour cibles dans les hôpitaux, pompiers, ambulanciers, employés de la compagnie d’électricité –il n’y a qu’une ou deux heures d’électricité par jour- et tous ces gens qui vont dégager les victimes), ceux qui résistent pour rester chez eux, coincés dans des villages, qui veulent garder leur dignité. Ce que veut l’Etat d’Israël, c’est soit les faire partir, soit en faire des sous-hommes. Ce qui nous fait un peu peur, c’est que l’on ne va plus en parler. Il ne faut pas que ça retombe et qu’il y ait un vrai début de solution. »

« Imposons la paix »

S’exprimant à titre personnel, Yannick Chenevoy aura en guise de final adressé un message virulent d’interpellation à la soixantaine de personnes présentes à cette veillée, fustigeant en particulier le gouvernement français, «donnant pratiquement le feu vert à l’intervention israélienne. Ils se sont sentis soutenus. Nous devons également interpeller très fort l’Union Européenne pour suspendre l’accord de coopération qui est bafoué régulièrement par Israël, ainsi que les entreprises et services publics français qui coopèrent avec Israël. Je ne veux pas être complice d’objets fabriqués en Palestine et revendiqués par Israël. Comme avant en Afrique du sud pour l’apartheid, il faut un boycott économique, culturel…Il faut mettre Israël en face de son mur. Le vrai sens de ce soir, c’est : imposons la paix. »

Prochain rendez-vous fin août afin de délier les langues

Ce n’est pas encore véritablement acté, toutefois il y a de fortes chances pour que la prochaine réunion du collectif ait lieu le mercredi 27 août à 19h, en la Maison des syndicats. Il ne sera pas question de paroles en l’air, mais d’envisager concrètement d’éventuelles autres réalisations.

                                                                                       Michel Poiriault