Bresse Chalonnaise

Un Hamlet revisité avec des coupes claires, pour un résultat jouissif

Un Hamlet revisité avec des coupes claires, pour un résultat jouissif

A événement notoire, cadre ad hoc. C’est dans le parc du château de Châtenoy-en-Bresse que certaines résurgences du passé sont remontées à la surface jeudi soir, Cour des miracles aidant. Avec l’interprétation d’Hamlet de Shakespeare, les profanes ou même les personnes averties pouvaient s’attendre à voir flotter dans l’air une tragédie pesante et oppressante. O joie ineffable, c’est tout le contraire qui s’est produit.

Presque des Chalonnais d’adoption

La Compagnie « Les Batteurs de pavés », montée de toutes pièces en 1999, est à l’heure actuelle installée à La Chaux-de-Fonds. Eloignée momentanément de ses bases, elle a évolué pourtant en région chalonnaise en pays de connaissance. Pour Emmanuel Moser et Laurent Lecoultre, qui se sont rencontrés au Conservatoire de Lausanne, l’année 2007 a coïncidé avec leur premier Chalon dans la rue, et ce fut le déclic pour les faire découvrir des Français. Il y a eu d’autres participations dans ce contexte-là, et même au Quartier de lune, sorte de mini-festival pluriannuel destiné à entretenir les bons automatismes. A Châtenoy-en-Bresse c’est aussi bis repetita, puisqu’ils avaient il y a environ un lustre déjà donné un aperçu de leurs possibilités en jouant « Le Conte Abracadabrant ». « Vous avez l’exception culturelle française, elle existe, préservez-là, cultivez-là ». Un cri du cœur qui ne sera manifestement pas passé inaperçu à l’issue du spectacle. Sentimentalement un petit quelque chose a réalisé sa percée…

Tous les ingrédients pour une soirée dynamisante

Des Suisses férus de théâtre de rue qui se lancent à corps perdu dans des tirades so british, ce sur des terres bressanes, ça ne manque pas d’originalité, avouons-le. Vive l’internationalité ! Surtout qu’à l’état brut la plus longue tragédie de William au travers du prince du Danemark n’est pas exempte de faits et gestes, retournements de situation à n’en plus finir. Avec son lot de trahison, d’hémoglobine, roublardise, folie, d’ectoplasme, d’empoisonnement etc. il y a là de quoi faire durer le suspense. Si le respect de l’auteur s’avère indéniable, le formalisme ne l’est pas scrupuleusement. Et pour cause ! Autant malgré tout tailler dans la masse via des routes buissonnières et des raccourcis afin de ne point démotiver celles et ceux qui n’avaient pas forcément envie d’y passer la nuit ! Intuitifs, les comparses auront fait leurs les chemins de traverse, histoire d’imprimer un rythme percutant et de tenir en haleine autour d’eux. Peu parcimonieux quant aux bidonnantes interventions, Manu et Laurent n’étaient pas en mesure d’accomplir seuls l’ensemble de la besogne à abattre. C’est pourquoi, au nom  d’une interactivité poussée, il fut fait appel à beaucoup de figurants, très jeunes pour la plupart, à qui les rôles phares devaient être confiés d’office. Cette incorporation improvisée additionnera un surcroît de fantaisie et d’aventures rocambolesques, nullement désavouées par un public au bord de la crise de larmes…de rire.

Prochain arrêt Lans : tout le monde descend !

L’itinérance de la Cour des miracles, drivée par le réservoir de Saint-Marcel, trouvera, à défaut de gîte, le couvert. Jeudi 21 août à partir de 19h ce seront d’abord les réjouissances autour du barbecue (4 euros les deux sandwichs et les deux boissons) sur le terrain de pétanque de Lans. Un semblant de fête villageoise fédératrice. Puis à 21h entrera en scène la Cie Joe Sature avec « Offre spéciale » (du théâtre et des chansons décalées). Comme à l’accoutumée ce sera gratuit, et ça s’adressera à tout public.

                                                                                 Michel Poiriault