Bresse Chalonnaise

La Cie Joe Sature, pas le public de Lans, qui ne l’a pas entendu de cette oreille

La Cie Joe Sature, pas le public de Lans, qui ne l’a pas entendu de cette oreille

Le 6ème étage des 7 que comporte la fusée Cour des Miracles mise sur sa rampe de lancement par le Réservoir de Saint-Marcel, s’est opportunément décroché jeudi soir à Lans. En sont sortis deux des trublions de la Cie Joe Sature et ses Joyeux Osselets pour offrir une prestation au rapport qualité/prix tout ce qu’il y a de plus raisonnable. « Offre spéciale » a fait profil bas.


Aux petits maux les petits remèdes

La vie n’a pas toujours été tendre avec Gérald et Régis, obligés de faire machine arrière consécutivement à leur licenciement d’un orchestre de bal réputé. Puisqu’il faut bien tôt ou tard relever la tête et retrousser ses manches, les deux artistes ont redémarré à 0, avec les moyens du bord. Exister encore sur scène, oui, mais du fait de leur précarité avancée, sans esbroufe car avec un minimum ils ne peuvent se permettre aucune extravagance. « Nous, ce qu’on fait, c’est du spectacle discount. On est devenus les Lidl du spectacle », a balancé à la cantonade le guitariste Gérald. Puis d’étayer ses propos : » Nous n’avons pas de matériel (ce malheureux batteur de Régis ne disposait que d’un carton NDLR !), pas de pub, de toute façon quand on entre dans un supermarché on voit notre nom partout : « Offre spéciale » !

Très pince-sans-rire, sarcastiques, piquants, fatalistes endurcis, humoristes masqués, les deux complices ont devisé sur des sujets au premier abord sérieux, cependant détournés de leur sens premier : les intermittents (là, d’une manière nettement plus grave au terme de leur intervention), les droits d’auteur, la SACEM…Entre monologues ou parties de ping-pong verbales, des chansons telles que « Gratte-moi le dos chérie », « On devrait danser tous les jours », « Perverses contractuelles »…ainsi qu’un autre texte fait maison sur toutes les idoles qui partent à l’autre bout de la planète ont été leurs roues de secours. « Ces pauvres vedettes se font piquer tout leur blé par les pirates de l’Internet. Johnny Hallyday, il paraît que ce n’est pas lui qui chante. Il paraît que c’est même pas lui qui boit ! » Il ne fallait pas s’attendre au miracle, tirer les choses et la qualité vers le bas par nécessité économique, n’aura accouché que d’une souris.

Errements au rabais quand vous nous tenez…Enfin, c’est leur version stylistique. Car le public, massif comme à chaque aventure, a lu entre les lignes et s’est mis en mode détente du début à la fin, but de la manoeuvre. C’est dire si le malheur (présumé) des autres peut faire –effrontément- le bonheur des autres…

La fin des haricots arrive à grands pas. Hélas !

Le jeudi 28 août signifiera la « fin des hostilités » pour la Cour des miracles 2014. C’est en effet devant la maison-mère, le Réservoir, qu’à Saint-Marcel les bonnes gens assisteront à la mise à mort de cette manifestation mobile en vigueur depuis dix ans. Le mot est sans aucun doute disproportionné pour une chute qui s’annonce explosive et festive de par la fanfare Impérial Kikiristan, laquelle préfèrera malgré tout son hymne à la vie n’engendrant pas la morosité. A partir de 21h. Accès libre, tout public. Barbecue dès 19h (deux sandwichs et deux boissons pour la modeste somme de 4 euros).

                                                                                 Michel Poiriault