Chalon sur Saône

TRIBUNAL DE CHALON - Il va acheter du ruban adhésif et évite de peu la prison

TRIBUNAL DE CHALON - Il va acheter du ruban adhésif et évite de peu la prison

Cyril doit déménager dans quelques jours de Chalon à Saint-Rémy. Mais il s'en est fallu d'un rien que ce jeune homme, qui aura bientôt 28 ans, ne puisse pas effectuer le déménagement.

Vendredi après-midi il a ainsi échappé de peu à un petit séjour au centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand. Le tribunal correctionnel de Chalon, qui le jugeait pour conduite sans permis de conduire et surtout pour détention, transport, et usage de stupéfiants, n'a pas en effet décerné le mandat de dépôt réclamé par le ministère public.
Mercredi après-midi, Cyril, en pleine préparation du déménagement, s'est rendu compte qu'il n'y avait plus de ruban adhésif pour fermer les cartons et a décidé, même s'il n'a pas de permis de conduire, de prendre le volant en vue d’aller en acheter dans une grande surface spécialisée dans le bricolage. Mal lui en a pris, car sur le trajet il a fait l'objet d'un contrôle routier par la police et n'a pas pu présenter le précieux document. Pour ce fait le prévenu tombait sous le coup d'une récidive pour avoir déjà été condamné par cette même juridiction le 11 mai 2010. Mais ce n'est pas tout... En regardant de plus près la voiture, un policier, à la vue affûtée, s'est aperçu qu'un bout de couleur marron dépassait de la glissière du siège. Aussitôt l'automobiliste a indiqué qu'il consommait de l'héroïne. Au final il a été trouvé en possession de 6 g de cannabis et de 41,4 g d'héroïne. Et à son domicile les policiers ont découvert tout le matériel du parfait héroïnomane prêt à l'usage. De quoi ne pas arranger ses affaires, puisqu’il tombait une nouvelle fois sous le coup de la récidive pour avoir déjà été condamné par le tribunal pour enfants de Dijon le 3 octobre 2006 pour des faits identiques.
Pour sa défense Cyril a signalé qu'il s'était inscrit au permis de conduire à Besançon mais qu'ayant quitté cette ville il avait du arrêter et que depuis il essayait de passer le code en candidat libre. Il a aussi confié qu'il consommait de l'héroïne depuis une douzaine d'années, qu'il se fournissait au Creusot, et qu'il en achetait en fonction de ses ressources. S'adressant au prévenu, le président Laurent Marcel a fait remarquer « Vous avez un travail en CDI, vous avez une compagne, vous avez le bonheur sous la main, pourquoi le chercher dans la fumée ». Cyril a alors précisé que s'il avait rechuté, c'était en partie parce que son père était décédé tragiquement dans un accident d'avion et parce que sa mère était actuellement très gravement malade.
Le vice-procureur Aline Saenz-Cobo a fait état du casier judiciaire et de la personnalité du mis en cause et a mis en avant la quantité importante d'héroïne. « Plus de quarante grammes, ce n'est pas rien ». Afin d'éviter que l'inculpé ne succombe à ses « vieux démons » la représentante du parquet a demandé notamment 4 mois de prison ferme avec mandat de dépôt immédiat.
Conseil de Cyril, Me Elina Gautron a rappelé que son client avait tout de suite coopéré avec les enquêteurs, qu'il était quelqu'un de pas feignant et qu'il avait un travail qui lui plaisait. « En France il y a plus de cinq millions de chômeurs. Monsieur a la chance d'avoir un emploi en CDI mais il craint, si vous l'envoyez en prison, de perdre son travail et s'il perd son emploi de perdre aussi son logement, sa compagne. Je vous demande de ne pas compromettre son avenir ». 
Message entendu. Finalement le prévenu a écopé de 9 mois de prison, dont 5 mois avec sursis, assorti d'une mise à l'épreuve de 2 ans avec obligation de soins avec exécution provisoire.


Gabriel-Henri THEULOT