Saint-Marcel

La Cour des miracles 2014 a péri. L’Impérial Kikiristan a quand même réussi à faire passer la pilule

La Cour des miracles 2014 a péri. L’Impérial Kikiristan a quand même réussi à faire passer la pilule

Le rideau est définitivement tombé sur la saison, la dixième, de la Cour des miracles. Tout s’était mis en branle à Saint-Marcel le 10 juillet, et c’est dans cette « capitale » de la manifestation aux sept ramifications (avec Oslon, le port de plaisance de Chalon, Epervans, Châtenoy-en-Bresse, Lans) que jeudi soir la dernière page de l’escapade d’une certaine cohésion sociale s’est refermée, devant le Réservoir, catalyseur culturel. En fanfare, preuve irréfutable que tous les adieux ne sont pas tristes.

4200 spectateurs pour l’ensemble de la programmation

Mais avant de laisser le charme du clou de la soirée opérer, les nombreux spectateurs ont été gratifiés d’un agréable intermède grâce au Service Enfance Famille de Saint-Marcel, durant lequel dix jeunes se sont initiés au cirque avec la Compagnie Boumkao (celle-ci sera l’organisatrice du festival de Rully « la planche à clous » les 26, 27 et 28 septembre) la semaine écoulée. Une bonne mise en bouche, et la présentation des six heures de besogne abattue. A titre anecdotique, apprenez que, par ailleurs, mis bout à bout les merguez-saucisses et le pain des barbecues d’avant-distraction  totalisent une longueur de 15 km ! Quant au premier magistrat de la cité locale, Raymond Burdin, il n’a pu que se louer publiquement du succès populaire et du bien-fondé de ces rendez-vous annuels de belle facture. « 4200 spectateurs ont applaudi les différents divertissements proposés. Les spectacles ont séduit, dérangé, réjoui, interpellé », a-t-il résumé.

La scène a tremblé sous les assauts frénétiques des faiseurs de musique

 

Et le moment tant attendu par toutes les personnes de sortie, la parfois iconoclaste tenue sur les planches de l’inclassable Impérial Kikiristan du Tournugeois formée en 2006 se produisait. Pourquoi les séparations devraient-elles très souvent entachées de tristesse, mélancolie ? Avec la fanfare de rue sus-nommée l’abattement a très clairement été prié  de prendre la tangente sans autre forme de procès. Foin de formation carrée le petit doigt sur la couture du pantalon, mais bien plus sûrement une farouche partisane de la fantaisie, spontanéité, joie de vivre, exhortation à se manifester et à se mouvoir dans la fosse. Ces ambassadeurs du  Kikiristan, ce pays illusoire qui n’a d’existence que celle qu’il veut s’autoattribuer, auront fait le grand écart entre tradition et modernisme, en alignant des compositions ou des reprises de  musiques du Monde, n’occultant pas certains styles musicaux (rock, rap…). Ils auront, même dans la langue qui leur appartient, et cuivres en figures de proue, mouillé le maillot, multiplié les attitudes, orthodoxes ou non, faisant corps à la limite de leurs possibilités avec leur instrument fétiche, et électrisé l’atmosphère avec un bel allant communicatif. Les sept musiciens ont secoué le cocotier avec un entrain récurrent. Le but était atteint : clore ce dixième chapitre d’une manière tonitruante et illuminer la nuit  devant tant de notes de gaieté.

                                                                                                  Michel Poiriault