TRIBUNAL DE CHALON - L'épilogue judiciaire de relations de couple très compliquées

C'est une énième version de « Je t'aime... moi non plus », qui a été proposée vendredi après-midi au tribunal correctionnel de Chalon...

...lequel jugeait en comparution immédiate Yoan, un habitant de la région chalonnaise, poursuivi pour des faits de violence aggravée par trois circonstances sur la personne de Katia, sa concubine depuis fin 2013. Une version où l'alcool est en toile de fond. Comme l'a souligné Me Elina Gautron, avocate de la défense, « l'état d'ébriété est fréquent chez les deux » et quand ils ont trop bu les choses dégénèrent rapidement et régulièrement. Les nombreuses plaintes et mains courantes déposées auprès de la police et de la gendarmerie en attestent.
« Je t'aime... moi non plus », puisque, après s'être insulté, empoigné, tapé dessus, on se réconcilie, on oublie tout et on fait un enfant ensemble. Katia est en effet enceinte de dix-huit semaines mais, comme dans le couple rien n'est facile, Yoan a dit clairement au Tribunal qu'il ne reconnaitrait pas cet enfant. « Je t'aime... moi non plus », car la victime, qui a fait l’objet de 3 jours d’ITT, après avoir demandé des dommages-intérêts et avoir contesté les déclarations de la partie adverse au cours de l'audience, n'a pas manqué, à l'issue du jugement envoyant le prévenu six mois derrière les barreaux, de s'inquiéter auprès du conseil de l’inculpé sur le sort de ce dernier.
Les faits qui ont conduit Yoan devant le tribunal correctionnel de Chalon se sont déroulés le 27 août dernier à Gergy. « Nous avons deux histoires différentes avec les mêmes acteurs » a fait observer le président Laurent Marcel. Car bien évidemment la version du mis en cause diffère de celle de la victime. Ce qui est certain c'est que le couple s'est disputé à propos de la famille de madame et que monsieur, qui avait déjà bu auparavant un petit verre d'alcool de poire et quelques bières, est parti « se calmer » sur les bords de Saône avec la bouteille d'alcool de poire. Il est ensuite revenu à son domicile et, après avoir « cuvé » un moment à l'intérieur de sa voiture, a souhaité récupérer ses affaires. Et c'est là que tout est parti en vrille... Après lui avoir craché dessus, Yoan a saisi Katia par la nuque et lui a asséné un coup de tête dans le nez.
Le casier judiciaire du prévenu, qui pendant quelques minutes n’a plus voulu répondre aux questions du Tribunal, fait apparaître plusieurs mentions, dont a eu du mal à se souvenir le principal intéressé. « Vous êtes encore jeune pour avoir la maladie d'Alzheimer » a ironisé le président Marcel.
« On est dans un cycle apparent de violences. Cette situation de violences se répète dans ce couple, avec deux personnalités fortes » a estimé le vice-procureur Aline Saenz-Cobo. « On a affaire à quelqu'un de très impulsif, qu'on ne peut pas contrôler » a ajouté la représentante du ministère public, avant de requérir à son encontre notamment 6 mois de prison ferme avec mandat de dépôt immédiat.
Après avoir souligné que son client n'avait pas fait de difficultés pour reconnaître les faits, Me Gautron s'est principalement efforcée d'atténuer les charges qui pesaient contre lui. L'avocate de la défense a rappelé notamment que la victime, qui par ailleurs souffre d'une grave maladie, buvait aussi et qu'alcool et anxiolytiques constituaient un cocktail pour le moins détonant. Me Elina Gautron a aussi fait observer que Katia avait une attitude ambivalente et qu'une partie de ses déclarations devait être prise avec un point d'interrogation.
En définitive le Tribunal a suivi pleinement les réquisitions du parquet, en condamnant Yoan à 1 an de prison, dont 6 mois avec sursis, assorti d'une mise à l'épreuve de 2 ans, avec obligation de se soigner, d'indemniser la victime et de ne plus rencontrer cette dernière. Le prévenu devra en outre payer 100 € au titre du préjudice matériel et 300 € au titre du préjudice moral.

Gabriel-Henri THEULOT