Photos, vidéos, textes, musique, l’expo de Doriane et Thomas se veut le reflet scintillant de la vie

Doriane Molay et Thomas Durand s’entendent comme larrons en foire au plan artistique. Chacun dans son registre d‘activités a quelque chose à faire valoir, et les deux font front commun contre l’incréativité. C’est tout bénéfice pour les Chalonnais, qui pourront nourrir ce week-end leur sensibilité culturelle par le biais d’une expo où l’efficiente complémentarité le disputera à l’effet de surprise. En prime, un orchestre s’intercalera entre les plages de contemplation et d’écoute. Voyez-vous, franchement des raisons objectives de faire l’impasse sur ce rendez-vous fructueux, et gratuit ?

Une complicité prolifique et profitable aux regards extérieurs

Ces deux jeunes (la première a vingt ans, est étudiante aux Beaux-Arts et en fac de lettres à Paris, le second dix ans de plus, est élève au Conservatoire chalonnais en vue du DEM de musique actuelle et amplifiée), travaillent ensemble depuis deux ans, mais c’est la première fois qu’ils vont exposer côte à côte. Chalon-sur-Saône sera donc en la matière leur baptême du feu. Rien à perdre donc, tout à gagner cependant pour cette œuvre globale ! Condition sine qua non avant de découvrir la suite : le coup de cœur pour le lieu idoine, ce qui sous-entend un gros boulot d’adaptation. L’Atelier Larue constituera l’appel d’air, 1-3 rue Gauthey ; c’est situé en face du jardin de l’Arquebuse, au fond de la cour à droite. Malgré leurs différences, ils marchent tous deux sur les plates-bandes de l’inconscient, la pulsion. La mort, la vie, le sexe…bref tout ce qui participe des coups d’éclat, des bassesses, des joies, des peines, de l’existence forme leur univers revendiqué. Il y aura des textes, c’est une chose. Ainsi que des images, de la vidéo (Doriane), Thomas, lui exploitera son penchant pour le son.

Prendre son courage à deux mains et questionner les élaborateurs

« On n’est pas dans l’abstraction, même si ça ne saute pas aux yeux pour ce qui est dit et donné à voir. » Alors, de deux choses l’une : ou vous vous contentez de votre propre subjectivité, et vogue la galère quitte à repartir frustré. Ou bien vous estimez que cet agglomérat d’émotions, de réflexions mérite encore mieux, et c’est la rencontre avec les artistes qui vous approvisionnera en éléments tangibles pour une lecture conforme en tous points au sens originel. Selon Doriane : « C’est créer quelque chose, et venir s’abandonner un peu, perdre ses repères. Il faut venir avec l’esprit ouvert, pour discuter, donc nous apporter énormément. On pourra fournir des explications.» Ce qui signifie joindre l’utile à l’agréable, moments didactiques à l’appui, même s’il est capital que tout un chacun ait interprétation et ressenti a minima. D’après son alter ego masculin, « c’est vraiment une continuité naturelle, on n’a pas vraiment de plan(s) pour l’avenir. Je pense qu’on va encore travailler longtemps ensemble. Pour nous ce n’est que du plaisir. » Si un des secrets de l’existence c’est de se détacher du résultat, toujours est-il qu’outre le fait d’exporter le fruit de leur labeur là on où consentira à lui dérouler le tapis rouge à l’avenir où que ce soit, sachant que chaque endroit se caractérise notamment par son unicité, ce ne sera jamais conséquemment du copier-coller. Par ailleurs Doriane et Thomas ont un temps d’avance : « Un projet vidéo assez long, ça va se faire doucement, mais ça va se faire. » Esprits féconds lorsque vous vous turbinez sans cesse…

Le groupe Jekyll invité en tant que gros bonus

Samedi 6 septembre l’ouverture des portes aura lieu à 19h (accès libre, il n’y a d’autre part rien à vendre). A l’issue d’une heure d’immersion dans le royaume d’un ailleurs interloquant, le premier concert (une demi-heure) à 20h du groupe Jekyll (formation chalonnaise versant dans l’électro-folk), sera suivi d’une seconde heure d’immersion, tandis qu’après M. Hyde fera son show. Et ainsi de suite…Buvette et restauration rapide. Le dimanche, la durée consacrée à l’expo a été fixée de 14h à 19h.

                                                                             Michel Poiriault