Faits divers

Violence aggravée à Château : trois jeunes condamnés

Ils sont trois, âgés de de 19 à 25 ans. Une jeune femme et deux jeunes hommes. Le 1er février dernier, ils ont décidé, à l’issue d’un repas et de quelques échanges agressifs sur réseau social avec une autre jeune fille de se rendre chez elle, à Château. Ils l’ont blessée elle et son père. Et à la barre, trouvaient encore ça tout à fait « normal »…

Kévin, David et Catherine. La femme est la plus âgée. Queue de cheval, taille de guêpe, elle s’exprime assez bien à la barre. Dans la nuit du 1er février dernier, avec deux jeunes hommes dont son copain (David)  et un pote qui passait partager un repas (Kévin),  elle a frappé avec une matraque, tiré par les cheveux et giflée Hermine (prénom changé) une jeune fille qui jadis était sortie avec son amoureux. Échange sur un réseau social bien connu où l’on retrouve dans le fil de la conversation des mots comme « pute » ou de douces expressions sur des textos comme « Je vais te briser les jambes » plantent le décor précédant les « explications ». Car pour la jeune fille et ses deux collègues, tout cela n’est qu’ « explications ». « A 10 h du soir ?, questionne le président Santourian, nouveau à ce poste à l’audience correctionnelle mâconnaise. Je crois que vous et moi ne donnons pas le même sens au mot « explications »… »

La jeune femme estime encore la réplique violente tout à fait légitime. Elle parle d’insultes et de ragots proférés par la jeune mineure à son encontre et contre son compagnon, a visiblement été assez intime avec elle à une période.  « Qu’est-ce qui vous empêchait de porter plainte à la gendarmerie contre tout ça ?, requestionne le président. Vous savez, certains font des mains courantes à la gendarmerie pour moins que ça… »

La jeune femme, comme ses deux copains, n’y a pas pensé. « C’est vrai que j’étais à cran », dira-t-elle. « Avant de partir à Château, j’ai demandé à Kévin de prendre la matraque. Son père [d’Hermine] était chasseur, il pouvait avoir un fusil ».

Et à Château, devant le domicile familial d’Hermine, c’est « un film » comme dira une voisine témoin de la scène. Violent. Deux fois, le père se fait foncer dessus par Kévin, au volant de la voiture et l’évite au dernier moment. Il est ensuite matraqué par David, le petit copain. Le papa n’est pas un gringalet. Carré, costaud, barbu, boucles d’oreilles, un physique de rocker alternatif à chanter « Les garçons bouchers » ou les « Wampas ». Il s’est protégé des coups avec son bras. La matraque s’est brisée. Fracture du cubitus. Depuis, le père de famille n’est plus en mesure d’assurer comme avant ses missions de travail et sa blessure n’est pas encore consolidée…

L’avocate d’Hermine et de son père parle d’un « sentiment détestable face à ce rodéo,  à cette expédition punitive », demandera une expertise médicale et un suivi psychologique suite au traumatisme pour la jeune femme et a demandé une provision de 5000 euros pour le père et 3000 € pour Hermine. « On est dans un acte odieux. Ils se sont fait attaquer devant chez eux ! ».

Le procureur, qui s’est dit affligé par « le manque de conscience des agresseurs de la gravité de leurs actes », davantage par leurs témoignages à la barre car « il est clair qu’ils estiment encore avoir bien fait ». Il  a souligné que la famille d’Hermine « s’était défendue à mains nues contre de gens armés ». Il a réclamé dix mois de prison ferme contre David, celui qui administré le plus de coups au père. David a un casier judiciaire. Il a réclamé six mois avec sursis pour Catherine qui a frappé Hermine et 4 mois avec sursis pour Kévin. Et il a rappelé que la matraque utilisée avait été déformée par les coups…

Me Labaume, l’avocate de Kévin, le conducteur et pote du couple l’a décrit comme « le bon copain qui est resté là » [et a prêté la matraque… NDLR] . Elle a demandé la relaxe. A souligné que son client était le seul qui travaillait de la bande des trois et a insisté pour qu’il ait une amende.

Après délibération à la fin de l’audience, les trois jeunes ont été reconnus coupables de violence aggravée avec armes. David a été condamné à six mois de prison ferme. Catherine à 4 mois de prison avec sursis et à une amende de 100 euros. Kévin a lui écopé d’une peine de trois mois avec sursis.

 

Florence Genestier