Opinion de gauche

Haro sur les époux Thévenoud : trop facile.

Les Tartuffes ont sorti leurs chiens de garde « cachez cette tache que je ne saurais voir ». Depuis une semaine, le monde politique, médiatique, semble découvrir les dérives possibles d’un élu de la République. Posture facile qui leur permet de se déclarer chantres d’une vertu qu’ils appliquent d’abord aux autres, à ceux qui se font prendre les doigts dans le pot de confiture.


Ce que je pense de Thomas Thévenoud ne date pas de la semaine dernière. Ancien du PS 71 (courant Hamon), que j’ai quitté en 2008, j’avais pu prendre la mesure du personnage : le bon élève du système, celui qui en a bavé pour en arriver là, qui trouve normal que le système broie et casse, le pouvoir est à ce prix.


Son limogeage, sur le coup, m’a fait rire, tant les motifs étaient ridicules. Un banal différent avec le fisc, comme j’en vois passer pas mal dans mon bureau de travailleur social. Le bon élève mis au piquet pour avoir trafiqué son bulletin de notes.
Puis sont arrivés les autres bons élèves, les mêmes qui cassent, broient, écrasent les concurrents du même bord qu’eux pour devenir le bouffon du roi, le chouchou du maître. Un homme est à terre, vite il leur faut lui mettre un coup de pied, lui cracher dessus un peu plus, attirer sur lui l’attention pour que les gens restent bien focalisés sur lui et ne s’interrogent pas trop sur le système qui a permis cela.( Je ne « source » pas mes propos, je ne suis pas journaliste, et un simple surf sur le net permet de vérifier tout ça).


Car Thévenoud est un pur produit du système. Il l’a cautionné, approuvé, défendu, était payé de retour comme « le meilleur d’entre nous » attribué comme toujours rapidement par un Montebourg très inspiré à Frangy (ce jour là il a fait coup double : il a préparé son éviction du gouvernement et adoubé un chevalier bien bancal).
Je devrais faire partie de la meute. Depuis 2012, je refuse de serrer la main à Thomas Thévenoud (on est « pays »), j’exècre foncièrement ce qu’il est, ce qu’il représente. Mais crier avec les Rebsamen, Dray, Désir, Sapin et compagnie – pour ne prendre que des socialistes-, m’est impossible. Une fois la proie lapidée, éviscérée, enterrée, ils continueront leur chasse, leur danse du scalp, la vie reprendra son cours et rien ne sera changé. Prêts à accueillir un nouveau Thévenoud, Cahuzac ou Balkany…la liste est longue.


Ils vont –peut-être-  renforcer un peu (mais pas trop) les contrôles, faire moult promesses (ça, c’est sûr) mais parlera-t-on de référendum révocatoire, de limitation du nombre des mandats dans le temps et autres mesures pas si révolutionnaires que ça ?


Le référendum révocatoire serait plus efficace qu’une simple pétition. Qu’un nombre suffisant de citoyens concernés ( de la circonscription du député par exemple) le demande, on révoque l’élu concerné et on refait une élection. Monsieur Thévenoud n’aurait pas à se poser la question de sa démission.


Limiter la durée de la carrière politique (un, deux ou trois mandats, sans cumul, et on retourne dans la vraie vie), est encore le meilleur moyen d’avoir des élus raccords avec la réalité, qui ne se construisent pas une carrière mais sont bien « au service de »…


Propos utopistes  que ces gens « de bons sens » se garderont bien de proférer.


Oups, Monsieur Thévenoud n’a pas payé son loyer ni ses amendes, alors désolé, on ne va pas pouvoir parler de ces belles et nobles mesures, mais pas réalistes, mon bon monsieur…


J’ai titré sur les époux, et je n’ai pas parlé de Madame.


Mais parce qu’il ne faudrait pas en parler. Elle est salariée, sur un poste certes politique et hautement éjectable, mais…SALARIEE. Et elle est limogée, suspendue (ça périphrase beaucoup), bref sanctionnée pour irrégularité fiscale. Et de quel droit ? Oui, je parle de droit. Un coup d’œil au code du travail, aussi malmené soit-il, n’est pas superflu.  Dans la (grosse) boite où je travaille, qui m’alloue un bureau où défilent ceux qui sont en délicatesse avec le fisc, une saisie sur salaire n’est pas un motif de licenciement ni de quelque sanction que ce soit.
Mais une curée est une curée, on jette le bébé avec l’eau du bain, et la mère avec.


Marre donc de tous ces tartuffes, politiques et journalistes « introduits » ensembles, qui se repassent les plats car la soupe est bonne.
La recette de la soupe, on la garde, Il y a bien quelques croûtons rassis, rances ou pourris qui en sortent régulièrement, mais surtout on ne change rien,
Elle est pas belle la vie

Jean-Michel LABONNE