Châtenoy le Royal

Stéphanie respire le bonheur d’adorer les chats par tous les pores de sa peau

Stéphanie respire le bonheur d’adorer les chats par tous les pores de sa peau

Elle était plutôt auparavant encline à des relations affectives très fortes avec les chiens. La vie parfois n’en fait qu’à sa tête sans rien demander à personne, et assène, mine de rien, ses vérités qui tiennent davantage de l’évolution que de la révolution. Une place se libérant à la S.P.A.de Châtenoy-le-Royal, Stéphanie s’était mise sur les rangs, et c’est ainsi que depuis le 20 septembre 2004 elle y est responsable des chats, absolument conquise par toutes les qualités de cet animal. De l’or en barre.

Indépendant dans une certaine mesure mais nullement insensible ni inexpressif

Néanmoins la jeune femme a dû passer par un stade éthologique. « Il faut apprendre son mode de communication. Par exemple, un chat qui remue la queue est contrarié. » A force d’observations et de promiscuité Stéphanie a fini par faire ami-ami avec le mammifère carnivore. «C’est un métier passion, si c’était à refaire, je le referais.  Je suis une amoureuse des chats. Ce n’est pas parce qu’on le nourrit qu’il nous aime. Il nous aime gratuitement. Beaucoup de gens trouvent les chats très intéressés, ingrats. Il y en a un qui souffre de la couleur de son pelage : le chat ténébreux. On n’est plus à la période de l’Inquisition, les chats noirs porteraient malheur, c’est une des premières questions que je pose aux éventuels adoptants », indique Stéphanie. A l’heure actuelle le refuge Ernest Lhenry n’est pas en capacité d’accueillir de nouveaux arrivants. « Nous avons dépassé la centaine maintenant. Pour éviter la prolifération, on fait partir de chez nous tous les adultes opérés. Sur les chatons on effectue un travail de sensibilisation auprès des personnes. Il faut dissuader les personnes d’abandonner leur protégé, les inviter à nous appeler. La majorité des chats, des deux sexes, pissent partout pour marquer leur territoire. Ils sont plus casaniers lorsqu’ils ont été opérés, se battent moins, recherchent moins l’aventure, transmettent moins les maladies…ça leur rallonge la vie considérablement. Il y a cependant deux inconvénients : la prise de poids, et chez les mâles, des cas de blocage urinaire. »

Beaucoup de chats attendent leur heure, certains avec de l’espace et des commodités, d’autres se languissent dans des cages en déprimant le cas échéant…

Avec un taux de fécondité élevé c’est un peu la quadrature du cercle quand les chats de gouttière sont livrés à eux-mêmes dans la nature. « Une chatte peut faire des portées (de sept à huit chatons) tous les deux mois…Au refuge ce sont essentiellement des chats européens, quelquefois il y a des chats typés de race. On arrive sur une période faste pour les chats. Les femelles partent plus que les mâles. Il y a des gens exigeants, d’autres, non », se réjouit la « mère chat », qui travaille également avec Béatrice. Stéphanie n’a pas d’atomes crochus avec tous, mais au moment de la perte de l’un de ses bien-aimés, de maladie ou de vieillesse, ce sont toujours des instants douloureux. Pareillement en cas de libération. « C’est un mal pour un bien quand des gros chouchous partent. Mais on ne les laisse pas partir chez n’importe qui. On ne veut pas être intrusifs, mais on pose des questions pour savoir si le chat pourra s’adapter. L’idée, c’est de les placer à long terme, il y a très peu de retours. Les chats ont besoin de gens calmes, doux. Ici on refuse de sacrifier de vieux chats très gentils pour en faire entrer d’autres », tient-elle à affirmer péremptoirement. Ailleurs, il arrive que des situations insensées se produisent. « J’ai l’impression qu’on voit pas mal de cas en ce moment de gens qui laissent leur animal quel qu’il soit en place en maison ou en appartement  quand ils déménagent », déplore la salariée qui a trois chats chez elle. L’emprisonnement à leur corps défendant n’a pas été chose aisée à avaler puis assimiler. « J’ai mis des années à accepter que les chats soient soient enfermés alors qu’ils n’ont rien fait. » Elle bénéficie par ailleurs de l’apport inestimable d’une super bénévole, Josette, à raison de quatre fois hebdomadairement pour soutenir le moral des troupes en tendant vers la sociabilité des raminagrobis, ainsi qu’en leur rendant la vie plus douce. La suite vous appartient, entre responsabilisation, motivation et affinités… »Les gens doivent réfléchir mûrement avant de prendre un animal. C’est pour une vingtaine d’années, ce n’est pas un jouet, il y a nécessité de le faire opérer. D’autre part, il conviendrait d’arrêter de nous amener des animaux qui ont l’air d’être juste perdus », conclut la porte-parole des mistigris.

                                                                                          Michel Poiriault