Saône et Loire

Les notaires de Saône et Loire sont en colère et ils le font savoir au Préfet

Les notaires de Saône et Loire sont en colère et ils le font savoir au Préfet

Entre deux cent cinquante et trois cents personnes, notaires et divers employés des études, ont défendu leurs intérêts face à la réforme gouvernementale des professions réglementées devant la préfecture de Mâcon hier après-midi. Une mobilisation aussi rapide que rare de la part d’un métier qui compte une majorité de petites entreprises, peu habituées à se fédérer. Ce jeudi 18 septembre, une délégation de notaires en colère doit rencontrer Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie et Christiane Taubira, la Garde des Sceaux.

Ce 17 septembre était une journée d’action des notaires partout en France. Un rassemblement national s’est déroulé place de la République à Paris. Le gros des troupes, resté dans les études a opéré des regroupements devant les préfectures.

A Mâcon le mot d’ordre a recueilli un franc succès puisque les 87 notaires du département, avec leurs employés étaient presque tous là. Au pied des tours Saint-Vincent, la photo de famille est impressionnante. « On est au moins trois cents !, se réjouit la vice-présidente de la Chambre des Notaires de Saône-et-Loire, Martine Thomas-Crollet, qui exerce à Chagny. Affiches apposées sur les grilles de la préfecture, micro, petites pancartes, discours. Ils sont venus en nombre de toutes les études du département, et ils ne sont pas contents.

La cause ? La réforme des professions réglementées envisagée par le gouvernement. Sur le fond et la forme, rien ne les réjouit. « On a sauté sur les professions réglementées en promettant, comme Montebourg l’a fait en un discours en juillet et en s’appuyant sur le rapport de l’IGF (Inspection générale des finances), six milliards d’euros d’économies aux Français. C’est utopique et sans aucun fondement. Nous, on applique des tarifs qui sont justement fixés par le gouvernement ! Il y a 48.000 collaborateurs en France dans nos études. Si la réforme aboutit comme elle est envisagée aujourd’hui, 10.000 emplois de collaborateurs seront menacés ». Le représentant de la Fédération Générale des Clercs et employés de notaires Force Ouvrière (FGCEN) a aussi pris la parole : « Si on voulait nous faire sortir de nos gonds, c’est fait. Voilà trente ans que je suis dans le métier, je n’ai jamais vu une mobilisation aussi grande et aussi rapide. Sous prétexte d’économies et de restituer du pouvoir d’achat aux Français, c’est en fait de nouvelles économies pour plaire à Bruxelles, c’est le dogme ultra libéral de la Commission Européenne ».

Le matin même, une délégation de notaires et d’employés saône-et-loirienne a rencontré la directrice de cabinet du préfet afin de lui exposer les motions nationales et les réflexions. Des entrevues qui se sont multipliées toute la journée dans tous les départements. Doubler le quota de créations d’offices, fixer une limite d’âge à 70 ans pour l’exercice de la professions (cette seule mesure libérerait 400 postes en France), améliorer la formation et la diversité pour la formation des professionnels font partie des propositions

« On est loin de ne pas avoir d’idées pour faire évoluer la profession, note Mme Thomas-Crolet. Seulement, on ne nous l’a pas demandé ! Le discours très offensif de M. Montebourg, pendant les vacances a surpris tout le monde et son successeur, M. Macron parait ne pas varier. [NDLR : c’était moins vrai mercredi en fin de soirée…]. La réforme des professions réglementées, basée sur un rapport de l’inspection générale des finances concerne 37 professions au total (dont les huissiers, pharmaciens ou kinés). Elle semble bien mal partie du côté du notariat. Dans la foule  face à la préfecture, employés et notaires se disaient autant choqués par la brutalité de la présentation de la réforme (« On ne nous a pas demandé notre avis alors que nous en avons un et la ministre dont nous dépendons, Christiane Taubira, n’a même pas été associée aux propositions en amont ! » précise un notaire du Bourbonnais) que par la rapidité de la mise en place envisagé (« on n’est pas des rentiers ! » proteste un employé venu du chalonnais).

Les études observent une grève très suivie des télé actes. « Ce n’est que le début d’une liste de plusieurs actions. », reprend Mme Thomas-Crollet. Au fur et à mesure de l’estimation de la mobilisation hier, il semblerait que le gouvernement ait mis de l’eau dans son vin, du moins dans les déclarations du ministre chargé de la réforme.


Florence Genestier