Politique de droite
La psychanalyse assassine de Nicolas Sarkozy
Publié le 21 Septembre 2014 à 21h47
Et voilà. Cette fois, il est vraiment revenu. Ce n'est plus seulement des mots sur Facebook, des lettres d'encre dans le JDD, c'est une image. Pugnace, dynamique, motivé, à l'aise... Nicolas Sarkozy est de retour tel qu'il "nous" avait laissé en 2012 : tonitruant. L'ancien président de la République, interviewé pendant 45 minutes sur France 2, a retrouvé toute la fougue qui dormait en lui depuis deux ans et demi et, sur le divan de Laurent Delahousse, s'est épanché sur sa petite vie de retraité de l'Elysée et sur la nouvelle existence politique qu'il aspire à mener en se présentant pour la présidence de l'UMP.
Pour convaincre, ce dimanche soir, Nicolas Sarkozy était obligé de faire son mea culpa : "j'ai perdu, (en 2012, ndlr) c'est ma responsabilité" a-t-il dit d'emblée faisant ensuite la critique de son mandat : "j'ai eu la tentation de tout faire moi-même, c'était sans doute une erreur". Et puis il a commencé à clouer François Hollande au pilori discrètement. Quand Laurent Delahousse lui demande s'il n'a pas eu parfois l'impression de désacraliser la fonction présidentielle avec son comportement il cite un proverbe et déclare : "quand je me compare, je me rassure". Il ira encore plus loin quelques minutes plus tard affirmant "ne rien penser de lui" en parlant de François Hollande. C'est violent.
Le sens de la formule et des contradictions
Il est clair que ce dimanche soir, Nicolas Sarkozy a marqué les esrpits. Il a un ton unique, un verbe affûté, un style que ses rivaux ont bien du mal à imiter (qui d'autre que lui peut répéter deux fois cette phrase si incongrue dans la bouche d'un politique "est-ce que vous me prêtez au moins deux neurones d'intelligence ?"). Mais il s'est aussi laissé enfermer dans la répétition d'éléments de langage, comme lorsqu'il critique Emmanuel Macron : "François Hollande avait dit que la finance était son adversaire et il nomme un banquier à l'économie"... Trop entendu Mr Sarkozy.
Et puis il y a eu ces petites contradictions : "je ne suis pas un sauveur" a dit l'ancien président en évoquant son retour avant de répondre aux récentes déclarations de Bernadette Chirac : "je veux créer un mouvement rassembleur. Si je ne le fais pas, qui le fera ?". Si dire ça ce n'est pas se prendre pour un sauveur... Autre exemple : "L'Europe n'est pas en crise" nous dit Nicolas Sarkozy semblant oublier les problèmes de la Grèce ou de l'Espagne. D'ailleurs, il ajoute peu après que "la zone Euro ne peut pas continuer sans croissance". Bien sûr la zone Euro n'est pas toute l'Europe mais c'est son moteur. Et si le moteur d'une voiture est en panne, c'est un peu la crise...
Affirmant qu'il n'avait "pas le choix" de revenir "sinon on m'aurait accusé d'avoir peur", Nicolas Sarkozy a dit ce soir vouloir répondre à la colère et au désespoir qu'il sentait dans le pays (il l'a répété plusieurs fois), il ne veut pas assister à une élection présidentielle où les français auraient le choix entre un vote "déprimant" (Hollande) et de fermeture (Le Pen), il dit que désormais il aura plus de compassion, il explique avoir (encore ?) changé, espère que François Hollande ira au bout de son mandat, s'offusquant (faussement ?) qu'on lui pose une question à ce sujet. Et s'il y a répondu ainsi, de manière régalienne, c'est parce qu'il a expliqué plus tôt dans l'entretien avoir l'ambition d'apaiser la France (pour mieux la diviser une fois revenu au pouvoir en instaurant des référendums plus fréquents, comme il le souhaite ?). Non, au fond, Nicolas Sarkozy n'a pas changé. Il reste celui que certains aiment et d'autres détestent, souvent pour les mêmes raisons. Il est de retour et ça va (au moins) durer 32 mois, jusqu'à la campagne présidentielle 2017.
Olivier COLLET
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