Saône et Loire

Les pharmaciens de Saône et Loire entrent en résistance

Les pharmaciens de Saône et Loire entrent en résistance

C'est une première depuis très très longtemps pour les pharmaciens de Saône et Loire et pas seulement. Ce lundi soir, à Chalon sur Saône, ils sont venus de Louhans, Mâcon, Le Creusot, Le Breuil, Sennecey le Grand, Mervans, Champforgeuil, Gergy... et tous tirent la sonnette d'alarme avec les risques qui pèsent sur leur profession. Explications.

Au nom de l'ensemble des 217 pharmaciens de Saône et Loire, Christope Petit, Co-président de la Chambre Syndicale des pharmaciens de Saône et Loire a haussé le ton à l'égard du gouvernement. Les pharmaciens n'ont pas pour habitude de descendre dans la rue mais trop c'est trop. L'action menée contre leurs officines est une véritable agression alors même que le gain pour le "patient" n'existe pas. C'est une longue démonstration qui a été faite par la Chambre des pharmaciens afin de démontrer que l'argumentaire gouvernemental ne tenait pas la route.

"Pour relancer la croissance, il faut déréglementer la pharmacie ! Voilà la conclusion de l'Inspection Générale des Finances reprise par Bercy et par le projet de loi sur la croissance et le pouvoir d'achat"... Les pharmaciens ne comprennent pas cette logique visant à mettre à mal un dispositif qui fonctionne comme nul part ailleurs en Europe. Le gouvernement propose de mettre fin au monopole officinal sur les médicaments à prescription facultative, d'autoriser la liberté d'installation et d'ouvrir le capital des pharmacies à d'autres que des pharmaciens pour former des chaînes de pharmacie.. "on s'y oppose catégoriquement".

Le monopole de la délivrance des médicaments "c'est la garantie de la sécurisation de la chaîne du médicament et ce n'est pas la grande distribution qui peut nous garantir ça quant on voit le scandale  de la viande de cheval" s'emporte Christophe Petit, "les grandes surfaces ont montré leurs impossibilités à gérer les contrefaçons". "Il faut bien savoir que le fameux monopole pharmaceutique ne concerne que quelques produits alors que pour le reste nous sommes en concurrence complète. Ce monopole ne représente que 7 % de notre chiffre d'affaire, c'est bien la preuve que le sujet n'est pas là !".

"Il n'y a aucune garantie que la grande distribution assurera les services assurés par les pharmacies aujourd'hui. Service de garde  des nuits, des dimanches, des jours fériés, suivi médical, tension, glycémie, pesée des nourrissons, premiers secours, livraison à domicile... qui assurent ces services aujourd'hui ? Le gouvernement veut baisser les tarifs mais qu'il abaisse la TVA et le tour sera joué... il n'y a rien de plus simple ! Nous sommes forces de proposition, les pharmaciens ont demandé au gouvernement la possibilité d'organiser des groupements de  commandes entre pharmacies auprès des laboratoires afin de diminuer les coûts des médicaments commandés.. et on attend toujours la réponse !".

"Jamais la grande distribution ne pourra garantir les conditions de professionnalisme qui rythment notre quotidien"..

Quant à la problématique des médicaments non prescrits, Christophe Petit se veut offensif en citant le cas de la Grande Bretagne où chaque année, ce sont "300 morts par overdose lié à la vente de médicaments non prescrits en grande surface ou dans les chaînes". Un chiffre qui a de quoi résonner dans les esprits alors que le gouvernement s'emploie  à copier des recettes en Europe qui ne font que des heureux.

Quelles actions  ?

Concrètement, les pharmaciens passent à l'acte dès ce jeudi... avec la suspension illimitée de leur participation au tour de garde. Plus de 89 % des pharmaciens de Saône et Loire ont d'ores et déjà fait savoir leur participation au mouvement. Un geste qui permet de notifier leur désaccord auprès de l'Agence Régionale de Santé. Le mardi 30 septembre, les pharmaciens s'associeront au grand mouvement de protestation par la fermeture de toutes les pharmacies ! La résistance est déclarée.

Laurent Guillaumé