Chalon sur Saône
Humanisme, résilience, empathie, joyaux sortis tout droit du coffre-fort de Boris Cyrulnik
Publié le 04 Octobre 2014 à 16h44

« L’humain, un être de chair et d’âme ». Dans le titre de la conférence du célèbre psychiatre et psychanalyste Boris Cyrulnik, nul message sibyllin ou subliminal, sa vérité éclate au grand jour : le corps et l’esprit ne font qu’un, les raisonnements systémiques sont rois. N’en déplaise au philosophe Descartes, dans une optique « séparatiste », lequel a été cloué au pilori à maintes reprises avec sa logique linéaire cartésienne. Et doit se retourner dans sa tombe.
Le libre arbitre, mais pas seul(e) dans son coin
Vendredi soir à Chalon-sur-Saône dans une salle Marcel-Sembat prise d’assaut (à guichets fermés), il était clair que les auditeurs souhaitaient prendre pour argent comptant les dires du spécialiste, ou du moins en retirer des avantages substantiels capables de faire grand bien à leurs questionnements, leur ordinaire et par extension à un meilleur mieux-être. Le théoricien aura oscillé entre son savoir, ses certitudes, estimés par comparaison avec ses innombrables expériences glanées aux quatre coins de la planète, les exemples à gogo, en ayant régulièrement recours à des traits d’humour comme autant de bouffées d’oxygène aux fins de désinflammation des neurones. « Les interactions sont organisées par une représentation d’images et de récits. Avec une représentation verbale je vais changer la manière dont votre corps fonctionne. En vous parlant gentiment, en vous aidant à réfléchir, en échangeant des mots je modifie la manière dont fonctionne votre cerveau. Une image modifie la manière dont je me sens. On peut se sentir différent de ce que les autres nous voient, notre milieu sculpte notre cerveau. » Le tapis rouge a été déroulé pour l’abstraction. « Le réel est non confiant, la représentation du réel est hyper confiante, alors que pour Descartes une cause produit un effet. Ca veut dire que ce corps a appris à mettre en jeu touts les émotions que je ressens non consciemment.»Autres temps, autres mœurs. «Le corps n’a plus les fonctions qu’il avait il y a encore deux générations. Le déterminant biologique s’efface très tôt. Il y a un alphabet génétique, et selon les pressions du milieu il peut écrire mille histoires différentes. » La prévision est, pour lui à prendre en considération. «L’anticipation entraîne et développe le cerveau. Le simple fait de l’effort d’anticipation stimule les zones qui déclenchent normalement des sensations agréables. »
La trajectoire et l’historique sont fondamentaux
Sans humanisme il n’est point de salut. « Les guerres asymétriques d’aujourd’hui sont faites sans culpabilité, les soldats tuent avec bonheur, car ils obéissent aux chefs, et on oublie l’empathie. Cet arrêt de l’empathie on le trouve dans toutes les cultures guerrières (nazisme, communisme…). On peut tuer l’autre sans culpabilité, sans honte dans les guerres. » Boris Cyrulnik s’est posé en anti-chantre de l’individualisme. « Est pervers aujourd’hui celui qui vit dans un monde sans l’autre. Nos pensées s’arrêtent à nos proches et alentour. » Quel modèle plus probant que celui de la mère, sachant que la privation affective précoce atrophie les deux lobes frontaux, et de son influence irremplaçable, ainsi que, dans la voie de la continuité, de l’intérêt supérieur des métiers de la petite enfance. Avec un clin d’œil dans leur direction : « Toute la vie les femmes parlent mieux que nous, et comme l’espérance de vie est en leur faveur, elles ont le dernier mot ! » La sériosité a repris illico presto ses droits. « Quand les cartésiens disaient que l’enfant était abandonné, il était frappé par la malédiction. C’est vrai que si on ne fait rien, c’est les politiques, les cinéastes…qui jouent un grand rôle. » D’une façon générale le tenant de la résilience s’appuie sur deux mots qui décideront de tout. « Ce qui compte c’est la trajectoire et l’historique. Descartes, là, ne touche pas sa bille. Dans notre culture hyper spécialisée on oublie un peu d’intégrer les êtres humains. La culture du tertiaire arrête l’empathie. Dans la chimère tout est vrai, et pourtant la chimère est un animal ordinaire. »
La résilience, un maillon fort
Le laps de temps consacré aux questions-réponses en fin de conférence aura permis de laisser venir à soi les avis du psy. En n’y allant pas toujours avec le dos de la cuiller. « On emmène nos enfants à l’école, et on empêche nos enfants d’apprendre. Si on fait les réformes de cadence d’apprentissage des enfants, on fout en l’air les cadences et les familles. La technologie donne un effet magique et supprime le corps à corps ». Les interrogations du public sur le masculinisme, la bipolarité, la maladie d’Alzheimer (« le maléfice de nos progrès culturels ; il y a quatre fois plus de dépressions dans une famille touchée que dans la population »)…Note optimiste, Boris Cyrulnik estime par ailleurs que plein de jeunes vont succéder à feu le professeur Jacquard. Enfin, consécutivement à cette fameuse capacité à surmonter un traumatisme personnel, le conférencier prend la problématique de A à Z. Avant. « Est-ce que j’ai été aimé affectivement, bébé, adulte ? Est-ce que je suis capable de mentaliser, de douter ? » Pendant. « Quel genre de traumatisme, et s’il est lointain la résilience sera moins difficile. La plupart des traumas sont faits par des proches. Si c’est une agression sexuelle par une personne connue, en plus de la trahison s’ajoute la complicité. » Après. « Soutien et sens. Qui m’a soutenu, qui était près de moi ? Si je ne donne pas sens à ce qui m’est arrivé, c’est confus, il faut qu’il y ait une signification, une direction. »
Michel Poiriault



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