Chalon sur Saône

Rentrée solennelle du barreau de Chalon - La justice ne serait-ce qu’une histoire de chantiers...

Rentrée solennelle du barreau de Chalon - La justice ne serait-ce qu’une histoire de chantiers...

C’est dans le cadre du théâtre Piccolo, théâtre à l’italienne, que s’est déroulé la seconde rentrée solennelle du barreau de Chalon.

La première ayant eu lieu en septembre 2012, à l’initiative de Me Anne Palermo-Morlet, alors bâtonnier, qui avait souhaité transposer à Chalon un événement qui se produisait déjà dans d’autres barreaux.
Une audience qui s’est tenu en présence de Francis Cloris, sous-préfet de Chalon, Henry Robert, premier président et Jean-Jacques Bosc, procureur général près la Cour d’appel de Dijon, Frédéric Pillot, président du tribunal de grande instance de Chalon, Christophe Rode, procureur de la République, Jean-Paul Emorine, sénateur, Sébastien Martin, président du Grand Chalon, Gilles Platret, maire de Chalon, et Michèle Loisy, bâtonnier du barreau de Mâcon, ainsi que de nombreux représentants des autorités judiciaires, civiles, militaires et religieuses.
Une rentrée solennelle, dont le thème retenu par le bâtonnier Frédéric Hopgood a été celui du chantier de la justice dans tous les sens du terme. Chantier du nouveau Palais de Justice de Chalon mais aussi chantier de la réforme de la Justice du 21e siècle, voulue par la Garde des Sceaux. Evoquant dans son intervention le projet « J21 » présenté le 10 septembre dernier par Christiane Taubira au Conseil des ministres et basé autour de trois axes : proximité, efficacité, protection des victimes, Me Hopgood a souligné « D’aucuns pensent déjà qu’il s’agit de mesurettes très loin de la réforme de fond que nous attendons tous ». Et d’expliquer cette analyse négative. En effet que sont devenus les projets de tribunal de première instance, rassemblant tribunal de grande instance et tribunal d’instance, ou de l’acte d’avocat comme nouveau moyen procédural de règlement amiable des litiges ? Où en est-on de l’augmentation des effectifs en magistrats, greffiers et agents administratifs ? Bref, qu’en est-il d’un budget pour la justice digne d’un pays comme la France, 5e puissance mondiale ?  « Au-delà des réflexions et des projets sans fin, allons-nous découvrir un jour cette justice du 21e siècle comme Christophe Colomb découvrit l’Amérique ou serons-nous comme tant d’autres qui furent bercés par le chant des sirènes et qui finirent abandonner sur une île déserte ? » s’est interrogé non sans inquiétude celui qui est encore pour trois mois bâtonnier du barreau de Chalon.


Le budget de l’aide juridictionnelle


Dans sa « plaidoirie du jour », Me Hopgood n’a pas manqué non plus d’aborder l’accès au droit et à la justice pour les plus démunis et sa prise en charge dans le cadre de l’aide juridictionnelle. Il a ainsi révélé qu’il avait rencontré cet été le médiateur désigné par le Premier Ministre et lui avait dit que les avocats ne pouvaient pas accepter la proposition de taxation de leur chiffre d’affaires parmi les pistes à l’étude pour abonder le budget de l’aide juridictionnelle, dès lors qu’à titre individuel chaque avocat percevait une indemnité qui couvrait à peine ses charges de structure au regard du temps passé et qu’à titre collectif la profession par l’intermédiaire de ses ordres contribuait déjà financièrement à la mise en place des structures destinées à assurer à chacun l’assistance à un avocat, que ce soit en garde à vue, devant le juge des libertés et de la détention, aux audiences pénales, devant le juge de l’application des peines, devant la commission de discipline d’une prison, ou encore dans un centre hospitalier spécialisé. Le bâtonnier Hopgood a aussi rappelé que sur le ressort du tribunal de grande instance de Chalon ce sont plus de 3 000 missions qui ont été confiées en 2013 aux avocats, tous domaines confondus, civil et pénal, au titre de l’aide juridictionnelle.
Frédéric Hopgood a aussi fait remarquer que, s’il est temps que l’Etat prenne ses responsabilités, la profession d’avocat de son côté doit s’interroger sur son avenir, alors qu’elle se trouve confrontée à des enjeux multiples, et notamment une conjoncture économique difficile et une augmentation très importante du nombre. Il faut en effet savoir que celui-ci a progressé de 43 % en 10 ans au plan national avec plus de 60 000 avocats et de 30 % à Chalon avec actuellement 100 avocats.
Un concours d’éloquence plein d’humour et d’ironie
Après le discours d’usage de M. le bâtonnier, la rentrée solennelle du barreau de Chalon s’est poursuivie par un concours d’éloquence animé par deux de ses plus jeunes membres et non moins talentueux, Me Mathilde Bachelet et Me Thomas Ronfard. Avec bien évidemment le mot « chantier » comme fil conducteur, puisque le thème en était «  La justice, quel chantier ! Demandez le programme ... ». Occasion d’apprendre qu’à défaut d’une grande réforme on pourrait dépoussiérer la Justice, en supprimant des lois devenues obsolètes, et certaines depuis bien longtemps. Comme par exemple celle interdisant de s’embrasser sur un quai de gare ou celle interdisant de nommer les animaux d’un nom de souverain. Ou encore celle stipulant que tout sujet français doit avoir une botte de foin à la disposition du roi, si celui-ci vient à passer. Comme on peut le constater, certaines ont la vie dure... Savez-vous que ce n’est qu’en février 2013 qu’a été abrogée la loi interdisant aux femmes de porter un pantalon, à l’exception qu’elles tiennent un guidon de bicyclette ou des rênes de cheval.
 

Gabriel-Henri THEULOT