Chalon sur Saône

A la Maison des Vins, info-chalon.com est allé à la rencontre de Thierry Theval

A la Maison des Vins, info-chalon.com est allé à la rencontre de Thierry Theval

Il connait la Côte Chalonnaise et ses viticulteurs sur le bout des doigts, si Thierry Theval les côtoient depuis maintenant presque 30 ans, il est tout aussi connu de ses concitoyens chalonnais. Figure emblématique de la Maison des Vins, il a accepté de répondre aux questions d’Info-Chalon.com.

Depuis combien de temps travaillez-vous à la Maison des Vins ?

Travaillant à la Mairie de Chalon-sur-Saône, j’étais venu prêter main forte lors d’une Fête du Vin doux organisée par la Maison des Vins. C’était en 1985, ma passion est née de ce jour, totalement par hasard, depuis, elle ne m’a jamais quitté. A cette période, on vendait des vins de 1979, aujourd’hui, ce ne serait plus possible de commercialiser des vins de 6 ans d’âge. L’évolution, tant du côté du travail de la vigne que des modes de consommation, est considérable.

Quelles ont été, selon vous, les évolutions notoires ?

Les années 90 ont été, à mon avis, des années charnières pour la Côte Chalonnaise. Il y a eu la naissance de l’appellation Bourgogne Côte Chalonnaise, en 1990 précisément, puis la renaissance de Givry 1er Cru Clos Jus sur Dracy-le-Fort, replanté par 7 viticulteurs. En 1997, c’est l’appellation Bouzeron qui voit le jour.

Au niveau des modes de consommations avant les années 90,  on ne rentrait pas à la Maison des Vins par hasard, ce lieu, ancien local du Comité des Foires, était surtout fréquenté par les connaisseurs et les dégustations étaient réservées à ces personnes. Depuis, les aménagements successifs, fruit d’une volonté d’ouvrir cet espace au grand public, font que la Maison des Vins est devenue, en quelques années, un lieu pour tous, avec l’objectif de valoriser les vins de la Côte Chalonnaise et de les rendre accessibles et en cela, il a été précurseur.

Du côté des viticulteurs, la qualité des vins de la Côte Chalonnaise a beaucoup progressé. Cela tient à une prise de conscience de la profession quant aux soins à apporter à la vigne tout au long de l’année avec une recherche prépondérante de la qualité du vin (effeuillage, vendanges vertes). On ne fait pas une bonne tarte avec des fruits talés… pour le vin, c’est pareil. Cela tient également aux progrès techniques, hormis gros incidents de type grêle, aujourd’hui il est possible d’atténuer les conséquences des années dites difficiles notamment par la maîtrise des températures lors de la vinification. Aussi, la jeune génération y est pour beaucoup, sans tourner le dos à la tradition, elle a réussi à bousculer, dans le bon sens du terme, les pratiques et les moins jeunes ont suivi le mouvement. Du coup, tout le monde est monté en gamme. C’est ce qui s’appelle s’enrichir les uns des autres. Aujourd’hui, nous avons la chance de bénéficier de vins d’un très bon rapport qualité/prix.

Et puis dernièrement, on note l’apparition de Cuvées d’exception, réalisées parfois, à partir de vignes de plus de 100 ans. Elles offrent peu de rendements mais sont d’une qualité inouïe.

Vous êtes fier des vins de la Côte Chalonnaise…

Evidemment, je suis heureux qu’ils soient de plus en plus reconnus et puis il y a un produit qui depuis les années 90 rencontre un succès sans cesse croissant : le Crémant. Et là encore, la qualité est au rendez-vous. Alors oui, je suis fier des vins qui sont produits sur nos terroirs, tout autant que j’affectionne ses paysages que je parcours à vélo dès que j’en ai l’occasion.

Cette passion vous la transmettez au quotidien…

C’est une véritable chance que de vivre de sa passion. Mon rôle est d’accompagner le client et répondre au plus juste de sa recherche pour aboutir à une prescription qui lui fera passer un grand moment quand il le dégustera. Le vin est un produit pas comme les autres, c’est le seul qui donne envie de vieillir pour voir comment il va évoluer.

Y a-t-il des vins qui vous ont laissé un souvenir impérissable ?

Un Bourgogne Rouge Chanteflûté 1980 du Domaine Hubert Garrey, un Givry Rouge Clos de la Barraude 1979 du Domaine Steinmeaer et un Mercurey Blanc Clos de Barrault 1er Cru 1992 du Domaine Michel Juillot, je les ai en mémoire comme si c’était hier, peut-être, parce que ces vins exceptionnels marquaient le début de ma carrière car depuis, j’ai de très agréables surprises à chaque sélection.

2003, comme beaucoup, est une année qui m’a marqué. D’une part, parce que les vendanges ont eu lieu très tôt dans le mois d’août, à la fraiche le matin car ensuite la chaleur était insupportable. Les vins rouges issus de cette année étaient rouge foncé, puissants et les vins blancs, avec peu d’acidité donc à boire très vite.

Quel est le meilleur conseil que vous ayez donné ?

Pour moi, c’est une aberration de proposer systématiquement du rouge aux fromages car celui – ci se marie mieux aux plats cuisinés. En revanche, les blancs, à mon sens, sont plus en adéquation avec le fromage donc le meilleur conseil que j’ai jamais donné est bien de tordre le cou aux idées reçues.

Que pensez-vous des vins biologiques ?

Avoir la certification bio n’est pas une nécessité, en revanche, d’en avoir le comportement, oui, c’est une réelle nécessité.

Quelle serait votre philosophie ?

Plus je connais le vin, plus je suis modeste. Ce qui est important, bien sûr, c’est d’être disponible. J’aime ce que je fais et j’aime à le partager avec mes congénères. Même quand je suis à Madagascar, ma deuxième patrie (son épouse est malgache), je ne peux pas m’empêcher de leur parler des vins de la Côte Chalonnaise. Là-bas, il y a peu de vins. Ils sont récoltés à la saison des pluies, en résulte un vin sec pas trop fruité mais ils ont tant d’autres trésors…

Et pour la suite…

J’aimerai voir se développer, plus encore, l’oenotourisme.  Nous avons la chance d’avoir l’Eurovélo qui passe près de chez nous, beaucoup de touristes qui l’empruntent s’arrêtent à la Maison des Vins et puis, il y a aussi, un vrai potentiel à exploiter avec le Port de Plaisance. Il nous reste, encore, beaucoup de pistes à explorer…

Maison des Vins – Promenade Sainte Marie – 71100 Chalon-sur-Saône – Tél. : 03 85 41 64 00

Email : [email protected]

S.B.R