Opinion de gauche

"Il y a de l'argent...."

Il est des moments où le rythme de la vie publique s’accélère. Notamment la période de rentrée au cours de laquelle il faut reprendre les activités, préparer l’année suivante, prendre des décisions budgétaires. C’est vrai dans les familles, les associations, les entreprises, et dans les structures politiques à tous les niveaux.

En ce moment, impossible d’échapper aux discours sur la dette publique, sur les économies à réaliser, sur les arbitrages budgétaires à préparer. Tout se passe comme si le pays était exsangue et moribond, et qu’une bonne saignée ( méthode inventée il ya plusieurs siècles et totalement inefficace) était nécessaire pour se porter mieux.

C’est oublier un peu vite que la France est un pays riche, avec un modèle social envié à peu près partout dans le monde, et un fonctionnement plutôt bien réglé par des Codes qui évitent  des dérives et des abus( Code du travail, Code de la route, Code pénal, Code des collectivités, Code du Sport…)

Certains  « experts » et dirigeants politiques enjoignent aux citoyens de se serrer la ceinture pour assumer le « fardeau » de la dette publique. Rares sont ceux qui se posent la question : faut-il vraiment payer la dette ou plus exactement , faut-il vraiment tout payer ?

Un collectif citoyens ( cf le site audit-citoyen) apporte un premier élément de réponse : la part illégitime de la dette française  - celle que l’Etat serait fondé à ne pas rembourser- s’élèverait à 59% de son montant actuel. Elle serait dûe aux innombrables cadeaux fiscaux  et aux taux d’intérêt surélevés. Pour agir efficacement, il serait nécessaire d’avoir le courage politique et d’intervenir fortement au niveau de la finance et de l’Europe . Le veut-on vraiment ?

La fiscalité est le plus grand scandale actuel. 60 milliards d’Euros ne rentreraient pas dans les caisses de l’Etat chaque année du fait de la fraude fiscale. Cette situation n’est pas nouvelle, que fait-on ? Pas grand chose.

Les infractions à la TVA ( impôt indirect) coûtent chaque année 10 milliards.

Les 427 niches fiscales ont un impact direct sur le budget de l’Etat. Elles coûtent 80 milliards d’Euros chaque année.

Les outils d’optimisation fiscale et de défiscalisation rendent l’impôt dégressif toujours pour les mêmes contribuables, ceux qui ont le plus de revenus et qui sont les plus riches. Certains d’entre eux se félicitent de ne pas payer, de délocaliser, de tricher. En réalité, ce ne sont que  des malfaiteurs  car il s’agit toujours de l’argent pris dans la poche de citoyens contribuables  plus modestes et plus honnêtes.

Il ne faudrait pas négliger davantage les 8000 milliards d’actifs financiers épargnés par la nécessaire solidarité nationale en terme de fiscalité ou de cotisations sociales…Il y donc de l’ argent, beaucoup d’argent !

Pour en terminer avec les politiques d’austérité budgétaire, le retour aux fondamentaux du progrès social  est nécessaire. La gauche, celle que nous aimons et que nous soutenons est au pied du mur. Provoquée, insultée, elle est sommée, dans sa diversité de ne pas renoncer et de ne pas céder aux idées les plus rétrogrades. Toutes les forces pour lesquelles le mot gauche fait encore sens, doivent se rassembler pour tracer une autre voie.

La création d’un courant de gauche à vocation majoritaire suppose non seulement l’attachement à des valeurs mais également la confrontation des idées, le dépassement des routines partisanes, le rejet des querelles de personnes, la prise de décision dans l’intérêt général et l’ouverture à la société. 

Lucien MATRON