Chalon sur Saône

Chalon dans la rue c’est avant, pendant, après, tout le temps, quoi !

Chalon dans la rue c’est avant, pendant, après, tout le temps, quoi !

Y a-t-il l’alpha et l’oméga dans une saison de L’Abattoir/Centre national des arts de la rue ? Pas à proprement parler, le bouilllon de culture y est rémanent, et tant qu’il ne boit pas la tasse…Toujours est-il qu’il est de tradition de relancer comme chaque année à semblable époque le balancier, remotiver les troupes dans le sens de la marche, de par un dosage équilibré entre un passé encore fumant et le futur proche, voire très proche. Le Quartier de lune des Prés Saint-Jean des jeudi 16, vendredi 17 et samedi 18 octobre en atteste.

L’adjoint à la culture emballé

Jeudi soir à L’Abattoir il y avait une fois de plus quantité de sujets à aborder l’enthousiasme à fleur de peau, soit autant de motifs pour s’en lécher les babines, a posteriori ou en scrutant l’horizon avec avidité. Adjoint aux affaires culturelles de Chalon-sur-Saône, Benoît Dessaut a été invité à se placer en pole position. « J’avoue que les arts de la rue sont vraiment intéressants, et promis à un avenir long et durable. Ce que je trouve bien, c’est que ça mette à la portée de tous des spectacles. Ca permet à tout le monde de se confronter à des choses créatives. Je partagerai toute l’année avec Pedro pour me tenir informé des problèmes liés à  son activité. Il est important que la culture reste, existe et soit soutenue par les différents gouvernements successifs. Là, ce n’est qu’un point de départ, mais c’est une continuation. »

 

Hommage appuyé à Michel Crespin

Directeur artistique de Chalon dans la rue, Pedro Garcia était tout chagrin face à la perte incommensurable incarnée par la disparition au mois de septembre de Michel Crespin : « Le pape des arts de la rue s’en est allé. Prof dans les années 75 il présentait des spectacles dans les paysages, et il a sauté le pas en délaissant son métier. Si je fais ce métier à 100%, je le dois à Michel Crespin, un bâtisseur. Avant tout le monde il a démarré le premier Centre national des arts de la rue. Il a tout fait pour les arts de la rue. Sincèrement, le paysage des arts de la rue ne serait pas le tiers de ce qu’il est sans lui. » But the show must go on. Personnage truculent et bien vivant, le directeur du Théâtre de l’Unité Jacques Livchine a eu droit à une belle vision de ses facettes, remettant le curseur sur un tempo moins endolori. Ces temps de réflexion ingérés, Pedro Garcia est revenu à des considérations plus terre à terre, mais indispensables pour que les lieux publics disposent d’une aura, même à la vitesse d’une étoile filante. « Le rôle d’un Centre national, c’est d’apporter des moyens financiers, fabriquer des spectacles, les diffuser,  pénétrer d’autres lieux, et aussi développer un moment plus important. La mission première pour nous, c’est d’avoir un festival le meilleur possible, c’est d’avoir des compagnies qui puissent travailler dans de bonnes conditions. Et on le fait au quotidien avec l’équipe. Comment s’effectue de choix des Compagnies ? Il y a les Compagnies plus émergentes, des Compagnies en train de stabiliser un projet, et d’autres, beaucoup plus installées.»

 

Le off aurait de beaux jours devant lui

Revenant sur le 28ème Chalon dans la rue, son maître à penser a reconnu que « ça a été un festival un peu particulier. Cette 28ème édition (dont le film concocté par Luc Torrès, président de l’ADAAR en quête de membres supplémentaires, a remis en lumière d’excellents souvenirs) a été marquée par le mouvement des intermittents, artistes et techniciens. Dès les premiers jours de juin nous savions qu’il fallait que leur parole s’exprime. On a cherché une forme intelligente à travailler collectivement pour une mise en place. On a été largement débordés à un moment. L’idée, c’était de permettre qu’on puisse entendre cette parole-là, et la comprendre. Ces questions sont encore en discussion. Les choses ne vont pas se régler tout de suite. On souhaite que les artistes puissent continuer d’exercer leur art. Il y a des solutions à trouver, il y aura sûrement des transitions. Il faut que notre pays reste ancré dans cette exception culturelle. » Sa réputation n’est d’ailleurs plus à établir depuis longtemps. « On fait un festival énorme, car la machine entraîne beaucoup de désirs. Nous avons eu 214.000 spectateurs, 1073 représentations (après soustraction des 130 annulées), 1073 professionnels accrédités, 1142 artistes présents, 3464 nuitées, 10.000 repas, 80 journalistes, plus de 600 retombées médiatiques…la réalité, l’empreinte, c’est ça. Le festival c’est le in, mais c’est surtout le off, car l’avenir du festival c’est surtout le off »

 

Accueillants potentiels et entreprises vivifiantes, sortez de votre réserve !

« Je remercie très sincèrement les hébergeurs. On a besoin que vous soyez plus nombreux, vous ne le regretterez pas. C’est une façon  de voir le festival de l’intérieur. » Puis le responsable, s’adressant à l’assistance : « Il faut que vous nous aidiez à trouver d’autres entreprises. » Peut-être un grossissement des forces d’appui lors de la 29ème édition, qui se déroulera du mercredi 22 au dimanche 26 juillet 2015 ?

                                                                                                Michel Poiriault