Chalon sur Saône

A Chalon, les parties civiles ont pardonné... mais le prévenu écope quand même de 6 mois de prison

A Chalon, les parties civiles ont pardonné... mais le prévenu écope quand même de 6 mois de prison

Il est rare qu'un prévenu quitte la salle d'audience en compagnie de sa victime et de membres de la famille de celle-ci. C'est pourtant ce qui vient d'arriver au tribunal correctionnel de Chalon, après le prononcé du jugement condamnant Ouahid à 6 mois de prison, sans mandat de dépôt, et à une amende de 150 €.

 Ce Creusotin de 29 ans était poursuivi sur convocation par procès-verbal pour pas moins de neuf infractions, dont  deux concernant des actes de violences à l’encontre de son ex-amie. Les faits se sont déroulés au Creusot et au Breuil du 21 juillet 2014 au 2 août 2014. Une courte période, au cours de laquelle le jeune homme a, semble-t-il, « pété les plombs », pour reprendre l’expression de la défense. 

Ouahid entretenait une relation avec une jeune femme depuis un an, quand cette dernière lui a annoncé, le 17 juillet 2014, qu'elle y mettait un terme. Il a alors eu beaucoup de mal à l'admettre et, mu par la jalousie, a commencé à s'imaginer des choses. Ce qui l'a donc amené à retomber dans la délinquance, lui, dont le casier judiciaire fait apparaître dix condamnations, la dernière remontant à 2010. C'est ainsi que, histoire de vérifier les SMS que la jeune femme envoyait et recevait, à deux reprises il a dérobé un portable, dont il s'est par la suite débarrassé en le jetant dans le lac de Torcy. Si le 21 juillet 2014 il est parvenu à ses fins, en volant au préalable des clés, par contre le 24 juillet 2014 il n'a pas hésité à utiliser la manière forte en la frappant. Quelques jours plus tard, le 2 août 2014, nouvel épisode de violences : au volant de son véhicule le mis en cause a percuté trois fois celui que conduisait la victime. Et comme l'a fait remarquer le président Aurélien Bailly-Salins « Elle a eu du bol, elle a eu la baraka ». Ne se tirant en effet de cette « cascade » qu'avec de légères blessures. A vrai dire, la scène aurait certainement été plus longue, si la voiture du prévenu n'avait pas rendu l'âme.

« Je n'allais pas bien. Je ne dormais plus » a expliqué Ouahid aux enquêteurs, lorsqu'il a été interpellé quelques semaines plus tard, à la mi-septembre 2014. Et le mis en cause de préciser que pendant  tout le temps qu'a duré la relation il n'a jamais levé la main sur son amie et que ce genre d'agissements ne lui était encore jamais arrivé.

Interrogée à la barre en qualité de partie civile, la jeune femme a indiqué qu'elle avait repris la liaison avec Ouahid mais à la condition qu'il change. « On a décidé de partir vivre ensemble sur Mâcon, afin qu'il s'éloigne un peu de ses amis. Ce serait mieux qu'il travaille » a-t-elle ajouté, en signalant qu'elle ne demandait aucun dommage-intérêt. Jusqu'alors il a fait des petits boulots dans le bâtiment et plus particulièrement dans la maçonnerie. Pour sa part, le frère de la victime, qui était lui aussi partie civile, a fait observer « Ce n'est pas le mauvais gars et on va tout faire pour l'aider ».

« Le rôle de la justice, c'est de sanctionner de tels comportements » a affirmé le substitut Anne-Sophie Kopacz, avant de poursuivre « Les faits sont graves et particulièrement inquiétants, parce qu'il y a eu réitération ». Et la représentante du ministère public de requérir notamment 8 mois de prison, dont 4 mois avec sursis, assorti d'une mise à l'épreuve de 2 ans.

Conseil de Ouahid, Me Pamela Lépine a noté « Lorsque son amie l'a laissé tomber, il est demeuré dans son coin et il a broyé du noir. Il a tout simplement voulu la surveiller mais il l'a fait d'une façon très maladroite ». L'avocate a également confié que son client était raide dingue de son amie et qu'il n'avait pas supporté la rupture. Ceci est désormais de l'histoire ancienne. Comme on a pu le constater, tout est désormais rentré dans l'ordre et la liaison est repartie de plus belle.

Gabriel-Henri THEULOT