Chalon sur Saône

Le gros coup de colère de Marie Mercier chez les Cybercontribuables

Le gros  coup de colère de Marie Mercier chez les Cybercontribuables

L'association créée quelques mois avant les élections municipales s'est retrouvée au coeur de vives critiques ce mercredi soir.

L'association qui s'est fait connaître à plusieurs reprises en pointant du doigt les gestions de différentes équipes municipales mais notamment et surtout celle de Christophe Sirugue à Chalon sur Saône, a été vivement décriée ce mercredi soir, à la Maison des Syndicats. A tour de rôle, les membres du bureau se sont succédé au micro afin d'abreuver la salle de chiffres avec le but de décerner aux communes le prix des communes les plus méritantes en terme de fiscalité et d'endettement. 

Une analyse des comptes des communes à la limite du surréalisme tant les critères retenus ne correspondaient à pas grand chose et d'autant plus lorsque vous devez gérer une collectivité avec tout ce que cela engendre. 

C Dans l'Air... la petite explication autour du multiplexe

Sur le devant de la scène de l'émission d'Yves Calvi, C dans l'Air, Jean-Michel Lecuyer, Vice-Président des Cybercontribuables 71 a tenu à rappeler les modalités de l'organisation du reportage qui visait la gestion chalonnaise de Christophe Sirugue. "C'est le national qui a fait redescendre vers nous il y a quelques temps des médias nationaux. Et puis un jour, les journalistes de C dans l'Air m'ont contacté pour me dire qu'ils avaient vu le maire de Chalon, Gilles Platret, qui leur avait parlé du multiplexe et des deux millions d'euros, un sujet que je maîtrise mal alors que nous souhaitions aborder la question des bus et des vélos". Une petite mise au point d'info-chalon.com qui n'est donc pas restée sans réponse (lire notre article).

Dépassé le stade de la présentation du site internet Cybercontribuables 71, c'est Marie Mercier, maire de Châtenoy le Royal, et Vice-Présidente du Grand Chalon en charge de l'administration générale qui a tenu à dénoncer le comportement de l'association.

"Je suis en train de bouillir sur ma chaise"

Les prix des communes les plus "méritantes" viennent d'être décernés, à savoir dans les communes au plus faible endettement en pourcentage par rapport à la moyenne de la catégorie, le cybercontribuable d'Or est revenu à Farges avec un taux de moins de 86% de taux d'endettement par rapport à la moyenne des communes de sa strate. Le cybercontribuable d'argent revient à Saint-Mard-de-Vaux (moins 85%) et le cybercontribuable de bronze, à La Loyère (moins 77%).

Dans les communes à la plus faible pression fiscale (impôts locaux) en pourcentage par rapport à la moyenne de la catégorie, le cybercontribuable d'Or a été décerné à Varennes-le-Grand avec un taux inférieur de 35% par rapport aux communes de sa strate. Le cybercontribuable d'argent est revenu à Marnay (moins 27%) et le cybercontribuable de bronze à Allerey-sur-Saône (moins 20%). 

Sauf que "chiffrer n'est pas prouver" a lancé agacée Marie Mercier, face à la démonstration des Cybercontribuables, qui techniquement ont opéré des comparaisons et des calculs dont les valeurs sont bien discutables. Alors lorsque le sujet de la masse salariale dans les communes du Grand Chalon est évoqué, et qu'un participant de la soirée pose la question "si les indemnités des élus sont comptablisées dans la masse salariale ?", le "oui" des cybercontribuables n'a pu que faire bondir celles et ceux qui un temps soit peu connaissent les arcanes du fonctionnement d'une collectivité. 

Marie Mercier, puis Daniel Christel - maire de Saint Désert, ont dénoncé "ce tribunal qui juge sans savoir. Vous décernez des prix... donc vous jugez !! Quand une commune dépense un euro, la question est de savoir si elle sait où  elle va. Et si on s'endette, c'est pour de nouveaux services à la population. Une commune qui s'endette de 10 euros mais qui ne sait pas comment les rembourser, c'est là qu'est le problème. il vaut mieux s'attarder sur la capacité de désendettement d'une commune, c'est le vrai sujet. Et si une commune n'investit pas, elle meurt avec ses services à la population". 

Dans le contexte de la publication des audits financiers de la ville de Chalon et du Grand Chalon, les sorties de Marie Mercier et Daniel Christel risquent bien de ne passer inaperçues. 

Bref une explication vive qui s'est soldée par l'intervention de Maxime Thiébaut, étudiant spécialisé dans les collectivités locales, qui a tenu à préciser sous les applaudissements de la salle "que remettre le prix à la commune la plus méritante fiscalement revient aussi à remettre le prix à la commune avec le moins de service public", un sentiment corroboré par Fabrice Hohweiller, maire de La Loyère, distinguée par les cybercontribuables, pour la gestion de Jean-Claude Mouroux, "mais nous n'avons aucun service à proposer à la population". 

Bref un vrai sujet de fonds mais qui pose là les limites de l'expertise des seules données chiffrées, déconnectées de la gestion proprement dite d'une collectivité locale. Alors lorsque les cybercontribuables demandent des comptes aux élus sur la gestion des fonds publics, la légitimité de la demande est certes naturelle mais à trop vouloir se contenter des chiffres, les pieds dans le tapis ne sont pas loin.

Laurent Guillaumé