Cinéma
CINEMA A CHALON - A voir en ce moment à l’Axel pour « rêver en couleurs » : Mommy, de Xavier Dolan
Publié le 18 Octobre 2014 à 19h20

Après Tom à la ferme, Xavier Dolan revient à l’Axel avec Mommy [1]. Le sentiment d’Info-Chalon.
« Tu vois, le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet et ceux qui creuset. Toit, tu creuses ». Les fans de Clint Eastwood auront reconnu là l’une des répliques mythiques de leur idole dans Le Bon, la Brute et le Truand, réalisé par Sergio Leone, en 1966.
En écho au Blondin interprété par Clint Eastwood dans ce western spaghetti culte, on peut sans doute avancer qu’en matière de cinéma, il existe deux sortes de réalisateurs : ceux qui nous font triper et ceux qui nous font ch… Xavier Dolan, lui, fait assurément partie de la première catégorie, en plus d’être un personnage haut en couleurs, mieux : une sorte de « cri dans le chaos » [2]. Peut-être même « l’un des cris les plus farouches, les plus insoutenables que l’homme ait jamais poussé » [3].
Qui est Xavier Dolan ?
Bien connu des services d’Info-Chalon depuis son remarquable J’ai tué ma mère (2009), Xavier Dolan est un jeune Québécois de 25 ans. « Tête à claques arrogante », « narcissique » ou encore « pédant » pour les uns, d’autres voient plutôt en lui « l’emblème d’une jeunesse qui entreprend, revendique et rêve en couleurs » [4]. Ceci considéré, Xavier Dolan est surtout un réalisateur. Un réalisateur de films que celui-ci veut populaires. Autrement dit, un cinéaste qui travaillerait pour le grand public. Ce que n’est pas sans résumer l’une de ses saillies, d’ailleurs assez révélatrice du personnage : « Je n’ai pas pour objectif de faire des films pour que seuls ma mère, mon père, quatre pelés et trois tondus le voient (…). Je ne veux pas m’adresser uniquement à la communauté cinéphile, qui reste hyper minoritaire. (…) Avant, j’étais peut-être un peu désireux d’un soutien critique, je me disais qu’il me fallait comme un adoubement de la part des gens dont le cinéma est le métier. Je me suis défait de cette idée qui empêche de travailler librement » [4].
Un cinéma populaire ?
Ceci posé, s’il se veut un réalisateur de films populaires, le cinéma de Dolan est-il vraiment populaire ? Parlons net : à n’en juger que par son dernier film, Mommy, histoire d’une veuve excentrique et demeurée adolescente dans sa tête (Diane) devant prendre en charge son fils hyperactif et violent (Steve), cela ne fait guère de doutes. Comme Dolan le dit lui-même, et à juste titre, il s’agit là d’un film qui respecte un schéma narratif très conventionnel et, sur ce point là, largement inspiré de ce que l’on pourrait appeler ses « films de chevet » : Titanic, Batman le défi, Jumanji. On pourrait même dire : un film très américain, en raison de ses grands élans, des séquences conçues pour plaire, pour émouvoir, pour donner de l’espoir, pour animer les foules.
Un film à voir absolument ?
Populaire, le cinéma de Dolan l’est assurément si l’on s’en tient à Mommy. Ceci fait-il pour autant de ce dernier un film qu’il faut voir absolument ? Du côté d’Info-Chalon, on en est en tout cas convaincu. Et ceci pour au moins trois raisons.
D’abord, en dehors du fait que Dolan parvient à faire admettre aux plus rétifs qu’il existe quelques belles chansons de Céline Dion – on pense ici à la scène d’anthologie où Steve interprète son tube On ne change pas -, le Québécois rend toute sa dignité à une strate sociale populaire, qu’il regarde avec tendresse, et non pas avec l’œil suffisant de « ces cinéastes qui filment un monde populaire comme s’ils allaient en safari dans la jungle » [4]. En la matière, on n’est d’ailleurs pas très éloigné de la façon dont Samuel Theiss et ses deux amies mettaient en scène les prolos lorrains de Party girl [5].
Par ailleurs, c’est récurent chez lui, Dolan conduit à s’interroger utilement sur une figure : celle de la mère. De la mère en position de révolte. « En révolte par rapport à la société, à son entourage, au rôle de mère qu’on lui a imposé » [4]. En révolte contre ceux qui sont capables de lâcher une sentence aussi sinistre que celle qui suit : « ce n’est pas parce qu’on aime quelqu’un qu’on peut le sauver ». Une invitation à la réflexion qui n’est sans doute pas fortuite, Dolan concédant aisément faire des films pour se venger.
Ceci exposé, s’il faut voir ce film, c’est surtout parce que celui-ci constitue une exceptionnelle leçon d’énergie pour tous ceux que l’on a habitués à « rêver petit » [4], à qui l’on a inculqué dès le plus jeune âge qu’ils étaient « nés, comme on dit au pays de Dolan, pour un petit pain » [4].
Xavier Dolan, vous vous en rappelez peut-être, c’est celui qui, lors du dernier Festival de Cannes, a lâchés ces mots que l’on devrait peut-être réfléchir à graver aux frontons des mairies, juste en dessous du triptyque républicain : « Je crois que tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais ». Un baratin de circonstance, pour émouvoir la Croisette ? Certainement pas, si l’on en croit ses nombreuses déclarations, selon lesquelles il faut rêver, et de préférence en couleurs. D’ailleurs, croyez-le si vous le voulez chers lecteurs d’Info-Chalon, si l’on s’en tient à Mommy, il ne se passe pas une minute dans ce film sans que vous n’éprouviez le besoin de rêver en couleurs et de vous envoler.
Cela nous change de tous ceux qui nous répètent que nous n’avons pas le choix, qu’ « il n’y a aucune autre alternative », qu’il faut être réaliste, siffler en travaillant car c’est un bon stimulant, etc
Rien que pour ça, Info-Chalon ne saurait trop vous recommander de faire un petit détour par la case Axel, où le film est actuellement projeté.
S.P.A.B.
[1] 2014. Durée : 2 h 18
Bande-annonce : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19548159&cfilm=223002.html
[2] Emprunté à Christophe Boutin, Bernanos politique. Un cri dans le chaos, Mémoire de DEA, sous la direction du Pr. Courvoisier, Université de Bourgogne, 1986, 103 p.
[3] Gaëtan Picon, à propos de Voyage au bout de la nuit, de Louis-Ferdinand Céline.
[4] Les Inrockuptibles, 20.08.2014
[5] Voir l’article d’Info-Chalon :



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