Faits divers

Assassinat de Ghislaine Leclerc : une semaine pour savoir

Le procès de Sylvain Schrutt, 50 ans, accusé de l’assassinat de sa belle-mère, Ghislaine Leclerc a débuté ce lundi à Mâcon. Il dure jusqu’à vendredi soir.


Le cadavre de la quinquagénaire, qui vivait seule à Volesvres (près de Paray-le-Monial) a été retrouvée par deux de ses filles et son ex-mari, baignant dans une mare de sang dans sa chambre de sa maison, le dimanche 28 août 2010. Elle a été abattue de 4 balles de révolver de 9 mm, dont deux à « bout touchant ». Les gendarmes n’ont jamais retrouvé l’arme du crime. Après des fausses pistes liées au dernier mari de Mme Leclerc, un de ses gendres a été incarcéré en février 2012. Sylvain Schrutt nie l’assassinat, mais sa présence reconnue sur les lieux la nuit même, ses mensonges l’ont envoyé devant la cour d’Assises.

Présidée par Catherine Lathelier-Lombard, le procès a débuté par le rappel des faits et un interrogatoire de  Sylvain Schrutt. Ce paysagiste, à l’été 2010, vivait en Alsace mais rendait souvent visite à sa compagne et à sa fille dans le Gard. Il était passé chez sa belle-mère  pour lui emprunter une de ses voitures, car sa Fiat Punto  était accidentée et immobilisée dans le Gard. Dix-huit mois après, il a reconnu avoir fait un trajet  Colmar–Volesvres (4 heures de route) et découvert le corps « encore chaud » de sa belle-mère la nuit du 27 au 28 août, avant, paniqué de rentrer en Alsace cette même nuit. Il n’a parlé de sa découverte traumatisante  à personne. Il a affirmé en 2010, être resté en Alsace sans revenir en Saône-et-Loire. Le signal de son téléphone portable, qui a actionné un relais téléphonique côte-d’orien, comme le règlement du péage en liquide et ses contradictions ont intrigué les enquêteurs.

Sylvain Schrutt, en couple avec l’une des filles de Mme Leclerc, entretenait depuis 2010 une relation intime avec « sa petite belle-sœur » âgée de 17 ans, hébergée le temps de sa scolarité à Colmar. La relation avec la jeune femme se serait poursuivie jusqu’en 2011. On ignore si la belle-mère était au courant. L’accusé dit avoir eu beaucoup d’estime pour Ghislaine Leclerc mais la réciproque n’est pas forcément vraie.

L’assassin présumé a rencontré sa future belle-mère à la chorale de l’école Steiner, une école à la pédagogie différenciée et contestée, en Alsace. Cette école reste un élément essentiel du dossier, M. Schrutt trouvant face à l’avocate générale, une foi de militant pour défendre son enseignement.

 

M. Schrutt, dont l’apparence physique oscille entre un Nicolas Hulot peu sportif et le personnage de Cabu, le « grand Duduche » est dépeint comme « charmeur, séducteur ». Il apparaît comme un  « gourou » familial aux valeurs fortes et transmises à sa progéniture. Aucun ne le voit comme un assassin.  Son ex-femme, Marie-Thérèse, dont les trois enfants ont témoigné en faveur du père, n’entretient aucune illusion sur sa fidélité pendant 15 ans de vie commune. Un divorce difficile : harcèlement et chantage au suicide de la part de l’accusé (ce qu’il nie). Son ex-femme qui vit  à Colmar a du s’asseoir au rappel des faits. Elle a décrit pendant son audition son ex-mari comme « égoïste et tyrannique ». Elle est moins catégorique à la barre. Les frères et la sœur de Sylvain Schrutt, ont des liens distendus avec lui. L’un d’eux ne l’avait pas revu depuis 2003. Karine Malara, l’avocate générale ne s’en est pas laissée conter : « A vous entendre, on a l’impression d’une platitude, que tout est beau dans cette famille. Tout de même, il y a des faits, une certaine violence relationnelle.» Un des grands défis du procès ? Savoir si M. Schrutt met en pratique les valeurs qu’il prône. Présidente, assesseurs, parquet, partie civile et défense multiplient les questions pour démêler le vrai du faux.

 

Florence Genestier