Cinéma

CINEMA A CHALON - En ce moment à l’Axel : Saint Laurent, de Bertrand Bonello

CINEMA A CHALON - En ce moment à l’Axel : Saint Laurent, de Bertrand Bonello

Présenté à Cannes au printemps dernier, ceci quelques mois après la sortie du Yves Saint Laurent de Jalil Lespert, plutôt bien accueilli par la presse à l’exception d’Info-Chalon [1], le biopic de Bertrand Bonello sur le couturier français, intitulé « Saint Laurent » [2], est actuellement projeté à l’Axel. Le sentiment d’Info-Chalon.

De son propre aveu, Bertrand Bonello, le réalisateur de Saint Laurent, n’a jamais été attiré par les « biopics », ces œuvres cinématographiques de fiction centrées sur la description biographique d’un personnage principal ayant réellement existé. En effet, pour ce dernier, « la plupart sont construits sur le même mode. Ils veulent expliquer la trajectoire de personnalités hors du commun, cherchent dans l’enfance des éclaircissements psychologiques, font tomber le mystère pour nous faire entrer en empathie avec des personnages qui, au fond, seraient comme nous » [3]. 

 

Pas du tout attiré par les biopics, pour lesquels il n’a pas de mots assez durs, Bertrand Bonell en a donc…réalisé un. Sur Yves Saint Laurent. Mais attention : pas pour « raconter comment on devient Saint Laurent, mais trouver la matière romanesque dans l’homme, et ce qu’il évoque » [3]. 

 

Une entreprise couronnée de succès ? Pour être franc, même si le film a de nombreuses qualités formelles – une photographie sublime, une façon élégante de filmer, des acteurs convaincants -, on ressort plutôt déçu de la projection de Saint Laurent. Peut-être parce que, comme le dit très bien Cyril Béghin dans Les Cahiers du cinéma [4], « passé son beau premier quart d’heure, le film est écartelé entre le retrait et le remplissage ». Tout comme les spectateurs, entre bâillements et regards jetés à leurs montres, sont écartelés entre l’envie de se barrer et celle de se laisser gagner par le sommeil…

 

Quant à l’objectif visé – « trouver la matière romanesque de l’homme » -, le moins que l’on puisse dire est qu’il est loin d’être atteint. En effet, la seule chose que Bertrand Bonello parvient véritablement à montrer, c’est la vacuité d’une sorte de monstre pétant dans la soie, qui, pour tenter de trouver une échappatoire à son vide abyssal, passe son temps à se défoncer…et se faire défoncer. Littéralement passionnant…

 

Ceci posé, faut-il absolument faire l’impasse sur ce film long de 210 minutes ? Malgré le courage dont vos deux serviteurs d’Info-Chalon ont du faire preuve pour rester jusqu’au bout, il n’est pas improbable que celui-ci trouve son public. En effet, à l’ère du vide, pas impossible que ce machin devienne un film culte. Restera plus qu’à se dire, en écho à Audiard, que « la connerie, à ce point là, (…) ça devient gênant ».

 

En tous les cas, pour savoir s’il valait ou pas la peine d’être vu, le mieux est encore d’aller le voir. Du côté d’Info-Chalon on aura fait notre boulot puisqu’on vous aura prévenus.

 

S.P.A.B.

 

[1] Voir l’article d’Info-Chalon :

 HYPERLINK "http://www.info-chalon.com/articles/cinema/2014/01/24/4432--yves-saint-laurent-le-sentiment-d-info-chalon-com.html" http://www.info-chalon.com/articles/cinema/2014/01/24/4432--yves-saint-laurent-le-sentiment-d-info-chalon-com.html 

 

[2] 2014. Durée : 2 h 30

Bande-annonce :

 HYPERLINK "http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19546959&cfilm=207652.html" http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19546959&cfilm=207652.html 

 

[3] Télérama, 24.09.2014, p 4

 

[4] Les Cahiers du cinéma, octobre 2014, p 40