Chalon sur Saône

Aurélien Nadaud est du genre scotchant de par la beauté du geste

Aurélien Nadaud est du genre scotchant de par la beauté du geste

Gaffeur, Aurélien Nadaud l’a été dans le cadre du Quartier de lune des Prés Saint-Jean. Mais pas au sens où on l’entend généralement. Son profil artistique fait qu’il utilise entre autres le gaff (du ruban adhésif qui se divise manuellement facilement en morceaux et qui présente l’avantage de ne laisser aucune souillure après son intervention) pour que l’espace public soit à la fois plus riant et questionnant.

Du street art à la sauce contemporaine

Aurélien Nadaud, c’est cet artiste qui, dans le off de Chalon dans la rue 2014, a dans le secteur de la cathédrale Saint-Vincent, marqué de son empreinte des murs, par définition silencieux, mais qui ont trouvé à qui parler. C’étaient ses premiers signes ostentatoires dans la ville. Les retombées ont été énormes selon ses dires. Les seconds ont donc pris fait et cause pour le Quartier de lune, avec son dessein « Là Nous » mis à exécution. Que ce soit en soliste avec le fruit de sa créativité, la mise au jour d’œuvres commandées, ou au profit de la communauté, Aurélien n’aime rien tant que d’extirper de son ghetto ce en quoi il croit. « Ce qui me plaît, c’est cet équilibre», se réjouit-il. Sensibilisation d’élèves du quartier, ainsi qu’ateliers participatifs incitant le grand public à y mettre du sien en apportant sa pierre à l’édifice par le biais de trois aménagements : « Labyrinthe de poèmes, « Mur Mur », et « Scrabble Géant ». A la confluence du street art et de l’art contemporain, son activité, de dix ans d’âge à peu près s’avère, à condition de jouer le jeu, sans conteste fédératrice. Le créateur s’est fait auparavant les dents pendant deux ans sur la rubalise, une matière oxo-dégradable. Avant de laisser la poésie s’enrubanner jusqu’à satiété.

 

Un moyen d’expression multiforme

Mis sur orbite en 2013, année correspondant à sa première année de professionnalisme, Aurélien, également comédien, lequel a jonglé, fait le clown, etc. a déjà sillonné bon nombre de villes tant en France qu’hors de ses frontières, et dernièrement encore il a fait l’objet de contacts qui se transformeront en applications (« on me propose des choses très différentes »)  là où on est prêt à l’accueillir. Dans la cité de Niépce, le trentenaire a évoqué la myriade de potentialités liées à sa pratique. « Ce projet-là est plein de possibles ici. Je collecte le ressenti des gens. » Pas si anodin que cela le fait d’apposer sur des surfaces verticales du gaff de différentes couleurs parqué selon les codes d’une certaine systématisation. Et d’y inscrire ce que l’inspiration du moment chuchote à votre for intérieur. Exutoire libérateur, échappatoire, peu importe le flacon pourvu qu’il y ait l’ivresse des sens. Rien n’est donc réalisé à l’aveuglette, appréciation personnelle et liberté d’expression allant de pair, sans forcément parler de bien-pensance ou de bienséance, mais sans tomber dans les propos orduriers ou outranciers. « Il faut que les gens s’approprient leur vie, qu’ils y aillent gaiement. Il ne faut pas se juger, les enfants se jugent déjà moins, on peut échanger ensemble. C’est un travail in situ. Ce que j’apprécie, c’est que ce travail est très riche, et qu’il peut aller bien au-delà de ce que les gens pensent. Ce n’est jamais la même esthétisme.» Malléables, ses façons de procéder sont de l’ordre de l’interaction et du jeu. Sa tâche est immense. « Je cherche au maximum à sortir des préjugés ». Et il est vrai que les résultats sont étonnants et riches d‘enseignements.

 

Renseignements

www.aurelien-nadaud.com

                                                                                            Michel Poiriault