Saône et Loire
Assises de Saône-et-Loire - Assassinat de Ghislaine Leclerc : le verdict tombe aujourd’hui
Publié le 24 Octobre 2014 à 08h43
Après cinq journées d’audience, le procès de Sylvain Schrutt, accusé d’avoir assassiné sa belle-mère se clôt ce soir vendredi aux Assises. Réquisitoire et plaidoirie de la défense sont prévus ce matin. Le verdict est attendu ce soir. Info-chalon.com revient sur ces premières journées d'audience.
« Ghislaine, voyez, c’était une soixante-huitarde, mais qu’était pas redescendue des barricades. Elle était très spontanée, très généreuse, elle adorait ses trois filles mais elle était aussi dure en affaires. Elle pouvait être d’une extrême gentillesse mais aussi parfaitement vacharde. » Michel, un ami de la victime qui l’a côtoyée quarante ans, lui a rendu ce mercredi un hommage lucide et naturel à la barre du TGI de Mâcon, transformé pour cause de travaux chalonnais, le temps d’une session, en Cour d’Assises.
Ghislaine Leclerc, une quinquagénaire mariée et divorcée trois fois, vivait à Volesvres, tout près de Paray-le-Monial dans une maison récemment achetée. Elle a longtemps vécu en Alsace. Elle était auto entrepreneuse et s’occupait d’une maison d’édition de cartes postales. Sa fille, Céline, compagne de Sylvain Schrutt, lui donnait régulièrement un coup de main. Le dimanche 29 août 2010, son cadavre a été retrouvé gisant dans une mare de sang dans sa chambre, par Emeline, la plus jeune de ses filles, son deuxième ex-mari, Jean-Paul et Céline, son aînée qui s’inquiétaient tous d’être sans nouvelles d’elle depuis trois jours, alors qu’ils devaient se voir à Bourg-en-Bresse le samedi.
Ghislaine Leclerc portait un pyjama, avait ses lunettes sur le nez, la lampe de chevet était allumée. Elle a reçu quatre balles tirées à « courte et très courte distance » (comprenez quelques centimètres) par un Beretta 1934, une arme jamais retrouvée et peu courante. « Une arme qui n’est pas rare, mais en tout cas plus sur le marché », précise, jeudi, l’expert en balistique venu de la région lyonnaise. Prévenus dans la minute après les tirs, les secours n’auraient pu la sauver. Les étuis des balles ont été retrouvés sur place. Aucune empreinte digitale exploitable n’a pu être relevée. Les fenêtres du premier étage étaient ouvertes, la petite fenêtre du garage, sous la terrasse également. La porte de la maison était fermée à clef. Le contenu du sac de la victime était dispersé au sol, dans la salle. Plus tard, un trousseau de clés (une de la maison et les clés d’une des voitures de la victime) dans la haie de thuyas par les enquêteurs. Les enquêteurs estiment que Ghislaine a été tuée dans la nuit du jeudi 26 au vendredi 27 août. Cette accro du téléphone et d’internet (elle était inscrite sur des sites de rencontres et a rencontré plusieurs hommes dans la région, à Paray et alentour) n’a plus donné signe de vie ou téléphoné à ses proches à partir du jeudi soir.
Une première piste exploitée à fond
Longtemps, la gendarmerie de Charolles et la section de recherches dijonnaise a suivi, vérifié, exploité sous toutes les coutures la piste du troisième et dernier mari de la victime, Ezzedine, qui avait 25 ans de moins qu’elle. Ghislaine l’avait rencontré lors de vacances à Djerba en Tunisie, l’avait épousé six mois plus tard. Il était venu vivre en France. Ils avaient vécu ensemble en Alsace, acheté la maison de Volesvres au nom de Ghislaine Leclerc et fait construire une maison en Tunisie. Le couple, dont la séparation et le divorce franco-tunisien était conflictuel, n’a pas tenu longtemps. Une procédure de divorce était entamée en France, Ezzedine avait signé une reconnaissance de dette et remboursait chaque mois une somme pour la maison tunisienne. « Les investigations sur vous et votre famille représentent les 3/4 du dossier (de 5000 pages) », a remarqué Catherine Lathelier-Lombard, présidente de la cour d’assises, pendant l’audition d’Ezzedine, mercredi après-midi. Les gendarmes ont même enquêté en Italie, sur un des frères du jeune homme : rien. Serveur dans un restaurant de Lyon, il n’a pas bougé la nuit du crime. A l’époque, il était hébergé chez sa sœur et son beau-frère, c’était Ramadan. Il a mangé avec eux en rentrant vers 23 h, a éteint son ordinateur à 2 h du matin et à 6 h 30, sa belle-sœur a constaté qu’il dormait encore. Il n‘avait pas revu la victime depuis quatre mois quad il a appris son décès. La piste Ezzedine s’éteint définitivement fin 2011, après des mois d’investigation.
Avertie par le juge d’instruction, la famille, qui tout de suite du fait du divorce agité avait pensé à cette piste-là, est alors invitée à réfléchir aux « changements de comportement » de quelqu’un de proche. Estelle, la deuxième fille de Ghislaine, qui vit dans le sud de la France, est intriguée depuis quelques mois par le comportement de son beau-frère, Sylvain, le mari de sa sœur Céline. « Vous êtes donc celle par qui le scandale arrive… », dit la présidente de la Cour à Estelle, invitée à déposer le mardi à la barre.
Les gendarmes, qui déjà, avaient entamé des vérifications en ce sens, découvrent que le téléphone portable de Sylvain a, la nuit du meurtre, actionné un relai en Côte-d’Or. Il était censé se trouver en Alsace. Placé en garde-à-vue en février 2012, il reconnaît s’être rendu à Volesvres le 25 aout au soir, avoir découvert le corps sans vie de sa belle-mère. Il raconte à la cour et aux gendarmes avoir senti « une odeur de poudre » et s’être enfui aussitôt, de peur de tomber nez à nez avec l’assassin qui « devait encore être dans la maison ». Il a toutefois pris le temps de fumer une cigarette sur le parking du lotissement, dit-il, avant « choqué » de rentrer aussitôt en Alsace. C’est sur l’autoroute, vers une heure du matin, que son téléphone portable, « dont la batterie était à plat » accroche le relais de Côte-d’Or. Ensuite, Sylvain Schrutt se tait. Pendant dix-huit mois. D’août 2010 à février 2012. Il a menti aux gendarmes lors de sa première audition en 2010. Il donne, aussi, pendant sa garde-à-vue, deux versions de la découverte du corps de Ghislaine aux gendarmes.
Une relation « incestueuse »
Pendant la garde à vue de Sylvain Schrutt, les gendarmes auditionnent aussi Emeline, la cadette des filles de Ghislaine, qui reconnaît avoir entretenu, alors qu’elle avait 16 ans et était hébergée par sa sœur Céline et Sylvain en Alsace, une relation sexuelle qui a duré toute l’année scolaire 2009-2010. « Une relation quasi-incestueuse » dit l’avocate générale Karine Malara, qui voit dans cette relation d’un homme de 46 ans ave « sa petite belle-sœur » un mobile solide pour l’accusé d’avoir tué sa belle-mère. Une belle-mère au franc-parler incontesté, qui miseau courant et d’après les témoignages de ses proches, n’aurait pas manqué de réagir vertement à cette situation glauque, dès qu’elle l’aurait apprise. Sans doute en exigeant de sa fille Céline, qu’elle pensait déjà malheureuse en couple et « maltraitée psychologiquement » par Sylvain une séparation brutale. Selon plusieurs témoignages, elle avait peu d’estime pour son gendre, qu’elle avait qualifié dans des conversations, notamment avec sa sœur, de « sale type ».
Est-ce que Ghislaine Leclerc savait pour la relation entre Sylvain et sa fille Emeline ? C’est une des questions centrales et sans réponse de ce procès. Sylvain Schrutt, lui, parle de bonne relation et a toujours dit que Ghislaine était « la personne de la famille de Céline qu’il estimait le plus ». Chaque jour du procès, dans le box, il a clamé son innocence. Et sollicité par la présidente, a donné son avis. Il estime qu’Ezzedine, le jeune et dernier ex-mari de Ghislain Leclerc, a très bien pu « avec toutes les relations qu’il avait, commanditer un tueur à gages ». Hypothèse battue en brèche par le parquet.
Emeline, qui estime à 21 ans aujourd’hui, avoir été « abusée et manipulée » par Sylvain Schrutt et croit désormais en la possibilité de sa culpabilité devait en septembre 2010, entrer en seconde dans un lycée de Paray-le-Monial et habiter chez sa mère. Elle avait choisi, « pour se sortir de cette histoire » d‘emménager à Volesvres.
Une arme disparue ?
L’accusé, qui s’est dit non-violent, dit détester les armes, a professé des valeurs de tolérance à ses enfants et a nié posséder une arme. Deux témoignages d’anciens amis alsaciens, le mardi, pointent toutefois la vantardise, lors de soirées arrosées, de Sylvain Schrutt à raconter « qu’il avait une arme et savait s’en servir. Sa première épouse a aussi raconté l’avoir vu tenir un pistolet lors d’un chantage au suicide (que Sylvain Schrutt nie) pendant leur divorce.
Les avocats de la partie civile, qui sont intervenus jeudi après-midi pour les trois filles de Ghislaine et leur papa, ont présenté, selon leurs clients des positions différentes. Me Laborderie défend Céline, fille aînée, ex-compagne et mère d’une des filles de l’accusé. Céline, qui lors de son audition devant la Cour a d’abord pris la parole pour défendre la pédagogie des écoles Steiner, critiquée par l’avocate générale la veille. Comme si, le père de sa fille étant incarcéré et accusé de l’assassinat de sa mère, ayant perdu un pilier de sa vie, elle se raccrochait aux principes de son éducation. Céline ne croit pas à la culpabilité possible de son ex compagnon. « Céline a une attitude qui peut paraître ambigüe mais qui ne l’est pas. Elle ne veut pas que Sylvain Schrutt soit coupable et pourtant elle est partie civile. L’accusé est le père de sa fille. Elle s’est sentie trahie par sa sœur Emeline. Elle ne sait pas où elle va, elleest en proie à un questionnement qui la broie » a conclu dans une plaidoirie courte, Me Laborderie.
Florence Genestier



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