Chalon sur Saône

A boulet, boulet et demi : autant en rire qu’en pleurer, d’où la tournée générale d’hilarité

A boulet, boulet et demi : autant en rire qu’en pleurer, d’où la tournée générale d’hilarité

Avec « Ma sœur est un boulet », le café-théâtre a repris droits et couleurs vendredi soir dans un Théâtre Piccolo d’emblée à saturation. Une véritable aubaine il est vrai pour qui aspire à reprendre son souffle et à rire de bon cœur. Ce fut le cas, avec moult formules à l’emporte-pièce, des comédiens persuasifs, un rythme d’enfer aux à-coups percutants, et un scénario hyperréaliste. Jusqu’à preuve du contraire, profiteurs et profiteuses ne figurent pas sur la liste rouge des espèces en voie de disparition…

La sangsue inenlevable

Sur fond de tragédie au départ –le licenciement de Romane du Club Med pour avoir décoché une flèche dans les parties intimes du responsable- la pièce vire très, très vite à la comédie dont l’apparente légèreté cache malgré tout un opportunisme malfaisant. La roue de secours aura pour prénom Marie, sa sœur, bonne poire pour accepter ses travers et ses manigances. Hébergée au début pour un court laps de temps, et puis, après y avoir pris goût…L’opposition des genres ne fait pas dans la dentelle, l’une, travailleuse et intègre, n’ayant pas les mêmes options que l’autre, débridée et j’menfoutiste à l’envi. A propos de sa conduite cavalière au Club Med, Marie, un poil sibylline, balance à sa sœur : « Tu sais que ça porte un nom de coucher avec les clients ? » « Oui,  de la démerde », lui rétorque Romane, soucieuse de se dégotter par la suite « un mec riche, beau, intelligent et qui a un appart ». Son appréciation du sexe dit fort est sans équivoque : »Pour moi les hommes c’est comme les cochons, tout ce que je leur bouffe c’est le tire-bouchon. » Compassionnelle, celle qui est arrivée comme un cheveu dans la soupe, l’est : « Tu finis tous les soirs à 8h, mais ça te fait louper l’apéro ! »

Un maître-chanteur voué à la descente aux enfers

Le drame pour Marie, éperdument amoureuse, c’est qu’elle vit depuis trois ans une idylle sans qu’elle ne le sache à sens unique, laquelle finira tristement  en eau de boudin. Là où le bât blesse, c’est que son Julien présente toutes les caractéristiques de l’alter ego de sa potentielle belle-sœur. Petit malin au poil dans la main, immobiliste, mais flambeur à ses heures, avec l’argent bien sûr de sa prétendue dulcinée, le gaillard coule des jours on ne peut plus heureux. «Je joue d’un physique atypiquement beau. Moi j’ai passé la journée en terrasse, je suis crevé ! » De péripétie piquante en sac de noeuds, le bellâtre se fait prendre la main dans le sac par Romane. Elle surprend une conversation téléphonique au cours de laquelle il dévoile sa vraie situation : il s’appelle Antoine, est marié à une femme (« Tu sais très bien que quand je la touche c’est à toi que je pense ») qu’il fait passer pour sa sœur à Marie, a connu antérieurement les affres d’un congédiement dans le B.T.P. La vérité toute crue ne vaudra par sa spontanéité, elle transitera par le chantage. Avant que le clash n’éclate, de la bouche même de Romane. Cruelle révélation. « T’es juste une pompe à fric pour lui », de renchérir la soeurette. Penaud, le faux-cul finira par prendre la tangente sans demander son reste.

Vive les mœurs libérées de leurs entraves !

Manipulatrice émérite, Romane éprouve une pseudo-solitude, feignant d’en souffrir. « Sans mon chef de village je me sens comme un footballeur sans sa pouf, un curé sans son enfant de chœur, un obèse sans son hamburger… ». Tant et si bien que, n’y tenant plus, elle prend la poudre d’escampette à son tour, laissant derrière elle une Marie éplorée en proie à ses tourments. Mais le départ fictif va rapidement se muer en retrouvailles. Des sœurs aux abois ? Non, non et non. Pourquoi baisser pavillon devant les insuccès de la vie ? « Un tiens vaut mieux que tu l’auras », ou surtout : « Un de perdu, dix de retrouvés ! ». Que la fête commence !

Plus de trois mois d’attente avant que le coup de sifflet ne retentisse

« Les Régalades du Piccolo », frappées du sceau d’A Chalon Spectacles, vont hiverner jusqu’au vendredi 30 janvier 2015 à 20h, date du deuxième des six volets de la saison en cours pour le café-théâtre. Il s’agira de « Carton rouge », l’ultime match d’un arbitre avec un sort dépendant de la glorieuse incertitude du sport… Renseignements : [email protected], 03.85.46.65.89 ; infos et réservations notamment auprès de l’Office de tourisme du Grand Chalon au 03.85.48.37.97

                                                                                       Michel Poiriault