Opinion

Rémi, 21 ans, tué par « l’Etat de droit »

Aujourd’hui, nous sommes tous en deuil, d’un jeune botaniste pacifique, Rémi Fraisse, 21 ans, défenseur d’un avenir respectueux des autres et de la planète, tué par « l’Etat de droit » sur le chantier d’un barrage contreversé au Testet.
L’Etat du droit  d’agir pour le bien de la société tout entière ? Ou du droit  d’être l’oreille attentive et compréhensive des cabinets de lobbyings  et de communication des sociétés privées (bétonneurs, goudronneurs, financiers…) en France, comme en Europe ?


Du droit d’emporter les votes des collectivités  avec des arguments tronqués sinon mensongers, dont pourtant aucun élu ne saurait être dupe, sur l’utilité, l’opportunité, le financement, la rentabilité et les alternatives possibles à ces grands projets pour le moins inutiles sinon destructeurs ? (la ferme des 1000 vaches, l’EPR de Flamanville, le projet pharaonique du Grand Paris, l’enfouissement des déchets radio-actifs à Bure, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la LGV en pays basque, la LGV Lyon-Turin, le stade des Lumières de Lyon, le gaz de shiste dans le Lubéron…)

Du droit  de piétiner les lois et la démocratie, en commençant les travaux de dévastation des zones à protéger au Testet, avant que les enquêtes publiques ne viennent confirmer les analyses des opposants au projet ?
Ou, variante partout en France, du droit d’ignorer sans états d’âme les résultats négatifs des enquêtes publiques et de signer néanmoins, dans l’urgence, les autorisations préfectorales de travaux ?

Du droit de ponctionner des fonds publics de plus en plus rares  pour financer des activités privées, sans aucun retour ni contrepartie à la société ?
Du droit d’utiliser la force et les finances publiques pour défendre ces chantiers s’exonérant de la légalité ?
Du droit d’oser affirmer, ensuite, que des fonds publics ayant déjà été dépensés, il devient impossible d’arrêter la machine à produire ces grands projets inutiles et imposés ?

Du droit de menacer la vie des opposants, et d’embarquer le corps d’un jeune manifestant, mort « mystérieusement », mais tué vraisemblablement par une grenade assourdissante des forces de l’ordre ?
Du droit de ne communiquer aux rédactions de journaux, que ces pauvres éléments de langage d’agences de communication, injure à la détresse de la famille, des amis, et des citoyens ?

Aujourd’hui, nous sommes tous en deuil  et demandons, que l’Etat  parle en vérité de Rémi Fraisse, 21 ans, botaniste pacifique, défenseur d’un avenir respectueux des autres et de la planète, tué par  l’Etat de droit.
Nous demandons que toute la lumière soit faite jusqu’au plus haut-niveau de l’Etat, sur tous les moyens employés pour  défendre coûte que coûte tous ces grands projets inutiles et imposés. Nous interpellons toutes les autorités compétentes, le préfet et le président du conseil général du Tarn, la ministre de l’écologie et le ministre de l’intérieur, afin de prendre leurs responsabilités en actant l’abandon de ce projet.

Nicole Eschmann, Vice-Présidente EELV du Conseil régional de Bourgogne