Champforgeuil

Entraîneur national de lutte, Christophe Guénot est concentré corps et âme sur les championnats du Monde

Entraîneur national de lutte, Christophe Guénot est concentré corps et âme sur les championnats du Monde

Il a appris son b.a.- ba, enregistré ses premières prises en lutte à l’âge de 6 ans à Chalon. Il en a présentement 35. Entre les deux un bien joli parcours, et si Christophe Guénot a sa carrière sportive derrière lui, il occupe le plus clair de son temps maintenant auprès des émules de gros calibre, cherchant à les rendre les plus performants possibles. Même en mode détente il retourne volontiers à ses premières amours, rend visite, et distille ses précieux conseils aux lutteurs de Champforgeuil, dans la salle Steeve et Christophe Guénot. A noter qu’ils sont dirigeants au sein de la section lutte locale.

Entraîneur national des seniors

La saga des frères Guénot perdure en fonction de leurs évolutions respectives, eux qui ont offert à la France maintes médailles ces dernières années, et font preuve d’une modestie et d’une humilité, étoffe des grands, malgré le très haut niveau côtoyé. L’aîné de Steeve, dont les débuts ont été encadrés par l’Athletic-Club Chalonnais, puis affermis au sein de la section lutte de l’Association Sportive et Loisirs de Champforgeuil, a mis ensuite le cap sur Bagnolet, pour finir au Cercle de lutte de Paris. Il s’est retiré du circuit des compétiteurs à l’issue des Jeux Olympiques de Londres. Sa reconversion si l’on puit dire s’est faite en douceur, toujours passionnellement. Depuis l’homme a été entraîneur national au Pôle France de Dijon, entraîneur de l’équipe de France junior, et à partir de 2013 on lui a confié les rênes, à l’I.N.S.E.P. de Paris, de l’entraînement des seniors. Le gratin, le haut du panier. Dans la capitale il veille comme à la prunelle de ses yeux sur ses protégés, un quarteron de quinze à vingt lutteurs. Le responsable mitonne la première étape conduisant aux Jeux Olympiques de Rio de Janeiro prévus en 2016, laquelle aura pour cadre Las Vegas. Il s’agira en l’occurrence des championnats du monde. « En plus de Paris nous avons beaucoup de stages à l’étranger. Les entraînements se déroulent au rythme de deux entraînements par jour», expose-t-il. Même s’il n’a plus d’objectifs liés à des résultats personnels, le maître à bord continue de s’entretenir, et lutte de temps à autre avec les jeunes.

 

Son palmarès en gréco-romaine

-médaille de bronze aux J.O. de Pékin en 2008 en – de 74 kilos

-médaille de bronze aux championnats du monde de 2007 en – de 74 kilos

-médaillé de bronze en 2008 et 2011 aux championnats d’Europe en – de 74 kilos

-médaille d’or aux Jeux Méditerranéens de 2001 en – de 69 kilos, puis de bronze en 2005 et d’argent en 2009 en – de 74 kilos

-médaille de bronze en 2005, et d’or en 2007 aux championnats de France, en – de 74 kilos

 

Un vrai lutteur se doit d’être complet    

Christophe est amené à diriger par la force des choses son cadet. Est-ce plus délicat de ne pas faire valoir en la circonstance la fibre de la fratrie, n’éprouve-t-il pas l’appréhension de surjouer, ou de sous-jouer pour mettre tout le monde sur un pied d’égalité ? « Il est facile à entraîner. On donne le programme, il exécute. Steeve n’a rien d’un feignant, il est besogneux, les autres suivent. » Quels sont potentiellement les adversaires les plus coriaces à l’échelle mondiale ? « Ce sont les russes, d’ailleurs tout le bloc de l’Est tourne bien actuellement, et les Iraniens. » S’il regrette que la lutte soit enfermée dans sa confidentialité, le mentor de l’élite définit les qualités requises pour être un lutteur digne de ce nom. « Notre discipline réclame de la force, de l’explosivité, une bonne condition physique pour enchaîner les combats. Après, le mental entre en jeu : combativité, agressivité. Il faut être un guerrier, un gagneur. Mais dans la vie, nous sommes gentils ! » En France les pratiquants ne sont pas légion : « Il y a 20.000 licenciés, et vingt-et-un clubs en Bourgogne », fait-il remarquer.

Un paradoxe : plus de lutteurs que de judokas au Monde !

Créée en 1990, la section lutte de l’association champforgeuillaise présidée par Alain Jorland recensait la saison dernière (lutte pure, et celles et ceux qui s’adonnent au travail du cardio), ne peut que se louer de voir revenir dans son giron ponctuellement les plus illustres adhérents qu’elle ait jamais eu. Très prosélyte, l’entraîneur résume la philosophie régnante à cette formulation lapidaire : « La lutte avant tout. Ce qui compte, ici, c’est le respect.» Son argumentaire pèse lourd dans la balance. « Un comité de scientifiques anglais a trouvé que c’était le sport le plus dur. Tant du point de vue de l’entraînement que de l’intensité de la préparation aux combats, des combats eux-mêmes, de la difficulté de faire le poids adéquat, de l’hygiène de vie, de la grande préparation physique et mentale lors des grands championnats ». Et de poursuivre sur une tonalité similaire : « 170 pays environ sont affiliés à la Fédération Internationale des Luttes Associées, la F.I.L.A. Il y a cinq fois plus de lutteurs que de judokas au Monde. » Si les luttes libre et gréco-romaine (celle-ci ayant été inventée par les Français) sont universellement agréées, chaque pays a pratiquement une lutte traditionnelle. » Tout bien considéré effectivement un sacré patrimoine multidimensionnel ainsi que multifactoriel que d’aucuns sont loin de soupçonner. A méditer…

                                                                                                  Michel Poiriault