Chalon sur Saône

Pour Norman la vie est un fantastique prétexte à la cocasserie

Pour Norman la vie est un fantastique prétexte à la cocasserie

Le juvénile humoriste Norman a joué sur du velours jeudi soir en une salle Marcel-Sembat de Chalon-sur-Saône emplie à ras bord, avec une moyenne d’âge basse à faire pâlir d’envie une maison de retraite. Vacances scolaires aidant, toutes les conditions étaient réunies pour que l’armée de ses frères YouTubeurs, « victimes expiatoires » d’une grand-messe censée leur délivrer ce petit grain de folie dévoré tout cru sur le net auparavant, s’en pourlèche les babines à longueur de temps.

Retourner la banalité initiale en lui faisant suivre des chemins de traverse

Il a bel et bien gagné le crédit dont il jouit et récolte maintenant les dividendes sur la Toile, grâce à laquelle ses sketchs ont trouvé une incroyable audience. Mais cette fois (il s’agissait en l’occurrence de son tout premier one-man-show, débuté en septembre dernier), foin de retranchement dans l’anonymat d’une pièce à enregistrer ses vidéos à sa guise. La réalité du direct devant un auditoire certes soumis d’avance à ses saillies verbales, mais néanmoins désireux d’éprouver les sensations vécues, d’où la pression de la non-déception. Une espèce de prêté pour un rendu, avec un contrat moral respecté à la lettre si l’on en juge par le taux d’accroche. Avec l’aisance apparente d’un briscard, Norman a médusé son monde de bout en bout, mettant occasionnellement son honneur de côté, à cause d’une autodérision qui n’est pas une vue de l’esprit. Notamment sur ses origines. « Un Ch’ti ne meurt jamais, il se suicide ! Je suis bilingue ch’ti. » Ou alors : « Dans le 9-3 je ne me suis jamais battu, mais débattu ! » Le jeune déclencheur de rires a tiré le meilleur parti des choses de la vie, au point d’en faire tout un fromage. « A Montreuil il y a des bobos et des bledards. La moitié de la ville est sans porc, l’autre sans gluten. » Le gaillard balaie un large horizon, où personne ni rien n’échappe à ses coups de griffe plus ou moins gentillets. Pas même son entourage familial. L’ivresse de l’égratignure bon marché. « Si c’étaient pas nos parents, est-ce qu’on traînerait avec ? Elle est pas raciste, ma tata, du moins pas avant trois verres.» Ce qui, pour le commun des mortels, ne mériterait pas que l’on s’attarde outre mesure sur tel ou tel aspect, lui en revanche grossit le trait, jusqu’à dénicher le bon angle d’attaque. « Ce métier où on n’est pas rémunéré et où on vous prend pour une merde, ça s’appelle un stage ! » Ca, c’est envoyé ! Parfois, cela semble hors de propos, mais le caractère décalé fait tilter. « Ca m’est arrivé d’attraper un coup de soleil après un feu d’artifice ! » A la seule lumière de ces assertions, il est loisible de se rendre compte de ce qu’a été la soirée. Anticonformiste et drolatique.

 

Noman Hosni, bien mieux qu’un chauffeur de salle

Lui aussi de la même veine que Norman, Noman (oui, vous avez bien lu, la similitude est frappante) Hosni,a assuré une première partie durant laquelle l’auditoire s’est bien fendu la pêche. Sa tirade n’a de toute évidence pas atteint des sommets de bienséance (ses couplet sur le pet ou le vomissement sur un manège en étant les parfaites illustrations), ni ne s’est acoquinée avec le politiquement correct. Elle a toutefois laissé entrevoir de réelles capacités d’amuseur. A revoir avec plaisir en plus gros volume.

                                                                                            Michel Poiriault