Jean-Charles Bezin se livre à info-chalon.com

Infochalon.com a rencontré le Responsable de la Maison des Vins à Chalon-sur-Saône. Ce lieu emblématique, crée en 1982 par Roger Lagrange, alors Maire de Chalon-sur-Saône, œuvre pour la promotion des appellations de la Côte Chalonnaise. C’est dans l’ambiance décontractée et conviviale du magasin que nous avons été reçu et que nous avons interrogé Jean-Charles BEZIN.

Comment est née cette passion pour le vin ?

Le vin fait partie intégrante de notre patrimoine. C’est un élément de notre histoire, surtout ici, en Bourgogne et puis il est synonyme de convivialité, il rapproche les personnes. De plus, c’est un produit vivant, d’une part, comme je l’ai évoqué, par la dimension inter-relationnelle qu’il induit mais aussi, d’autre part, parce qu’il évolue avec le temps. Il n’est pas figé, il est source, sans cesse, de surprise, bonne ou mauvaise, d’ailleurs, tout dépend comment il vieillit et s’il a été vinifié pour la garde ou non. Comment ne pas être passionné ?

Comment définiriez-vous les vins de la Côte Chalonnaise ?

Ce sont des vins d’un très bon rapport qualité/prix, des vins faciles qui plaisent énormément. D’ailleurs, nous avons de plus en plus de clients qui viennent de Dijon et de Beaune s’approvisionner ici. C’est la même chose pour les touristes, certes ils visitent Beaune mais lorsqu’il s’agit d’acheter du vin, ils n’hésitent plus à venir jusqu’ici. C’est une vraie chance pour la Côte Chalonnaise.

Quelles sont les évolutions constatées ?

Depuis les années 2000, les modes de consommation ont considérablement changés. Les clients achètent au fur et à mesure. Ils ne veulent plus forcément des vins de garde car il est difficile, entre autres, de les stocker. Et puis, il y a eu aussi un changement sociétal qui s’est traduit par une prise de conscience des abus en matière de consommation d’alcool. Dans la conscience collective, l’alcoolisme est directement associé à la consommation de vin, en a découlé un repli sur soi et la consommation s’est développée dans des cercles plus fermés, chez soi, en famille ou entre amis plus forcément au comptoir comme auparavant. Le Vin a souffert de cette image dévalorisante, on revient, aujourd’hui, à une vision plus normée : on consomme moins mais mieux. Mieux vaut : « Un peu de tout, rien en excès ».

La Côte Chalonnaise peut-elle tirer son épingle du jeu par rapport à la Côte Beaune, toute proche ?

A n’en pas douter, oui ! La qualité des vins de la Côte Chalonnaise monte en puissance depuis 15 à 20 ans. Les viticulteurs veulent produire des vins plus naturels. Les rendements ont baissé au profit d’une plus grande qualité. Evidemment, le prix de la bouteille a augmenté mais mieux vaut se faire plaisir, de temps en temps, avec un bon vin produit dans les règles de l’art. Cette authentique tradition bourguignonne, c’est ce qui fait aussi notre fierté, elle valorise nos terroirs et nos savoir-faire.

Quelles sont selon vous les actions à mettre en place pour valoriser plus encore la Côte Chalonnaise ?

Cette valorisation est intrinsèque du tourisme qu’il faudrait attirer davantage en créant des lieux incontournables, des circuits touristiques plus visibles. La Côte Chalonnaise recèle de fabuleux trésors et les touristes y affluent de plus en plus. L’Office du Tourisme fait un travail formidable d’information et de conseil en direction des visiteurs. Ce que je souhaite, c’est que Chalon-sur-Saône ne soit plus l’étape d’un jour et que les touristes y séjournent plusieurs nuitées, cela serait bénéfique à tous : aux hôteliers, aux restaurateurs et aux commerces de proximité. Mais d’ores et déjà, la Maison des Vins peut s’enorgueillir de recevoir la visite de 90% des touristes qui viennent dans la Capitale de la Côte Chalonnaise. Il y a encore un travail à faire du côté de  la clientèle des péniches de croisières qui, souvent, filent à Beaune et qui représente environ 40 000 personnes à capter!

Que pensez-vous des foires aux vins organisées par la grande distribution fin septembre/début octobre ?

C’est l’occasion de découvrir ou d’acheter autre chose, des vins du bordelais ou du Roussillon par exemple. L’impact de l’organisation de tels événements sur la fréquentation de la Maison des Vins est peu visible et ne nous fait pas concurrence. De la même manière, nous ne percevons pas les celliers comme des concurrents.

L’organisation de tels événements participent-ils à la valorisation de nos terroirs ?

Oui, s’ils participent à faire sortir le drapeau de la Côte Chalonnaise. Les Grandes et Moyennes Surfaces ont pris conscience que ce type d’événementiel demande à mettre en place une grosse logistique car les clients veulent un accueil et des conseils personnalisés, voire plus encore, rencontrer les producteurs pour échanger avec eux. Ce n’était pas, à priori, la pratique défendue par la Grande Distribution mais plutôt la philosophie de la Maison des Vins, des Celliers ou des Cavistes.

Quels rapports la Maison des Vins entretient-elle avec les viticulteurs de la Côte Chalonnaise ?

De très bons rapports. ¾ des viticulteurs sont ici représentés ainsi que toutes les appellations. La Maison des Vins a un rôle fédérateur, c’est, également, une antenne stratégique. Le Conseil d’Administration est composé de 23 personnes. Ils se réunissent 3 fois par an, en plus de l’Assemblée Générale. Le Bureau est très actif et se réunit environ 6 fois par an, sans compter toutes les manifestations organisées tout au long de l’année. La Maison des Vins est un lieu vivant.

Vous avez dévoilé lors de la Paulée votre nouvelle carte des vins, un commentaire sur cette sélection automne/hiver ?

Nous avons eu moins de présentation d’échantillons que d’habitude mais ceci s’explique par des volumes moindres atteint les années précédentes suite aux conditions climatiques qui ont impacté les rendements. Mais, la qualité est vraiment au rendez-vous et les clients ne s’y trompent pas. Lors de la Paulée, nous organisons un événement permettant à toute personne qui le souhaite de venir découvrir la nouvelle sélection, nous avons eu 20% de fréquentation en plus par rapport à l’année dernière. Je remercie, vivement, les producteurs qui ont participé à ce temps d’échanges avec les visiteurs.

Concernant votre carrière, si c’était à refaire ?

Je ne changerai absolument rien. Je ne regrette rien. C’est passionnant de travailler ici, on rencontre toute sorte de personne, on prend le temps d’échanger avec eux, de les conseiller. C’est également très enrichissant des partager un moment avec les touristes, on apprend beaucoup. Ici, les jours ne se ressemblent pas. Il y a dans ce lieu une dynamique positive car les personnes y viennent soit pour se faire plaisir soit pour faire plaisir.

Votre Présidente, Madame Agnès Vitteaut Alberti nous confiait dans une interview l’importance qu’elle accordait aux bonnes relations entre membres d’une équipe au sein de sa propre Maison qu’elle dirige à Rully, est ce que cela se ressent aussi à la Maison des Vins ?

Absolument, c’est même fondamental. Nous sommes une équipe de 5 salariés, très automnes et la Maison est ouverte 6 jours sur 7, une entente cordiale entre tous les salariés est nécessaire. Je dirai même que l’équipe est solidaire car en cas de maladie ou d’empêchement, il y a toujours un collègue qui relève l’absent et assure le service. Nous sommes attachés à travailler dans une bonne ambiance et à préserver une équipe soudée et motivée. Notre force, c’est l’accueil et le conseil.

Quel est le prochain rendez-vous organisé par la Maison des Vins ?

Une dégustation de Magnums, le 6 décembre de 10h à 18h.

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

Maison des vins – 2, promenade Sainte Marie – 71100 Chalon-sur-Saône – Tél. : 03 85 41 64 00