Givry

Terrien accompli, le Givrotin Bernard Bouillot n’aime pas mettre de l’eau dans son vin…

Terrien accompli, le Givrotin Bernard Bouillot n’aime pas mettre de l’eau dans son vin…

Ils ne sont pas incommodés du tout par la promiscuité, au lieu-dit de Givry Moulin Madame. D’un côté il y a le charme bucolique des gîtes et chambres d’hôtes, et, la route traversée, on rencontre le bon sens paysan cher à Bernard Bouillot, à qui du haut de ses 82 printemps (il est d’ailleurs né juste en face), on ne la lui fait pas. A proximité, le cours d’eau l’Orbize. Il revient sur l’afflux massif d’eau de ce début de semaine qui l’a touché de plein fouet.

« Partout où l’eau est passée, elle reviendra… »

« Rendez-vous compte, il y en a eu 130 mm au m2, soit 1.300.000 litres à l’hectare. Ailleurs ça a été pire, comme dans le Gard ou l’Hérault, avec 300 mm ! Il faut raisonner en termes de bassin versant qui vient des communes de Givry et Dracy-le-Fort. Avant, sitôt qu’il pleuvait, on mettait un sac sur le dos, et on allait s’occuper de la pluie. » Pour mieux cerner la problématique, Bernard fouille le temps, et son curseur s’arrête sur le XIXème siècle. « En 1875 la Compagnie P.L.M. (Paris-Lyon-Marseille) a établi cette voie ferrée (devenue depuis voie verte NDLR), et tous les ouvrages d’art ont permis l’évacuation des eaux. Ca n’a pas bougé, il y a eu des améliorations, mais ça ne suffit plus. On nous dit : c’est une chute d’eau exceptionnelle, demain il faudra prévoir. Après avoir pris des précautions en aménageant le bas de ma maison, j’avais affirmé que l’eau ne rentrerait jamais chez moi…Nous avons subi une trentaine de cm, on n’a pas fait appel aux pompiers.» L’écoulement du fluide a été tel qu’il a saturé la buse en particulier située dans le champ traversé par une excavation jouxtant son domicile, le trop-plein se répandant à sa guise là où la déclivité Lui indiquait la direction. Un désagrément pour lui qui en a pourtant vu d’autres. « J’ai connu des inondations, mais c’est toujours croissant. Ca, je ne l’avais jamais observé. Partout où l’eau est passée, elle reviendra…»

 

« Elémentaire, mon cher Watson ! »

L’homme ne désarme pas pour autant. Fort de ses acquis, il argumente, pointe quelquefois du doigt. « Il faut que ça soit peaufiné. Dans tous ces villages ruraux, la disparition des paysans dans les conseils municipaux n’est pas une bonne chose. Il ne faut pas oublier que tous ces anciens dont je fais partie ont une expérience renforcée par celle des parents. Quand on regarde les ouvrages, on s’aperçoit de ce qui était dimensionné. Il y a quand même un avantage au Moulin Madame, ce sont les buses de 50 ou 60. » Alors, quel(s) palliatif(s) ou remèdes de cheval ? « Le principe, c’est qu’il convient de toujours trouver un responsable. On se voile la face, c’est humain. Il faut retenir le plus possible l’eau pour ne pas aggraver le cas de ceux qui sont en aval. La réaction des gens c’est de dire que l’on n’entretient pas les fossés. En ville, on a tout voulu canaliser. Quand on fait une zone destinée à être urbanisée, on ne prévient pas pour mettre en garde les gens contre les dangers de l’inondation.»

Satanée menace des fourches caudines du réchauffement climatique

Bernard Bouillot ne perçoit pas l’avenir sous les meilleurs auspices. « On va subir le réchauffement climatique. Ce sont des suppositions, et non des certitudes «, allègue-t-il. Après, qui vivra verra…

                                                                                                          Michel Poiriault

 

Photo Gonzague Derly (au fond à gauche, l’habitation de M. Bouillot)