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Annie Stone et ses deux acolytes dans « Le clan des veuves », ou la vie après une autre vie

 Annie Stone et ses deux acolytes dans « Le clan des veuves », ou la vie après une autre vie

Quand on songe à Stone, instantanément les tubes légendaires avec son ex-complice Eric Charden viennent à l’esprit : « L’Avventura », « Made in Normandie », « Le prix des allumettes », « Il y a du soleil sur la France »…Mais brûler les planches, face cachée, n’est pas pris à la légère. C’est juste une autre façon de remettre en jeu sa sensibilité d’artiste. Confidences pour info-chalon.com.

Elle fait du théâtre depuis trente-quatre ans, est également apparue dans trois films. Une comédie musicale en 1975 (« Mayflower », signée Eric Charden et Guy Bontempelli), quelques pièces par la suite (« Le plus beau métier du Monde », « Les monologues du vagin », « Les Jeanne », « Le phénix »…)  et la dernière en date, « Le clan des veuves ». Avec Sophie Darel et Claudine Barjol, veuves endurcies, elle forme un trio tragi-comique dont la finalité est de plutôt en rire que d’en pleurer. Stone, entre passé, présent et futur.  

Quel sera le développement de la tournée ?

« Elle a commencé début novembre, et une vingtaine de dates sont prévues d’ici la fin décembre (Lyon le 16 novembre à la Bourse du travail, Béziers, etc.). Mais ce n’est pas impossible que ça continue. Ca peut évoluer, tant qu’on ne l’a pas expérimentée… »

Lequel des trois rôles interprétez-vous ?

« Je joue le rôle de Ginette Garcin, Rose, qui trouve son mari assommé par tout une série de quiproquos et de rebondissements. On garde toutes les scènes basiques. Le producteur a l’air content. »

Le veuvage est-il finalement une bonne chose ?

« En fait, à l’époque, il y a trente ans, où j’avais vu la pièce elles faisaient vieilles dames (65, 70 ans). C’était normal. On a quand même le même âge qu’elles. On sait très bien que dans les maisons de retraite il y a huit femmes pour deux hommes. Les hommes meurent vers 70 ans. On a constaté qu’il y a une vie après le veuvage. La génération d’avant les femmes ont tout sacrifié, et dès lors qu’elles ont été veuves, elles ont eu toutes l’envie de faire plein de choses. On dirait des gamines, et il y a le côté amitié féminine : on s’épaule, on se serre les coudes. Il se passe de vraies amitiés. »

Le théâtre est-il indispensable à votre équilibre artistique ?

« J’adore tout ce qui est spectacle. Je ne fais pas la différence entre théâtre, danse, chanson…mais je trouvais dommage de se cantonner uniquement à la chanson. Ca valait le coup de tenter ça. Il me manquerait quelque chose autrement. Il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin. »

Et la chanson, dans tout ça ?

« On verra par la suite. Depuis qu’Eric est parti, je fais beaucoup de spectacles où Mario, mon mari, m’accompagne à la guitare, avec des chansons très différentes. Il y a aussi la voix d’Eric sur une bande-son. Notre fille Daisy vient également chanter de temps en temps deux-trois chansons à elle. Ca vient comme ça, ça vient ou ça vient pas ! »

L’age d’or créé-t-il une frustration ?

« Nous ne sommes pas du tout nostalgiques du passé. La période la plus intense, c’était tellement au détriment de la vie familiale ! Ca a duré de 71 à 75. Après, ça s’est calmé heureusement, tout en continuant de faire des galas ensemble. Les trois dernières années avec Eric c’était une merveille. Il aurait aimé faire carrière en solo, c’était un truc récurrent. »   

Dans l’opinion publique, Stone c’est d’abord la chanson. Et puis il y a la comédienne pour ceux qui vous suivent. Comment aimeriez-vous qu’on vous qualifie ?

« Je n’ai pas besoin qu’on me qualifie. Je n’ai pas de problème, je suis une femme normale, il n’y a rien de spécial. J’ai la chance d’avoir exercé un métier dont j’ai toujours rêvé, je ne vais pas me plaindre, mais je reste lucide. Je plains tous les chanteurs qui se prennent pour le nombril du monde. On reste des chanteurs de variétés populaires.»

Qu’y a-t-il à l’horizon ?

« Je ne fais jamais de projet à long terme, tout peut basculer d’un jour à l’autre. Ceci étant, on écrit une pièce en famille, quelque chose de bien rigolo. On est tous dans le même métier avec les enfants, leur compagne et leur compagnon. Avec Mario et moi nous sommes six. On essaiera de la monter pour l’année prochaine, pas avant la rentrée scolaire 2015 à mon avis. Il faudra quand même quelque chose qui tienne debout. »

                                                                                                    Michel Poiriault